Dans son rapport 2017/18 171, Amnesty international met en relief la mauvaise gouvernance politique de Ouattara. L’Ong internationale de lutte contre les violations des droits de l’homme dresse un tableau sombre du régime Ouattara, qui soutient ce que l’opposition ne cesse de décrier.
«Environ 200 détenus, fidèles à l’ancien président Laurent Gbagbo, étaient en attente de leur procès en lien avec les violences postélectorales de 2010 et 2011. Aucune enquête n’a été ouverte sur les homicides commis lors de mutineries et d’affrontements entre des militaires démobilisés et les forces de sé- curité. Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ont été restreints, et des manifestations ont été interdites.
Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président, a été acquittée des chefs de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Le procès de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé devant la CPI s’est poursuivi», fustige-t-elle. Qui dé- nonce également le bâillonnement de la presse, à travers l’adoption par le parlement d’«un texte de loi limitant le droit à la liberté d’expression par des dispositions relatives à la diffamation, à l’outrage au président et à la diffusion de fausses informations». Rappelant qu’en février 2017, «six journalistes accusés d’avoir diffusé de fausses informations sur les mutineries au sein de l’armée ont été maintenus deux jours en détention à Abidjan. Bien qu’ils n’aient pas été inculpés, les autorités ont continué à les convoquer pour des interrogatoires. En août, deux journalistes du Quotidien ont été arrêtés en raison d’un article qu’ils avaient consacré à la situation fi- nancière du président de l’Assemblée nationale». Plus encore Amnesty international se fait l’écho de l’opposition qui ne cesse de dénoncer les atteintes à la liberté d’association et de réunion.
«En février (février 2017, ndlr), la police a utilisé du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour réprimer une manifestation pacifique de producteurs de cacao et de membres du Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire. En juillet, des militaires démobilisés ont manifesté pacifi- quement à Bouaké pour appeler l’État à tenir les promesses faites à la suite des mouvements de protestation de mai. Amadou Ouattara, Mégbè Diomandé et Lassina Doumbia, des membres de la « Cellule 39 » – une association de militaires démobilisés – ont été arrêtés et inculpés de trouble à l’ordre public et d’organisation d’une manifestation non autorisée. Au moins 40 étudiants ont été arrêtés en septembre, après que la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire eut organisé des manifestations dans tout le pays pour dénoncer les violences policières et la hausse des frais d’inscription à l’université. Une étudiante a indiqué que la police l’avait interpellée avec des amis dans sa chambre et battue. Certains des étudiants arrêtés avaient jeté des pierres sur des policiers, mais les autres n’avaient pas usé violence. Ils ont tous été inculpés de trouble à l’ordre public et remis en liberté provisoire au bout de 20 jours», indique le rapport. Pendant ce temps, toujours selon le rapport, des sympathisants présumés de l’ancien président Gbagbo ont été jugés pour des atteintes aux droits humains commises pendant et après l’élection de 2010.
Alors que, précise le rapport, «aucun des partisans du président Ouattara n’a été arrêté ou jugé pour des violations des droits fondamentaux». Concernant les prisonniers de la crise postélectorale, l’Ong note que «quelque 200 sympathisants de Laurent Gbagbo, arrêtés en 2011 pour des infractions qu’ils auraient commises pendant la période de troubles qui a suivi l’élection de 2010, étaient toujours détenus dans l’attente de leur procès. Deux d’entre eux, Assi Jean Kouatchi et Bonfils Todé, sont morts en détention en 2017. Plusieurs détenus remis en liberté provisoire étaient en instance de jugement.
Parmi eux fi- guraient Antoinette Meho, membre de l’organisation de la société civile Solidarité Wê, qui a été libérée en mai. Elle a été inculpée d’atteinte à la sûreté de l’État. En décembre, Hubert Oulaye, un ancien ministre qui avait été libéré à titre provisoire en juin, et Maurice Djire ont été condamnés à 20 ans de réclusion pour meurtre et complicité de meurtre dans une affaire d’homicide de casques bleus remontant à 2012. Le tribunal n’a pas produit les 17dépositions de deux témoins de l’accusation pendant le procès de ces deux hommes, alors que leurs avocats en avaient fait la demande.
En juillet, Adou Assoa, un autre ancien ministre, a été condamné à quatre ans d’emprisonnement pour trouble à l’ordre public mais relaxé du chef d’atteinte à la sûreté de l’État. David Samba, militant de l’opposition et président de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire, une Ong, a fini de purger sa peine de six mois d’emprisonnement pour trouble à l’ordre public en mars 2016. Alors qu’il purgeait sa peine, il a été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État en lien avec une tentative de soulèvement à Dabou en 2015. À la fin de l’année, il était toujours en dé- tention dans l’attente d’être jugé pour ces nouvelles charges». Pour Amnesty international, rien n’indique que les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains, notamment des membres des forces de sécurité dans la ré- pression des mutineries de janvier et juin 2017, seraient traduits en justice avant la fin de l’année. Comme on le constate, avec Amnesty internationale, la Côte d’Ivoire est minée par des crimes impunis, des injustices criardes, des atteintes à la liberté d’expression.
Avec lecridabidjan.net