Dans cet entretien, l’expert du domaine de l’automobile, M.Yaddadene s’exprime sur les derniers sujets qui alimentent l’actualité du secteur. Il donne son avis sur les dernières déclarations du secrétaire général du ministère de l’Industrie et des Mines, concernant le taux d’intégration des usines de montage, mais aussi sur le cahier des charges qui tarde à voir le jour.
Le groupe Renault bat un record de production en 2018 avec 402 150 véhicules produits dans ses deux usines marocaines : 318 600 (contre 330 000 prévus) pour celle de Tanger Med, inaugurée début 2012, et 83 550 pour l’historique de Casablanca (Socoma). Selon Marc Nassif, directeur général de Renault Maroc, 94 % des véhicules produit à Tanger sont exportées (69% pour l’usine Socoma) vers soixante-quatorze pays. A votre avis, est-ce que Renault Algérie arriverait un jour à réaliser cet exploit?
M.Yaddadene : Seul RENAULT ALGERIE PRODUCTION pourra nous le confirmer, mais on est loin de ce qui a été réalisé au Maroc, A mon avis les projets ne sont pas dimensionnés de la même manière et je pense que ce n’est pas la même stratégie. D’abord Tanger est un grand projet de production et non pas d’assemblage qui de par sa position géostratégique et avec une large orientation vers les marchés extérieurs (74 pays) avec le taux de 94%, tout comme l’historique Socoma dont 64% sont destinés à l’export. Le marché marocain ne peut absorber toute la production de ces deux projets en dépit de la diversification des produits réalisés.
Le projet d’assemblage de Renault Algérie Production n’a pas été dimensionné pour ce niveau de volumes réalisés au Maroc dans une gamme assez limitée en dépit de l’importance du marché algérien tout ce qui est produit est destiné au marché local à moins de nouvelles options stratégiques relatives à l’exportation des produits. A mon avis le niveau ne pourra pas être d’actualité à moins qu’il y ait une nouvelle stratégie et un redimensionnement du projet. Donc cet exploit reste difficile à réaliser dans la situation actuelle.
Le secrétaire général du ministère de l’Industrie et des Mines, M. Kheireddine Medjoubi, a déclaré que les opérateurs exerçant les activités de montage de véhicules en Algérie, répartis entre véhicules légers et lourds, disposent de 24 mois pour atteindre un taux d’intégration de 40% et de réduire la facture d’importation des CKD/SKD destinés à l’assemblage de véhicules. Est-ce réalisable à votre avis?
Je pense qu’il ya eu réflexion sur ces choix. C’est une décision qui sera difficile à réaliser en tenant compte des délais accordés, à moins que les opérateurs concernés arrivent à mobiliser des investisseurs qui viendraient renforcer les tissus industriels. Le cahier des charges relatif aux projets de production est assez explicite sur ce point, chaque concessionnaire doit veiller à l’application de ces décisions dans les délais impartis. Mais au rythme actuel la facture des CKD/ SKD va continuer augmenter.
Avec les capacités actuelles, est-ce que les usines de montage de véhicules pourraient atteindre 10% d’intégration d’ici un an, comme convenu dans le cahier des charges, selon le même média?
Chaque projet accordé est un cas en lui même, il ya un timing à respecter avec les engagements pris envers le CNI. Cela va être compliqué à moins d’une volonté solide de la part des opérateurs concernés pour réaliser le taux d’intégration fixé. Donc chaque opérateurs doit œuvrer à mobiliser les investisseurs potentiels.
Pourquoi le nouveau cahier des charges devant régir l’activité de montage de véhicules en Algérie et instaurer de nouvelles conditions aux futurs constructeurs, peine à voir le jour?
Pour arriver à un nouveau cahier des charges, il faut effectuer une évaluation et un bilan de l’actuel cahier des charges par rapport à tous projets opérationnels afin de revoir la copie, tout en sachant que la mise en place de la stratégie de développement de l’industrie mécanique va conditionner la suite à donner à ces projets.
Avec algerie-eco