La Tanzanie, qui vient d’inaugurer son premier comptoir d’or à Geita, a ordonné à toutes les régions minières de mettre en place des centres commerciaux dédiés à la vente de minerais et contrôlés par le gouvernement, d’ici fin juin 2019. C’est le début d’un vaste projet visant à réduire les exportations illégales d’or et d’autres minerais précieux. A travers ces comptoirs, les petits exploitants miniers pourront accéder à un marché officiel où ils pourront échanger directement leur or. Ces derniers éprouvent actuellement des difficultés à s’approvisionner en or de manière formelle sur le marché local, accessible uniquement à une minorité.
Derrière le Mali, l’Afrique du Sud, le Ghana, la Tanzanie est le quatrième producteur d’or d’Afrique, qui est l’une de ses principales sources de devises. Le minerai a engrangé pour l’année 2018, près de 1,549 milliards de dollars de recettes pour le pays, contre 1,541 milliard de dollars de 2017, selon les données de la Banque centrale tanzanienne. Les comptoirs commerciaux de minerais seront gérés par une commission des mines étatiques et le service des impôts du pays. Le projet inclut un volet financement avec l’implication des banques dans l’accompagnement des miniers.
Tirer davantage du secteur minier, une promesse électorale de Magufuli
Au pouvoir depuis 3 ans, John Magufuli avait promis lors de sa campagne électorale de faire contribuer davantage le secteur minier du pays à la production nationale. En 2017, le gouvernement a adopté des lois qui, selon les producteurs, seraient trop coûteuses pour les miniers. Parmi les nouvelles dispositions figurent l’augmentation des taxes sur les exportations de minerais, une participation accrue du gouvernement dans les mines et l’obligation pour les sociétés minières de construire des fonderies locales. Le gouvernement de John Magufuli a également ordonné, cette année, à la banque centrale d’acheter de l’or pour lutter contre la contrebande et constituer des réserves permettant de stabiliser la monnaie locale.
Le comptoir commerce vient appuyer la politique officielle du pays, où le secteur est gangrené par l’informelle. Une étude commanditée par le parlement tanzanien a estimé que les mines artisanales tanzaniennes produisent près de 20 tonnes d’or par an, mais que 90% de la production est exportée illégalement.
avec : afrique.latribune