Critiquée pour la lenteur de son action, l’administration Trump a annoncé ce jeudi des sanctions consécutives à l’ingérence russe dans la dernière élection présidentielle.
Il a fallu plusieurs mois de tergiversations. L’administration Trump a annoncé ce jeudi une série de sanctions contre des individus et des entités russes en réponse à l’ingérence de Moscou dans l’élection présidentielle américaine de 2016 et à plusieurs cyberattaques. Le retard pris par ces mesures, jugées beaucoup trop timorées par les démocrates, a alimenté les interrogations sur la réelle volonté du président américain de tenir tête à la Russie.
Au total, 19 individus, dont l’homme d’affaires Evgueni Prigojine, proche du Kremlin, sont visés par ces sanctions. Cinq entités sont également ciblées, parmi lesquelles le FSB (services de renseignement intérieurs) et le GRU (services secrets de l’armée russe). Plusieurs des personnes visées ont été inculpées mi-février dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’interférence russe lors de la campagne.
Moscou promet “des mesures de représailles”
Moscou, qui a toujours contesté toute ingérence, a immédiatement promis, par la voix du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, “des mesures de représailles”. Ce dernier a estimé que les sanctions américaines étaient liées à l’approche de l’élection présidentielle russe, prévue dimanche, dont Vladimir Poutine est le grand favori.
Selon les services de renseignement américains, le pouvoir russe a mené une opération concertée et planifiée pour influencer l’élection présidentielle en faveur du milliardaire républicain, notamment à travers l’utilisation des réseaux sociaux et la diffusion de “fausses nouvelles”. L’impact sur le résultat de l’élection est par définition extrêmement difficile à évaluer.
Les sanctions se traduisent en particulier par le gel des avoirs des personnes concernées et par l’interdiction pour des sociétés américaines de faire des transactions avec elles. Elles sont aussi une réponse à plusieurs cyberattaques attribuées par les États-Unis à la Russie, y compris une tentative de pénétrer le système de distribution énergétique, a indiqué un responsable américain.
“Une grave déception” pour un élu démocrate
Dénonçant les “activités déstabilisatrices” de la Russie, le Trésor américain a pointé une nouvelle fois la responsabilité russe dans la cyberattaque NotPetya en juin 2017. Démarrée en Ukraine et en Russie avant de se propager au monde entier, l’attaque au rançongiciel a contaminé des milliers d’ordinateurs. Elle a notamment perturbé des multinationales et des infrastructures critiques, comme les contrôles sur le site de l’accident nucléaire de Tchernobyl et les ports de Bombay et d’Amsterdam.
Cette cyberattaque, “l’une des plus destructrices et coûteuses de l’histoire”, a touché “plusieurs hôpitaux aux États-Unis” qui n’ont pu générer de données électroniques “pendant plus d’une semaine”, a précisé le Trésor ce jeudi.
“Les sanctions annoncées aujourd’hui sont une grave déception”, a réagi le démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, jugeant qu’elles étaient insuffisantes pour répondre à “l’attaque” perpétrée contre la démocratie américaine.
Avec l’express