Le ministre kényan de l’Intérieur et le chef de la police kényane ont été condamnés jeudi à des amendes pour avoir expulsé un opposant du pays, en dépit de décisions de justice, ce pour la deuxième fois en deux mois.
Politicien n’occupant aucun poste officiel au sein de l’opposition, Miguna Miguna a été propulsé sur le devant de la scène depuis sa participation à l’investiture symbolique du chef de l’opposition Raila Odinga le 30 janvier, suivie par son inculpation pour trahison et son expulsion du pays en février.
Habitué aux provocations verbales sur les plateaux de télévision – il avait dit à une politicienne, en marge d’un débat: “Tu es tellement belle que tout le monde veut te violer” -, M. Miguna a tenté lundi d’effectuer son retour au Kenya, un feuilleton suivi de près par la presse locale.
Mais il a été bloqué pendant deux jours à l’aéroport de Nairobi par les services de l’immigration, puis placé mercredi soir sur un vol à destination de Dubaï, malgré des décisions de justice ordonnant qu’il soit libéré et présenté devant un juge.
Le ministre de l’Intérieur, Fred Matiangi, le chef de la police, Joseph Boinnet, et le plus haut fonctionnaire des services de l’Immigration, Gordon Odunga, “ont violé la Constitution en ne respectant pas l’État de droit et des décisions de justice”, a déclaré le juge George Odunga à Nairobi, en l’absence des intéressés.
Leur amende de 200,000 shillings kényans (1.600 euros) “sera déduite de leur salaire du mois prochain”.
Les autorités kényanes ont ignoré plusieurs décisions de justice depuis l’invalidation par la Cour suprême de la victoire d’Uhuru Kenyatta – finalement réélu en octobre – à la présidentielle d’août.
M. Miguna avait été expulsé une première fois en février, les autorités affirmant qu’il avait renoncé à sa nationalité kényane lorsqu’il avait acquis la citoyenneté canadienne au début des années 2000.
Le gouvernement et la police avaient alors déjà ignoré plusieurs décisions de justice leur intimant l’ordre de présenter M. Miguna devant un tribunal et de le libérer sous caution.
Cette semaine, M. Miguna était arrivé en avion à Nairobi à la suite d’une décision de justice en sa faveur. Mais les services de l’immigration ne lui ont pas permis de rentrer dans le pays, arguant qu’il avait refusé de demander un visa.
M. Miguna avait perdu la course au gouvernorat de Nairobi en tant que candidat indépendant lors des élections d’août 2017, alors qu’une preuve de nationalité kényane est requise pour s’y présenter.
Son expulsion est plutôt ressentie comme une surprise au Kenya, au vu du récent réchauffement des relations entre MM. Kenyatta et Odinga qui ont promis d’œuvrer de concert pour réconcilier le pays.
Avec AFP