Cette fois-ci, Souleymane Kamaraté alias « Soul to Soul » n’est pas reparti libre des locaux de la Section de recherches de la Gendarmerie. Le chef du protocole de Guillaume Soro, a été mis sous mandat de dépôt pour complot contre l’Etat et détention illégale d’armes. Au plus fort des mutineries qui ont fait trembler toute la Côte d’Ivoire, c’est au domicile situé à Bouaké de ce proche du président de l’Assemblée nationale que six tonnes d’armes lourdes et de munitions ayant servi aux mutins ont été découvertes en mai.
« Soul to Soul » dort désormais depuis ce lundi à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Au terme de son second face-à-face avec les enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie, le procureur de la République a ordonné son inculpation et son placement sous mandat de dépôt. Sous quels chefs d’inculpation ?
“Complot contre l’autorité de l’Etat” avec six tonnes d’armes lourdes
Selon l’information judiciaire ouverte, le chef du protocole de Guillaume Soro devra se défendre des accusations de « complot contre l’autorité de l’Etat ». Dans la nuit du 14 au 15 mai 2017, alors qu’Abidjan et plusieurs villes du pays tremblaient sous la clameur des mutineries, un impressionnant arsenal est découvert à la villa secondaire de Souleymane Kamaraté, située à Bouaké , épicentre des mutineries et autrefois fief des rebelles dans les années 2000.
L’arsenal mis au jour est une véritable poudrière : « six tonnes de diverses armes de guerre et de munitions : lance-roquettes RPG7, mitrailleuses lourdes, fusils d’assaut AK47, kalachnikovs, bombes, mortiers… », selon la liste non exhaustive détaillée par Richard-Christophe Adou, le procureur lors d’une conférence de presse devant le Palais de Justice d’Abidjan.
« Les enquêtes ont également révélé que des personnes avaient été informées de l’existence de ces armes dans la villa de M. Koné et invitées à se servir (…) Leur mise à disposition visaient la déstabilisation de l’Etat », explique le procureur. Et pourtant, si l’arrestation de « Soul to Soul » lance la piste de la main des anciens rebelles- dont Guillaume Soro était le chef -, plusieurs questions persistent.
“Épuration” du clan Soro ou prémices d’une guerre des chefs ?
La provenance des armes d’abord. Dans l’entourage du président de l’Assemblée nationale, on prêche le clair obscur en indiquant que ces armes ont été acquises à la fin de la crise post-électorale de 2010, ce qui laisserait sous-entendre que le régime d’Alassane Ouattara était au courant de son existence.
Ensuite, la question de son introduction en Côte d’Ivoire et de ses bénéficiaires. Un rapport de l’Onu avait accusé l’ancienne rébellion de s’être constituée un stock de 300 tonnes d’armes disséminées un peu partout dans le pays. Aujourd’hui que des armes ayant servi aux mutins -essentiellement d’anciens rebelles incorporés à l’armée- ont été mises au jour chez un de ses proches, Guillaume Soro se retrouve indirectement au centre des accusations.
Dans le camp du président de l’Assemblée nationale, Sidiki Konaté, bras droit de Guillaume Soro, dénonce une « épuration en marche» du clan Soro en perspective de la succession ouverte d’Alassane Ouattara en 2020. « Les objectifs de cet imbroglio juridico- politique est d’empêcher toute velléité de candidature du pan Soro Guillaume afin de laisser se dessiner l’ombre d’un troisième mandat ou tout simplement l’ombre d’un homme choisit pour perpétuer le système», dénonce Sidiki Konaté dans des propos repris par la presse locale.
En tout cas, pour l’heure, l’affaire dite de la « cache d’armes de Bouaké » met dans l’embarras le camp du président de l’Assemblée nationale à qui on prête des ambitions présidentielles au point de vouloir agiter l’épouvantail de l’ancienne rébellion. Mais dans le boulevard qu’il semble s’être aménagé vers le Palais, l’ancien chef rebelle vient peut-être d’essuyer les premiers tirs ennemis du camp Ouattara. Et si l’affaire de la « cache d’armes » enclenchait la guerre des futurs ex-alliés ?
Avec latribuneafrique