Alors qu’on connait désormais le nom des 18 ministres et des 4 secrétaires d’Etat qui composent l’équipe d’Edouard Philippe, Le Figaro s‘est penché sur les modalités d’indemnisation des membres du gouvernement ainsi que de leurs équipes.
Ministres, ministres délégués, secrétaires d’État, directeurs de cabinets, conseillers ministériels… La machine gouvernementale obéit à une hiérarchie très stricte, à laquelles sont associés des pouvoirs différents pour chacun. Mais qu’en est-il des rémunérations perçues par les équipes qui entourent Emmanuel Macron et son premier ministre, Edouard Philippe? Paradoxalement, celles-ci ne recoupent pas toujours le grade fixé à chacun par l’ordre protocolaire républicain. Tour d’horizon des indemnités perçues pour chaque fonction gouvernementale.
● Presque 10.000 euros pour les ministres
Comme celui du président de la République et celui du premier ministre, le salaire des ministres a été baissé de 30% en 2012. Anciennement fixé à 14.200 euros brut par mois, il est désormais de 9 940 euros bruts mensuels, contre 14.999 euros pour le Président de la République et le Premier ministre. Ce montant devrait a priori être identique pour les deux ministre déléguées du gouvernement, Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Elisabeth Borne (Transports).
À ce salaire s’ajoutent de nombreux avantages matériels: un ministre dispose d’une voiture de fonction avec chauffeur, d’un accès gratuit au réseau SNCF, d’un quota de déplacements aériens ou du remboursement automatique de ses factures de téléphone. Il peut également bénéficier d’un logement de fonction, à condition de ne pas avoir déjà un logement à Paris ou en proche banlieue. La prise en charge est limitée à une superficie de 80 m² plus 20 m² par enfant: au-delà, le ministre devra payer de sa poche.
● 9.443 euros pour les secrétaires d’État
La distinction entre ministres et secrétaires d’Etat n’est pas qu’une affaire de pouvoir, elle se répercute également au niveau de leur rémunération. Les secrétaires d’Etat sont légèrement moins bien payés que leurs homologues ministres, explique René Dosière, spécialiste des comptes publics, au Figaro. Selon le décret du 25 avril 2014, leur salaire mensuel s’élève à 9.443 euros brut, soit 251 euros de moins que celui des ministres. En revanche, ils disposent des mêmes avantages matériels.
● En cabinet, des conseillers parfois mieux rémunérés que les ministres
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’existe aucune grille de salaires officielle pour les collaborateurs ministériels. Conséquence directe de ce vide juridique, de très fortes disparités sont constatées d’un ministère à l’autre. Si, selon les chiffres communiqués par René Dosière, la rémunération moyenne des collaborateurs ministériels s’élèvait à 7.624 euros en 2016, ce montant a pu varier du simple au double selon le cabinet concerné. En 2016, il apparait que c’est au ministère de l’Intérieur que l’on était le mieux payé: les collaborateurs de Bernard Cazeneuve ont touché en moyenne 9.871 euros bruts mensuels. En queue de peloton figurent les collaborateurs de l’ancienne secrétaire d’État pour l’égalité réelle, Ericka Bareigts, qui n’ont touché «que» 4.966 euros bruts par mois.
Autre spécificité bien française, au ministère de l’Intérieur comme à la Défense et au ministère de l’Education nationale, les membres des cabinets ont perçu des rémunérations supérieures à celles des ministres qui les employaient. Comme l’explique René Dosière, cette «dérive» n’aurait pas été possible à l’Elysée ou à Matignon où la règle veut qu’aucun collaborateur ne gagne plus que le président ou le premier ministre.
● Vers une baisse du coût des collaborateurs ministériels
Bien qu’il juge encore trop élevé le niveau des rémunérations perçues dans les cabinets ministériels, René Dosière se félicite d’une nette tendance à la baisse de ces rémunérations. Entre 2014 et 2016, leur rémunération individuelle a diminué de 4,4% au cabinet du Premier ministre, et de près de 10% au sein des autres cabinets ministériels, portant le «coût» total de la rémunération des cabinets «strict» (y compris celui du Premier ministre) à 54 millions d’euros.
Ce coût devrait encore baisser avec le décret paru le 19 mai au Journal officiel, qui fixe pour la première fois un plafond au nombre de collaborateurs autorisés dans chaque ministère. Alors qu’on comptait en moyenne 14,5 conseillers par cabinet en 2016, ce nombre sera désormais limité à 10 pour les ministres, 8 pour les ministres délégués et 5 pour les secrétaires d’État. Le texte ne fixe cependant pas leur grille de salaires précise.
● Et pour les anciens ministres?
Les anciens ministres sont loin d’avoir les mêmes privilèges que les ex-locataires de l’Elysée. Pas question de bénéficier d’un logement ou d’une voiture de fonction, encore moins d’une indemnité à vie. Ils peuvent en revanche recevoir une indemnité de cessation de fonction pendant trois mois. Selon l’ordonnance du 17 novembre 1958, modifiée en 2013, le versement de cette rémunération se fait sous conditions. L’ex-membre du gouvernement ne la percevra pas s’il retrouve une activité dans les trois mois qui suivent son départ du ministère, ni s’il a omis de déclarer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique son patrimoine ou de ses intérêts.
Avec lefigaro