Enfin une petite fenêtre d’éclaircie pour l’économie africaine en ce début d’année marqué par l’amplification des incertitudes et la poursuite de la morosité qui a affecté durement le continent durant l’année qui s’est écoulée.
Les cours des matières premières industrielles notamment l’énergie et les métaux, devraient connaitre un redressement sensible en 2017, en raison d’un resserrement de l’offre et de l’augmentation de la demande. C’est ce qu’anticipe la Banque mondiale qui vient de publier son édition 2017 de sa publication trimestrielle sur les perspectives des marchés de matières premières, Commodity Markets Outlook. Selon les nouvelles prévisions, les indices des prix des produits énergétiques et non énergétiques devraient augmenter respectivement de 26 et 3 % en 2017 alors que l’indice des prix agricoles devrait rester stable. Dans les détails, le rapport fait ressortir que les prix des produits industriels qui semblent avoir atteint leur point le plus bas en 2016, devraient augmenter sensiblement cette année en raison de la forte demande et de l’offre restreinte. « Les prix de la plupart des matières premières semblent avoir atteint leur plus bas niveau l’année dernière et sont en bonne voie pour remonter en 2017 », a fait remarquer John Baffes, économiste senior et auteur principal du périodique Commodity Markets Outlook pour qui « des revirements dans les politiques pourraient toutefois infléchir cette tendance ».
La Banque mondiale qui a maintenu ses prévisions concernant les prix du pétrole brut pour 2017 à 55 dollars le baril, soit un bond de 29 % par rapport à 2016. De quoi apporter un brin d’optimisme pour les pays africains exportateurs de l’or noir qui subissent de plein fouet l’impact de la baisse des cours enregistré en 2016. Toutefois, les prévisions pour les prix de l’énergie reposent toutefois sur l’hypothèse selon laquelle les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d’autres pays producteurs de pétrole se conformeront en partie à l’accord de limitation de la production après une longue période de production effrénée.
La Banque a également révu à la hausse ses prévisions de croissance des prix des métaux et anticipe désormais une augmentation de 11 % contre les 4 % annoncés dans ses prévisions d’octobre dernier. Cette reprise des cours s’expliquerait par un nouveau resserrement de l’offre et de la forte demande de la Chine et des économies avancées.
S’agissant des prix des métaux précieux, les prévisions tablent sur leur contraction à hauteur de 7 % avec une augmentation des taux d’intérêt de référence et le ralentissement des placements refuges.
Stabilité pour les prix des produits agricoles
Tout n’est pas pour autant rose puisque selon les mêmes anticipations, les cours des produits agricoles dans leur ensemble devraient augmenter de moins de 1 % en 2017. De légères augmentations sont toutefois prévues pour les huiles et les produits oléagineux et d’autres matières premières agricoles, mais les prix des céréales devraient diminuer de près de 3 % à la faveur des perspectives plus favorables de l’offre. Cette tendance devrait apporter une bouffée d’oxygène pour les gros importateurs du continent notamment les pays d’Afrique du nord mais aussi ceux des autres pays d’Afrique subsaharienne qui paie une facture assez salée en matières d’importations de produits alimentaires de base.
Vent d’optimisme
Dans son rapport, la Banque mondiale n’a pas manqué de revenir sur l’évolution du marché des matières premières dans les économies émergentes et les pays en développement notamment les grands exportateurs de ces produits, lesquels ont été durement affectés par la contraction des cours. Ce qui a pour effet, le ralentissement de la croissance des investissements, qui sont passés de 7,1 % en 2010 à 1,6 % en 2015.
« La faiblesse des investissements, aussi bien publics que privés, freine tout un éventail d’activités dans les pays émergents ou dans les économies en développement qui exportent des matières premières » a souligné Ayhan Kose, directeur du groupe chargé des perspectives de développement à la Banque mondiale. Et d’ajouter que « la plupart de ces économies dispose de peu de marge de manœuvre pour contrer le ralentissement de la croissance des investissements et doivent donc recourir à des mesures visant améliorer l’environnement des affaires, promouvoir la diversification économique et améliorer la gouvernance pour ouvrir de meilleures perspectives de croissance à long terme ».
En attendant l’évolution de la situation pour les prochains mois, ces prévisions sont de nature à tempérer le vent de pessimisme ambiant avec lequel a débuté l’année et en partie engendrée par les perspectives de croissance assez moroses annoncées par la plupart des économies africaines. Même si les cours sont loin de leur niveau qui ont permis au continent d’afficher de taux de croissance assez reluisants, les nouvelles projections permettront assurément à certains pays de limiter la dégradation de leurs finances et ainsi la récession qui frappait à la porte de certaines économies comme les pays de la CEMAC ou le Nigéria. Cette relative embellie qui se profile devrait aussi permettre au pays dépendants de l’exportation des matières premières notamment le pétrole, de disposer d’un peu de marge pour mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires à la diversification de leurs économies.
avec latribune afrique