Un conflit interethnique en Inde est à l’origine d’un blocage des récoltes. La production tourne au ralenti depuis juin. Et si la cueillette reste en panne, les amateurs de ce thé très réputé vont devoir accepter des hausses de prix importantes.
Les amateurs de thé Darjeeling, le “champagne” des thés noirs, ont-ils des raisons de s’inquiéter? En pleine saison des récoltes, de juin à août, un conflit séparatisteoppose en Inde une ethnie qui fournit la main d’oeuvre locale pour la cueillette du thé, au gouvernement du Bengale occidental. Seulement 140.000 kilos de thé ont été produits en juin, contre 1,33 million de kilos en juin 2016, a relevé Tea Board India, l’instance de régulation du gouvernement.
Quelque huit à dix millions de kilos de thé sont récoltés en temps normal dans les dizaines de plantations vertes luxuriantes de cette région montagneuse, afin d’alimenter le marché mondial, pour l’essentiel en Europe.
Les Gorkhas, une ethnie d’origine népalaise à laquelle appartiennent la majorité des employés des plantations, réclame de longue date leur propre État au sein de l’union indienne. La récente décision des autorités de rendre obligatoire l’enseignement de la langue bengalie dans les écoles de Darjeeling a relancé les tensions. A l’appui de leur revendication, les membres de cette ethnie ont cessé la récolte et appelé à la fin de la production de thé.
Les prix pourraient bondir de plus de 20%
Si la grève se poursuit encore quelques mois, avertit Ankit Lochan, président de l’association de négociants en thé Siliguri, “presque 50% du domaine sera fermé pendant au mois deux ou trois ans”. Selon certaines estimations, les prix pourraient bondir de plus de 20% et certaines plantations de thé pourraient mettre des années avant de revenir à la normale. “La récolte de cette année est perdue”, a déclaré à l’AFP Sanjay Mittal, directeur du domaine de thé Ambiok.
“Les arbres à thé ont besoin d’être régulièrement irrigués, désherbés et élagués. Cela va prendre des semaines sinon des mois pour qu’ils reviennent à la normale et il faudra ensuite encore plus de temps pour commencer la production”, explique M. Mittal.
Des thés raffinés sont vendus jusqu’à 1500 euros le kilo
Le thé de Darjeeling, composé d’arômes floraux et de couleur pâle, est considéré comme le nec plus ultra des thés noirs. Certains thés raffinés peuvent être vendus jusqu’à 1500 euros le kilos, tandis que des géants comme le conglomérat indien Tata et le Néerlandais Unilever commercialisent des variétés pour la consommation de masse à travers le monde.
Des propriétaires de plantations et négociants soulignent que l’impasse actuelle est une catastrophe pour l’industrie du thé. Un prolongement du blocage va faire augmenter le prix du thé et profiter aux marques concurrentes qui ont jusqu’ici échoué à s’imposer face la réputation mondiale de Darjeeling.
Avec AFP