Pour la première fois, le roi du Maroc prononcera son discours commémorant la Marche verte du 6 novembre depuis un pays étranger. En choisissant le Sénégal, il veut faire du Sahara une préoccupation africaine.
Fait exceptionnel, le roi Mohammed VI prononcera son traditionnel discours du 6 novembre, célébrant la Marche verte, depuis Dakar où il entamera une visite officielle le même jour après un séjour privé au Gabon.
Sa décision de faire de la capitale sénégalaise le lieu de célébration de cette date importante dans le processus de libération du Sahara du joug espagnol vient « en considération de la profondeur des liens fraternels, spirituels et humains qui unissent le Maroc et le Sénégal, de la place spéciale dont jouit l’Afrique auprès de Sa Majesté le Roi et de l’ensemble des Marocains », annonce un communiqué de la Maison royale, diffusé le 4 novembre. Mohammed VI ne s’est jamais adressé aux Marocains en-dehors de leur pays.
Choisir le Sénégal pour parler de sa priorité diplomatique numéro 1 n’est pas fortuit. Le pays de la teranga est son premier pont vers l’Afrique subsaharienne. Il lui a réservé huit 8 visites officielles depuis son intronisation en 1999. Fidèle allié du Maroc sur la question de son intégrité territoriale, le Sénégal est aussi son premier partenaire économique en Afrique subsaharienne.
Macky Sall élogieux à l’égard de Mohammed VI
Dans une déclaration télévisée diffusée le 4 novembre, le président sénégalais, Macky Sall, a remercié le souverain de « sa marque d’amitié et de confiance » à l’égard de son pays. « On n’est plus dans le cas des relations traditionnelles diplomatiques. Ce sont des relations d’amitié spéciales qui corroborent cette relation bien particulière entre le Sénégal et le Maroc », a t-il déclaré.
Louant « la vision et l’ambition » de Mohammed VI pour l’Afrique, il a ajouté que le fait que ce dernier « soit si régulièrement dans les savanes africaines, dans les forêts africaines, dans les contrées, les villes et les campagnes africaines, est la marque d’un choix qu’il lui plaît de souligner ».
Le Sahara, un problème africain
À Dakar, Mohammed VI veut imposer le Sahara comme une question africaine qui transcende les frontières algéro-marocaines, fermées depuis 1994, et la guerre d’influence qui se joue au sein de l’ONU. En avril, une résolution défavorable au Maroc a failli être adoptée, conséquence d’un bras de fer qui a opposé le royaume chérifien au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, accusé d’avoir tenu des propos anti-marocains dans les camps de Tindouf.
Pour mettre fin à ce conflit historique qui dure depuis 40 ans, Rabat a décidé de revenir au sein de l’Union africaine (UA) après 32 ans d’absence et de faire pression en son sein afin d’obtenir l’expulsion de la République arabe sahraouie démocratique 5RASD), qui y siège en tant que membre. Parallèlement, actionnant les leviers économiques et diplomatiques, le roi du Maroc se réconcilie avec les pays hostiles à sa position sur le Sahara et enfile le costume de porte-parole « d’une Afrique qui crée ses propres conditions de développement ».
Un discours fédérateur
Sur la quarantaine de chefs d’États qui assisteront à la Cop 22, grand-messe du climat qui démarre ce lundi 7 novembre à Marrakech, 26 sont africains, preuve que ce rendez-vous mondial sera particulièrement consacré au continent. En vue de les amener à parler d’une seule voix pendant cette Cop, Mohammed VI a invité ses pairs à un sommet spécial qui aura lieu le 16 novembre.
Avec jeuneAfrique