Moussa Sanogo : Ministre du Patrimoine, du Portefeuille de l’Etat et des Entreprises Publiques
Dans le tumulte du pouvoir, certains avancent à pas feutrés mais laissent derrière eux des empreintes profondes. Moussa Sanogo est de ceux-là. Fin technocrate, homme de chiffres devenu homme d’État, ce natif du Bafing incarne une rigueur discrète, presque ascétique, au service de la machine économique ivoirienne. De la BCEAO aux couloirs feutrés de la Primature, son parcours est celui d’un bâtisseur patient, à l’expertise forgée loin des projecteurs, mais dont l’impact est bien réel.
Né le 21 décembre 1974 à Ganhoué, dans la région montagneuse de Ouaninou, Moussa Sanogo a grandi dans les reliefs escarpés de l’Ouest ivoirien, là où les valeurs de rigueur et de persévérance s’apprennent très tôt. Son destin bascule définitivement lorsqu’il franchit les portes de l’INP-HB à Yamoussoukro, haut lieu de l’élite scientifique du pays. Il y effectue ses classes préparatoires avant d’intégrer l’ENSEA, pépinière des intelligences économiques du continent. Diplômé en 1999 ingénieur statisticien économiste, il n’a alors qu’un seul cap : mettre la science au service de la nation.
Très vite, c’est l’Afrique de l’Ouest qui l’accueille. Consultant économiste à l’Institut national de la statistique d’Abidjan, il prend ensuite la route de Dakar, où il intègre la prestigieuse Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Entre recherches, missions de régulation bancaire et négociations internationales, il grimpe les échelons à une vitesse qui force le respect. À Paris, il représente la BCEAO auprès des institutions européennes, avant de revenir au Sénégal pour piloter la stabilité financière de la sous-région. À chaque étape, Moussa Sanogo allie méthode, discrétion et efficacité.
C’est donc tout naturellement que, fort de cette expérience technique et stratégique, il est rappelé en Côte d’Ivoire pour conseiller le Premier ministre sur les questions macroéconomiques en 2017. Quelques semaines plus tard, il entre au gouvernement comme secrétaire d’État chargé du Budget et du Portefeuille de l’État. Le profil est rare : un technocrate pur, capable de parler le langage des marchés tout en comprenant les contraintes politiques. Il gravit les marches du pouvoir sans bruit, porté par la confiance du président Alassane Ouattara.
Confirmé en 2019 comme ministre du Budget, Moussa Sanogo pilote, dans un contexte post-crise, les grands équilibres budgétaires de l’État, veille à la rationalisation des dépenses publiques et supervise la gestion du portefeuille de l’État. Son rôle, bien que souvent en coulisses, est central dans la stabilité macroéconomique du pays. Le 17 octobre 2023, dans le gouvernement Beugré Mambé, il hérite d’un portefeuille élargi : celui du Patrimoine, du Portefeuille de l’État et des Entreprises publiques — une mission stratégique à l’heure des réformes structurelles.
Mais Moussa Sanogo, c’est aussi l’homme du terrain. Loin de se cantonner aux tableaux Excel de l’administration centrale, il s’ancre dans la vie locale. Député de Touba en mars 2021, il est élu maire de cette même ville en septembre 2023. Une double casquette qui lui permet d’être à la fois la voix du peuple et le gardien des finances nationales. Il prouve qu’on peut être à la fois proche des réalités locales et au cœur des décisions de l’État.
Fidèle au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), ce père de famille au ton posé incarne une nouvelle génération de décideurs : technocrates assumés, politiques engagés, mais résolument tournés vers la performance et la transparence.
Dans un monde politique souvent bruyant, Moussa Sanogo est une exception. Un homme de peu de mots, mais de beaucoup d’actes. Un visage calme pour une mission lourde : tenir les comptes d’un pays en pleine transformation.