On y est ! L’Autorité de régulation et la Banque centrale marocaine viennent de projeter le paiement mobile dans sa phase opérationnelle. En effet, Bank Al-Maghrib (BAM) et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) ont lancé un nouveau moyen de paiement par téléphone mobile appelé « M-wallet ». Ce moyen de paiement permet de réaliser, de manière électronique et dématérialisée, des opérations de paiement de commerçants, de transferts d’argent de personne à personne, ainsi que des opérations de retrait et de dépôt d’espèces.
Concrètement, « M-wallet » offre au titulaire d’un téléphone mobile, qui a déjà un compte auprès d’une banque ou auprès d’un établissement de paiement, la possibilité de transférer de l’argent à un bénéficiaire et de payer aussi ses achats auprès d’un commerçant en utilisant le « M-wallet » qui se trouve au préalable dans son téléphone portable.
A noter que ce nouveau système de paiement a été adopté par plusieurs banques et établissements de paiement qui ont déjà lancé leurs propres wallets (porte-monnaie virtuel), les deux régulateurs ont présenté leurs premières estimations du marché ainsi que les premières règles de place du nouvel écosystème.
Paiement mobile : les forces en présence
11 agréments ont été octroyés jusque-là dont aux trois opérateurs télécoms pour le paiement mobile. Les opérateurs sont notamment : Maroc Telecom Cash, Orange Money, Wana Money, Barid Cash… Huit entreprises ont également été homologuées et l’interopérabilité entre elles sera possible dès la fin du mois de novembre. Il s’agit de Banque Populaire, BMCE Bank, CIH Bank, Crédit agricole du Maroc, Wafacash, Société Générale, Maimouna Services financiers. Ces entreprises ont demandé des incitations fiscales pour soutenir le développement du paiement mobile. Entre autres, supprimer le droit de timbre de 1 DH. A noter que les transactions entre 50 et 100 DH seront gratuites pour le client et le commerçant.
M-Wallet : les nouvelles règles de l’écosystème
D’après l’ANRT et BAM, l’offre se basera sur 5 services gratuits : la souscription au wallet, sa recharge en espèces, les paiements commerçants pour le payeur (hors paiement de factures), la consultation de solde, ainsi que la résiliation du wallet. Les coûts des SMS, d’interopérabilité et de mise à disposition au niveau des GAB seront convenus entre les acteurs de la place (opérateurs télécoms, Switch, et établissements bancaires et de paiement). La commission d’interchange sera pour sa part plafonnée.
En dehors de ces règles, chaque acteur gardera la liberté de positionner son offre comme il le souhaite, et de l’enrichir des services complémentaires de son choix.
Par ailleurs, BAM a prévu une réglementation spécifique au paiement mobile dans le cadre de ses missions de surveillance et de supervision. Le Wali de Bank Al-Maghrib a émis une décision réglementaire ayant pour objectif de fixer les règles régissant le paiement mobile domestique devant être observées par les banques et établissements de paiement, et a prescrit également des mesures concernant la protection des usagers de cet instrument.
Les conditions d’ouverture de compte seront aussi moins contraignantes. Le numéro de téléphone suffira pour l’ouverture d’un compte de paiement de moins de 200 DH. Il faudra présenter une carte d’identité pour un compte de 200 à 5.000 DH. Au-dessus, il faudra renseigner une fiche. Les comptes de paiement sont plafonnés à 20.000 DH. Un client a la possibilité d’avoir autant de comptes que d’acteurs. Le processus de paiement a été standardisé. Il s’effectuera par simple saisie du numéro de téléphone ou d’un code QR. Celui-ci sera identique chez tous les commerçants. La solution de paiement mobile fonctionnera uniquement sur les smartphones (22 millions en circulation).
Pour les autres terminaux, les négociations se poursuivent entre les banques et les opérateurs télécoms pour l’implémentation. Pour les opérateurs, le nombre de transactions sera déterminant pour encourager les investissements. La dématérialisation de certaines prestations sociales ou encore le paiement des factures des services de proximité devraient générer du flux.
Enfin, BAM estime que la solution captera 60 Milliards DH sur la période 2019-2024, avec à terme 1,3 milliard de transactions, 6 millions d’utilisateurs, et 51.000 agents/commerçants faisant partie du réseau d’acceptation. La Banque centrale annonce également une stratégie de communication et de sensibilisation auprès des commerçants dès le début de l’année 2019 afin de mieux vulgariser la solution.
Avec cio mag