Les supermarchés néerlandais et allemands retirent en masse des œufs de leurs rayons. En cause, l’utilisation à tort dans plus de 180 élevages avicoles aux Pays-Bas, d’un pesticide potentiellement toxique pour l’homme.
Pour éviter une crise sanitaire de grande ampleur en Europe, les supermarchés néerlandais et allemands retirent en masse de leurs rayons des oeufs contaminés par un pesticide présumé “toxique” pour l’homme.
Albert Heijn, la chaîne de supermarchés la plus importante des Pays-Bas a “stoppé la commercialisation de 14 sortes d’oeufs, suivant les indications” de l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire NVWA, a rapporté Els van Dijk, porte-parole de la chaîne. “Tous ces oeufs sont renvoyés au dépôt et détruits”, a-t-elle poursuivi, décrivant une “situation inédite” dans l’histoire de la chaîne.
À l’origine de l’affaire, des éleveurs de volailles aux Pays-Bas ont fait appel à Chickfriend, une société spécialisée pour éradiquer la prolifération du pou rouge, un parasite très néfaste pour les poules. Cette entreprise aurait employé du fipronil dans son produit avec pour conséquence quelque 180 élevages de volailles infectés.
Selon un nouveau rapport produit jeudi soir par l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire NVWA, 138 élevages de volailles néerlandais, soit 20% des élevages, restaient fermés sur les 180 initialement bloqués par l’organisme.
Un pesticide “modérément toxique” pour l’homme est en cause
Cette substance phytosanitaire, couramment utilisée dans les produits vétérinaires contre les puces, les acariens et les tiques, est interdite dans le traitement des animaux destinés à la chaîne alimentaire, tels que les poules. C’est aussi la substance active de l’insecticide Régent commercialisé par BASF, notamment pour le traitement des semences. En grande quantité, le fipronil est considéré comme “modérément toxique” pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est dangereux pour les reins, le foie et la thyroïde, a indiqué le NVWA.
Cet organisme est mis sous pression par le syndicat néerlandais des éleveurs de volailles depuis que le numéro 2 de l’organisme a conseillé à la population de “ne pas manger d’oeufs jusqu’à dimanche” sur un plateau de télévision, mardi 1er août.
La Commission européenne suit l’affaire de près
L’inquiétude grandissante aux Pays-Bas depuis le début de l’affaire a fini par se propager outre-Rhin. L’Allemagne se mobilisait ce jeudi 3 août pour juguler une crise alimentaire similaire, le pays ayant importé des Pays-Bas des centaines de milliers d’oeufs contaminés. Les chaînes de supermarchés allemands, de Lidl à Rewe, ont stoppé la commercialisation des oeufs infectés.
Le ministère allemand de l’Agriculture a estimé dans un communiqué “qu’au moins trois millions d’oeufs contaminés” en provenance des Pays-Bas avaient été livrés en Allemagne, dont la plupart ont été commercialisés. “Il s’est avéré, ces dernières 48 heures, que l’Allemagne est plus touchée” que les autorités ne l’avaient initialement pensé, a-t-il ajouté.
La Commission européenne a déclaré “suivre l’affaire de très près”, considérant comme “prioritaires les questions touchant à la santé publique”, a affirmé la porte-parole Anna-Kaisa Itkonen. “Nous sommes en relation permanente” avec les pays touchés, “les élevages ont été identifiés et les oeufs infectés sont retirés du marché”, a-t-elle poursuivi, arguant que la “situation (était) sous contrôle.”
En Belgique, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire a lancé une enquête “en collaboration avec le parquet”, précisant toutefois qu’aucun des oeufs contaminés n’avait été commercialisé dans le pays.
Avec AFP