Des experts gouvernementaux et des marchés financiers réunis à Douala, proposent que le délai pour la fusion effective des places financières de Douala (Cameroun) et de Libreville (Gabon) puisse être repoussé au terme du premier semestre 2019.
L’engagement de fusionner les deux bourses avait été pris par les chefs d’Etat de la région lors d’une rencontre extraordinaire qui s’était déroulée fin 2017 à Ndjamena (Cameroun).
Mais le projet semble se heurter dans la pratique, à quelques défis. « Cette décision des leaders de la CEMAC ne s’est pas encore traduite par l’adoption d’un acte additionnel qui lui donne une force règlementaire », a confié à l’Agence Ecofin, sous le couvert de l’anonymat, un des experts ayant participé aux travaux, car les conclusions doivent encore être validées par les conseils des ministres.
Les autres défis de ce projet concernent la difficulté à définir le cadre dans lequel seront exercées les fonctions de régulateur. Si les chefs d’Etats de la CEMAC ont acté le principe de la fusion des deux bourses, ils sont restés muets, sur la question des instances de régulation, qui existent aussi en double, avec notamment la CMF au Cameroun et la Cosumaf basée au Gabon.
Aussi, le mécanisme de création du marché financier unique ne fait pas l’objet d’une réelle unanimité. Certains penchent pour la création d’une entité nouvelle (nouvelle société de marché), d’autres sont plutôt favorables à la fusion absorption de l’une des bourses par l’autre. Il reste donc à définir laquelle des institutions sera absorbée et, dans tous les cas, à faire une évaluation économique des deux bourses.
Ces différents points seront présentés sur la table du conseil des ministres de cette sous-région qui devront fixer des orientations, ou prendre des décisions.
Selon les experts, au regard de la complexité des arbitrages à prendre en compte, la date d’échéance du processus de création du marché financier unique de la CEMAC sera sans doute repoussé au 30 juin 2019, et non à la fin décembre 2018, comme initialement prévu.
Un point qui n’a cependant pas été abordé en profondeur, c’est la manière dont la CEMAC, dans son ensemble, compte dynamiser ce secteur des marchés financiers. Un autre des experts avec lequel l’Agence Ecofin a discuté, fait savoir que sur ce point précis le volontarisme des Etats membres a été convoqué.
Rappelons que la CEMAC, la communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, abrite actuellement deux marchés financiers, dont l’un à vocation nationale camerounaise, basé à Douala (Douala Stock Exchange), et l’autre sous-régional (Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale), basé à Libreville. Une situation qui est souvent présentée comme un obstacle majeur au développement d’un véritable marché financier.
La Banque Africaine de Développement et un cabinet français avaient récemment publié des rapports, sur le processus qui pourrait conduire à la mise en place de ce marché unique. Ils se disent aujourd’hui prêts à accompagner les responsables de la CEMAC. Le plan de travail prévoit un recours à des bailleurs de fonds, sans aucune autre précision.
Avec investiraucameroun