Le tourisme est la réponse à beaucoup de maux au Maroc. Ce n’est pas une bourde, c’est une révélation assumée de Lamia Boutaleb, secrétaire d’État au Tourisme, qui s’exprimait, mercredi 28 février, à l’occasion d’une conférence-débat organisée par la Chambre de commerce britannique (BritCham) à Casablanca. Selon l’invitée d’honneur de ladite conférence sur les leviers de compétitivité, enjeux et défis du tourisme au Maroc, dans le royaume, le secteur du tourisme rapporte davantage que l’automobile et les phosphates. Par la même occasion, Lamia Boutaleb n’a pas manqué de vendre la destination Maroc devant un parterre d’opérateurs et d’entreprises britanniques du secteur.
Peut mieux faire
Une opération de séduction qui ne devrait pas nécessiter beaucoup d’efforts tant la première destination africaine est facile à vendre surtout aux touristes britanniques, semble-t-il. Pour preuve, 650.000 touristes anglais visitent chaque année le royaume. D’ailleurs ce nombre devrait doubler à l’horizon 2020, espère Victoria Bacon, directrice du département Brand et développement de l’ABTA. Mais il y a un préalable selon la représentante de l’association des agents de voyages anglais. Elle recommande notamment la création de nouvelles destinations outre que les villes d’Agadir et de Marrakech. Celle-ci capte à elle seule 58% des visiteurs anglais au Maroc. En plus d’un climat social stable, le pays qui regorge d’extraordinaires paysages naturels et endroits paradisiaques, se situe également à moins de trois heures de vol des principales capitales européennes, a souligné pour sa part le président de l’observatoire du tourisme, Said Mouhid qui, dans son intervention, est longuement revenu sur les «acquis importants» du Maroc en matière développement touristique. «Nous avons réalisé un gain d’un million de visiteurs entre 2016 et 2017», a-t-il indiqué annonçant que la même tendance positive se maintiendra en 2018. En termes de devises pour l’ensemble des 11,3 millions de touristes qui ont visité le Maroc l’année dernière, c’est une jolie somme de 65 milliards de dirhams. En 2021, plus 15 millions de touristes sont attendus au Maroc, mais le potentiel touristique du pays reste cependant sous-exploité, estime Samir Kheldouni Sahraoui, président fondateur de Cabinet Chrorus Consulting Hospitality and Leisure. Le patron de la commission Azur 2020 et investissement à la Confédération nationale du tourisme veut réinventer «le marketing mixe touristique» au Maroc afin de corriger cette lacune.
Rattraper le retard sur le digital
Il prône de nouvelles destinations touristiques, notamment à Tanger et à Dakhla, pour offrir de nouveaux produits aux visiteurs. L’expert en marketing stratégique des territoires auprès de l’Union européenne milite aussi pour le renforcement de la transformation digitale du marché du tourisme, tellement «le projet est resté longtemps embryonnaire». Un retard que reconnaît cependant la secrétaire d’État au Tourisme. Selon Lamia Boutaleb, si le digital est devenu vital pour les voyages sur-mesure, le Maroc est en retard dans ce domaine. «Il n’y a plus d’offline, plus de pub dans le métro, tout devient online, et nous n’avons pas fait grand-chose aujourd’hui sur ce terrain», a-t-elle reconnu, avant de promettre de renverser la tendance sur le long terme. Pour ce faire, elle mise «l’open sky qui a permis d’atteindre les chiffres actuels». En effet, l’ouverture du ciel favorise non seulement les voyages à bas coût, mais également elle assure une publicité plus ciblée sur internet et moins coûteuse, est-il expliqué.
Une nouvelle feuille de route
Elle révèle à ce propos que «50% des touristes viennent par le digital», avant d’ajouter que l’individuel et les low-cost sont donc les priorités de son département. «Il faut aller vers les phases 3 et 4 et vers une vraie libéralisation du ciel, en tenant compte de notre compagnie nationale, Royal Air Maroc», précise-t-elle. Concernant «la fuite» des banques qui ne financent plus le tourisme, Lamia Boutaleb indique qu’un Fonds de défaisance va être créé pour alléger les portefeuilles des institutions financières. L’idée est de financer de nouveau le tourisme. Il est également prévu de renforcer les connexions aériennes entre les quinze aéroports du Maroc et les principales villes de départ pour les touristes européens qui visitent chaque année le royaume. Enfin, toutes ces annonces, devront faire l’objet d’une feuille de route du secteur. L’ensemble des points de la stratégie sera prochainement dévoilé lors d’un forum sur le tourisme, le 2 avril à Agadir.