Jouer l’hyperspécialité permet de se distinguer rapidement de la concurrence. Et c’est vrai dans de nombreux secteurs.
Vous pouvez chercher, il n’y a pas une seule bouteille dans notre magasin.” C’est vrai qu’avec ses cubis de 3 litres couleur lilas, la cave à vin de Frantz Roesch détonne des boutiques traditionnelles. Pourtant, on y vend tout sauf de la piquette. “Que du haut de gamme – mais 20% moins cher grâce au conditionnement en BIB (“Bag-in-Box”)”, détaille ce serial entrepreneur.
Dans le sillage du pâtissier Pierre Hermé et ses macarons, il n’est pas le seul à miser sur le monoproduit. “Peu coûteuse, cette stratégie permet de rentrer rapidement sur un marché et d’être facilement identifiable”, analyse Yves Marin, consultant chez Kurt Salmon. Résultat pour BiBoViNo : déjà 25 boutiques en franchise. Voici d’autres pistes à suivre.
IMAGINER UN NOUVEAU CONCEPT DE RESTAURATION
Rice Trotters, Goût de brioche, la Maison de la Chantilly, We Are Tiramisu, Sard’in, Aux merveilleux de Fred ou encore Eggli… Les concepts de restaurants et pâtisseries monomaniaques se multiplient, chaque enseigne y allant de son produit fétiche décliné à toutes les sauces. Si le créneau des burgers a largement été exploité, il reste encore de nombreux concepts sucrés ou salés à imaginer ou à importer.
Michael Cohen (30 ans) et Rachid Ez-Zaïdi (28 ans) ont misé sur le bagel, ce petit pain rond dont raffolent les Américains. En février 2011, les deux compères, fraîchement diplômés de Novancia, ont rassemblé leurs économies (32.000 euros) et ouvert leur premier corner dans la capitale. Aujourd’hui, ils comptent cinq succursales et une quinzaine de restaurants en franchise. “Nous avons créé nos premières recettes en nous inspirant des menus des chaînes de bagels étrangères et en les testant auprès de nos proches”, se souvient Michael Cohen, qui, les premiers mois, préparait lui-même les bagels tout en tenant la caisse du restaurant.
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On savoure leurs éclairs partout dans le monde
Mise de départ : 700.000 euros*
Christophe Adam (à gauche) et Charles Lahmi dans leur boutique L’éclair de génie rue notre dame des victoires.
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© Bruno LEVY pour Capital
Après le tout-macaron, voici le tout-éclair. Christophe Adam, pâtissier passé par Fauchon, le décline en 180 recettes, du chocolat grand cru au caramel beurre salé en passant par le vanille-pécan. Bilan : après avoir ouvert six boutiques à Paris, sa société, L’Eclair de génie, a planté son décor à Londres, au Japon, en Corée, à Hong Kong, en franchise, licence de marque ou joint-venture. Ce succès, qu’il doit aussi au talent marketing de son associé Charles Lahmi, patron de la griffe Lulu-Castagnette, montre la force du concept : production optimisée (un seul atelier fournit Paris), format de vente modulable (corner), miniséries. Et mono ne veut pas dire maniaque : le duo a aussi créé une gamme d’épicerie sucrée (tube de caramel, pâte à tartiner) très appréciée.
METTRE EN VALEUR LES VIGNOBLES FRANÇAIS
Rare secteur à ne pas souffrir de la crise agricole, la filière vin reste une mine d’opportunités pour les entrepreneurs malins. Le marché est considérable : la France consomme à elle seule 12% du vin produit dans le monde et accueille plus de 10 millions d’œnotouristes chaque année.
C’est sur ce dernier créneau que Mickael Loreau (28 ans) s’est lancé en avril 2014 en créant Vinizos, un site Internet proposant des visites dégustations dans les domaines viticoles. Financée à 100% sur fonds propres, l’entreprise référence plus de 250 domaines contre une quinzaine à ses débuts. “Pour développer le site à moindres frais, j’ai fait appel à un prestataire indépendant”, raconte ce diplômé de l’Essec.
Les trois ingénieurs nantais derrière 10-Vins, aussi, bousculent le marché. Sorte de Nespresso du vin rechargeable avec des fioles de 10 centilitres servies à la bonne température, leur machine D-Vine a nécessité six ans de mise au point. “Pour démarrer, nous avons mis 35.000 euros sur la table et quitté nos jobs”, explique Thibaut Jarrousse, l’un des cofondateurs. Récompensée au dernier salon CES de Las Vegas, la start-up a la cote chez le fonds de capital-risque auprès de qui elle a déjà levé 2,3 millions d’euros.
CRÉER UNE NICHE DANS LA MODE
Pour monter leur affaire, Ludovic Chevalier et Christian Jourdier sont partis d’un constat : il n’existe pas de chaîne de magasins dédiée aux hommes grands et forts. “Les rares boutiques spécialisées ne proposaient que des vêtements vieillots”, souligne Ludovic Chevalier, du haut de ses 2,05 mètres. Dans les rayons de Size Factory : des marques tendance, du 2XL au 10XL. Dès 2011, leur première boutique (400.000 euros d’investissement) est un carton. Cinq ans plus tard, ils en comptent douze pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros.
Chatelles aussi a trouvé la parade face aux enseignes de mode bien établies : se concentrer sur un seul produit, décliné en une foultitude de matières et de couleurs. D’autres boutiques parisiennes misent sur le haut de gamme comme Mes Chaussettes rouges, très prisées par François Fillon, ou Gustave et Cie et ses nœuds papillons. Mais la province reste à conquérir.
Un seul modèle de base, mais une large gamme de slippers
Mise de départ : 30.000 euros
© SP
Il y a deux ans, cet ancien analyste de Merrill Lynch a plaqué la finance pour lancer sa marque de slippers (dérivés de la ballerine), Chatelles. Avec 30.000 euros en poche, François du Chastel a d’abord embauché un designer et un podologue pour la mise au point d’un moule, avant de lancer une production de 600 paires dans une usine au Portugal. Bien vu : en 2015, ses ventes ont atteint 750.000 euros.
DÉCLINER À L’INFINI LE MÊME ACCESSOIRE
C’est en voyant à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle une foule de voyageurs prêts à payer une dizaine d’euros pour saucissonner leurs bagages avec du film plastique avant l’enregistrement que William Tala, alors agent d’escale, a eu l’idée de créer BibeliB, une housse de valise design équipée d’un système de traçabilité. Afin de financer le développement de sa trouvaille, cet autodidacte a eu recours au crowdfunding. Un plébiscite : il a récolté 543.000 euros. Pour sortir du lot, décliner un seul produit dans des tailles, couleurs ou designs inédits peut s’avérer une autre bonne idée. Ainsi The Kase personnalise les coques de téléphones, Tediber ne vend qu’un seul modèle de matelas, les planchas de Verycook sont déclinées dans des couleurs pop, tandis que Cie Bracelet Montre mise sur des matières originales comme le cuir de lézard. Toutes ces jeunes pousses ont été rentables dès leur première année.
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