Difficile de ne pas le remarquer. La taille impressionnante et le pas assuré de Mgr Samuel Kleda imposent le respect. Une présence qui définit la personnalité de l’homme de Dieu dont les positions bien tranchées défraient généralement la chronique. Les regards et les attentions sont dorénavant tournés vers la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) dont il est le président depuis 2013 (réélu en avril 2016). La lecture de la déclaration finale de l’Assemblée plénière des évêques du Cameroun est toujours attendue pour les discours très souvent acerbes contre le régime de Yaoundé.
Des communiqués dénonçant les crimes rituels, l’homosexualité ou le laxisme du gouvernement et de la justice camerounaise, l’originaire de Golonpwi dans le Mayo Danay (Extrême-Nord), en a signé. Un exercice auquel il s’est également prêté tout récemment. Notamment avec le décès de Mgr Jean Marie Benoît Bala, évêque de Bafia dont la dépouille a été retrouvée dans les eaux de la Sanaga le 02 juin dernier, après deux jours d’intenses recherches.
Alors que les Camerounais attendent encore les résultats de l’enquête liée à la mort de celui qui était évêque du diocèse de Bafia (région du Centre), l’auteur de l’ouvrage « La sorcière et son fils », passe à l’offensive 12 jours plus tard. Une déclaration signée du président de la CENC et datée du 13 juin dernier indique que « compte-tenu des premiers constats, nous, évêques du Cameroun, affirmons que Mgr Jean Marie Benoît Bala ne s’est pas suicidé; il a été brutalement assassiné. Voilà un meurtre de plus, et un de trop ».
Dans le communiqué comportant 11 points, les évêques demandent que justice soit faite et que les coupables de ce crime soit traduits devant les juridictions compétentes. Les prélats à travers la voix de l’ancien recteur du petit séminaire St Paul de Guider (de 1988 à 1994), réaffirment leur engagement « Nous avons l’impression que le clergé au Cameroun est particulièrement persécuté par des forces obscures et diaboliques ».Une prise de position que celui qui a été nommé, évêque de Batouri (Est) en 2000 (jusqu’en 2007), par le pape Jean Paul II, réitère sur les ondes de Radio France international (RFI).
Interviewé par Christophe Boisbouvier, l’archevêque métropolitain de Douala, depuis 2009, rappelle que «C’est le meurtre de trop! On se rend compte que tuer un évêque, c’est quelque chose qui se fait facilement au Cameroun». Le communiqué de presse du procureur général près la cour d’appel du Centre, Jean Fils Ntamack qui rend public (04 juillet dernier) les résultats de l’autopsie de la dépouille du prélat en ces termes: « après examen approfondi, ils ( médecins légistes Ndlr) ont relevé l’absence de toutes traces de violence sur le corps du défunt et ont conclu à cet égard que la noyade est la cause la plus probable du décès de l’évêque », ne fait pas reculer celui qui est considéré par plusieurs comme le fils spirituel du cardinal Christian Tumi qui n’est pas non plus tendre avec le gouvernement.
Cultures africaines
Le 8 juillet dernier, lors du point de presse annonçant la tenue de la 11ème Assemblée plénière de l’Association des conférences épiscopales de la région Afrique centrale (Acerac) à Yaoundé (du 8-16 juillet ), l’homme qui a été ordonné le 9 mars 1986 à Golonpwi se prête volontiers au jeu de questions-réponses des journalistes présents. Il revient à la charge. « Les évêques du Cameroun au nom desquels je parle, maintiennent leur position, c’est-à-dire ce qu’ils ont donné dans leur déclaration ».
Une réaffirmation que les hommes de médias venus couvrir l’ouverture des travaux de ces assises le 10 juillet dernier, vont recevoir cette fois couchée sur du papier format. Avec, en prime, des informations sur la non réception de la dépouille par le clergé «les autorités de l’Eglise catholique n’ont pas reçu le corps de Mgr Jean Marie Benoît Bala. Elles attendent que ce soit fait après identification de la dépouille», révèle cette autre note. Ils insistent par ailleurs sur le fait que le corps du défunt comportait des traces de violence.
De telles sueurs froides, le gouvernement en a également eu droit sur le sujet des crimes dit rituels. En mars 2016, celui qui est réputé pour sa rectitude morale condamne ces pratiques odieuses en demandant avec véhémence que les coupables de tels actes soient traduits devant la justice et jugés. Il ne va pas aller du dos de la cuillère pour critiquer la façon dont ces maux sont gérés par les pouvoirs publics.
Mariage
Un franc-parler qu’on connaît bien à cet adepte de la thérapie par les plantes. Les 18 et 19 juillet 2015 lors d’une réflexion sur les défis de la famille organisée par l’Association des juristes catholiques du Cameroun, sa franchise a encore fait sensation. « Des idéologies veulent nous imposer d’autres formes de mariages. Comment se fait-il que depuis l’existence du monde, c’est aujourd’hui qu’on entend parler de mariage entre deux hommes et deux femmes? », s’offusquait l’archevêque.
L’homme âgé de 58 ans poursuivait alors: « Le mariage homosexuel ou mariage pour tous n’a jamais existé dans l’Eglise. Il n’a pas de tradition dans l’Eglise et il va contre les cultures africaines. Il faut saluer le Cameroun qui a une loi contre l’homosexualité malgré les pressions externes pour le dissoudre. Vous êtes des juristes chrétiens, c’est-à-dire que vous agissez au nom de votre foi. Votre devoir est de défendre la famille selon la loi divine », avait-il insisté auprès de l’association.
Avec cameroonweb