L’un des pays africains les plus endettés pourrait être enfin sauvé par les richesses de son sous-sol. C’est l’espoir qu’apporte la nouvelle annonce de l’opérateur italien ENI d’investir 8 milliards de dollars dans l’exploitation et l’export de gaz naturel dans le pays. Détails.
Début d’une nouvelle ère pour le Mozambique ? La compagnie italienne d’hydrocarbures ENI a officiellement lancé son mégaprojet gazier dans le nord du pays. Un projet d’exploitation et d’export de gaz naturel d’une valeur de 8 milliards de dollars.
L’annonce de cette décision finale d’investissement marque le début de l’exploitation des immenses réserves de gaz découvertes dans le nord du Mozambique depuis 2010, estimées à 5.000 milliards de mètres cubes. Un volume suffisant pour complétement transformer ce pays pauvre d’Afrique australe en faisant de lui l’un des principaux exportateurs de gaz naturel liquéfié au monde, avec le Qatar et l’Australie, à l’horizon 2025. Une fois construit, l’usine flottante de GNL, d’une capacité d’environ 3,4 millions de tonnes par an, tirera du gaz du bassin de Rovuma, où Eni a réalisé sa première découverte majeure au Mozambique en 2011.
Il a fallu à ENI deux ans pour prendre sa décision. La chute du cours des hydrocarbures a rendu les opérateurs plus prudents quant aux projets d’investissements, surtout de grandes tailles. D’ailleurs pour financer ce projet, l’entreprise italienne a dû emprunter 6 milliards de dollars auprès de 15 banques, le reste sera financé par d’autres actionnaires.
Maputo pourra enfin respirer…
Pour le gouvernent, c’est une grande bouffée d’oxygène. Le projet doit rapporter 16 milliards de dollars au gouvernement sur 25 ans, selon le patron d’ENI. Un montant non négligeable surtout pour un Etat lourdement endetté et souvent dépendant des aides étrangères. Avec une dette publique de plus de 130% du PIB, le Mozambique respire à peine. En octobre 2016, le gouvernement a dû reconnaître que la dette était devenue insoutenable pour l’économie. Le pire, c’est qu’après son scandale d’emprunts clandestins de plus de 1,4 milliard de dollars qui ont été consacrés à financer l’achat de matériel militaire, les principaux bailleurs de fonds du pays deviennent plus méfiants.
En Janvier, le Mozambique a échoué à effectuer un paiement d’intérêt sur un Eurobond, devenant ainsi le premier pays africain à manquer son engagement en six ans.
Avec les nouvelles découvertes, la situation pourrait éventuellement changer. En tout cas, ENI affiche son optimisme. L’entreprise italienne qui détient 25% des parts du bloc de prospection 4 dans le bassin du fleuve Rovuma, dans le nord du pays considère que ce projet n’est qu’un début pour elle dans le pays. D’autres opérateurs sont également en exploration. D’autres parts du bloc de prospection sont détenues par le Chinois CNPC (20%), le Portugais Galp Energia (10%), le Coréen Korea Gas (10%), et la compagnie nationale mozambicaine ENH (10%). Le leader mondial ExxonMobil détient les 25% restants, après avoir racheté pour 2,8 milliards de dollars de parts d’ENI en vertu d’un accord officialisé en mars dernier.
Avec latribuneafrique