C’est à l’Afrique que le roi du Maroc a exclusivement consacré son message à la nation prononcé dans la soirée de ce dimanche 20 août à l’occasion de la commémoration du 64 e anniversaire de la révolution du roi et du peuple. Le souverain marocain est revenu sur les raisons qui expliquent l’orientation africaine du Maroc et, dans une approche qui tient plus à une conviction personnelle, a tenu à lever toutes les équivoques sur les tenants et les aboutissants du retour du Royaume au sein de l’Union africaine ainsi que son ambition d’intégrer la CEDEAO.
« En ce qui nous concerne, l’Afrique représente l’avenir qui commence aujourd’hui » : la profession de foi de Mohammed VI, le roi du Maroc qui adressait ce dimanche 20 août un message à la nation à l’occasion de la célébration du 64 e anniversaire « de la révolution du roi et du peuple ».L’événement est une fête nationale qui rappelle la déportation par les autorités coloniales françaises du Sultan Mohammed V vers Madagascar en 1953, mais cette fois, Mohammed VI a exclusivement consacré son discours au continent africain. L’occasion pour le souverain marocain de revenir sur les relations qui lient le Maroc à son continent et surtout de justifier les motivations qui sous entendent l’offensive du Royaume en Afrique dont la dynamique s’est intensifié depuis son accession au pouvoir le 23 juillet 1999.
« Le choix du Maroc de se tourner vers l’Afrique n’a pas été le fruit d’une décision fortuite. Il n’a pas été non plus dicté par des calculs conjoncturels ou des supputations éphémères. Il est plutôt le gage de notre fidélité à cette histoire commune, et l’expression d’une foi sincère dans la communauté de destin qui nous rassemble ».
Pour le roi du Maroc qui a fait la genèse de l’histoire des relations maroco-africaine depuis le temps des indépendances dans les années 1960 jusqu’à son retour au sein de l’Union Africaine (UA), en janvier 2017, « l’engagement du Maroc à défendre les causes et les intérêts de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui ». Et d’expliquer, avec un brin d’une ode au continent, que cette orientation africaine est également « l’aboutissement d’une méditation profonde et réaliste, organisée autour d’une vision stratégique inclusive à long terme, et adossée à une approche graduelle fondée sur la notion de consensus ».
« Axée sur une connaissance pointue de la réalité africaine, notre politique continentale est magistralement illustrée à travers plus de cinquante déplacements effectués au cours de notre règne dans plus de vingt-neuf pays, dont quatorze ont été visités depuis octobre dernier. Elle s’articule également autour de la promotion des intérêts communs par la mise en place de partenariats solidaires gagnant-gagnant ».
« L’Afrique, mon amour »
Ce n’est pas la première fois que Mohammed VI fait la part belle à l’Afrique dans un de ses messages à la nation adressé aux marocains. Le 6 novembre, c’est depuis Dakar que le roi du Maroc a tenu a livrer un message à son peuple à l’occasion du 41è anniversaire de « la Marche verte », une autre fête nationale qui célèbre la récupération par le Royaume du Sahara occupée jusqu’en 1975 par l’Espagne.
Cette fois pourtant, la touche particulière c’est l’approche personnelle qui se dégage du discours qui particularise le message royal, qui fait exception en ce sens que c’est l’une des rares adresses où Mohammed VI semble presque se confesser comme l’atteste le recours à maintes occasion du « moi »personnel, en lieu et place du « Nous » d’usage protocolaire.
Cela se dégage tout au long du discours royal, le retour cette année du Maroc au sein de l’UA que le pays a quitté en 1984 en raison de certaines divergences avec l’organisation panafricaine sur le dossier du Sahara, a été un tournant décisif de son règne. « La réintégration par le Maroc de l’institution continentale constitue un tournant diplomatique majeur dans la politique extérieure de notre pays » a explicitement affirmé Mohammed VI. Et, d’affirmer que « ce retour est essentiellement le début d’une nouvelle étape qui sera marquée par un travail conjoint avec tous les pays africains pour donner corps à un véritable partenariat solidaire et œuvrer ensemble à l’essor de notre continent et à la satisfaction des besoins des citoyens africains ».
Le roi du Maroc a tenu à illustrer ses propos par les actions déjà enregistrés sur le terrain par cette présence marocaine en Afrique en se référant aux mégaprojets de développement lancés, comme le gazoduc atlantique Nigéria-Maroc, la construction de complexes de production d’engrais en Ethiopie et au Nigéria, la réalisation de projets de développement humain destinés à améliorer les conditions de vie des populations africaines, comme les services et les installations sanitaires, les établissements de formation professionnelle, les villages de pêcheurs.
Lever toutes les équivoques
Conscient du fait qu’en plus du retour du Maroc au sein de l’UA, son offensive en Afrique qui s’étend désormais au delà de la traditionnelle zone Afrique francophone et surtout de sa volonté d’intégrer CEDEAO D’abord pour les pays membres de la CEDEAO ensuite pour les citoyens marocains.
« Nous tenons à remercier les dirigeants des Etats-membres de cette communauté (CEDEAO, NDLR) d’avoir donné leur accord de principe pour l’adhésion du Maroc à cette entité régionale, en tant que membre à part entière. Etant donné que cette organisation constitue un prolongement naturel de l’Union Africaine, il ne fait aucun doute que l’adhésion du Maroc à ces deux ensembles contribuera à l’essor économique du continent et à son développement humain ».
« Nous avons choisi de mener une politique de solidarité à l’égard du reste des pays africains en mettant en place, avec eux, des partenariats équilibrés, sur la base du respect mutuel et dans l’intérêt bien compris des peuples africains » a confessé Mohammed VI. Et à l’adresse des autres partenaires que cette offensive marocaine semble diriger à en croire certaines déclarations ou position affiché régulièrement par certain pays, le souverain marocain a été on ne plus clair. « Le Maroc n’a jamais cherché à faire valoir l’argent comme monnaie de change dans ses rapports avec ses frères africains. Il a plutôt fait le choix de mettre son savoir-faire et son expérience à leur disposition, car nous sommes persuadé que la vraie source de profit pour les peuples n’est pas l’argent précaire, mais l’essence impérissable de la connaissance ».C’est ce qui explique, selon Mohammed VI, que beaucoup de partenaires sur continent sollicitent la coopération du Maroc et son soutien pour appuyer leurs efforts dans de nombreux domaines. « Ils ont, en effet, conscience de la volonté qui nous anime de construire avec eux des partenariats fructueux, axés sur des investissements et des programmes rigoureusement définis associant les secteurs public et privé dans les pays concernés » a déclaré le roi du Maroc.
L’Afrique, une plus-value pour les marocains
A l’endroit des citoyens marocains, le roi a tenu également a expliqué les avantages de cette orientation africaine dans le sens de dissiper toutes les inquiétudes.
« En réalité, l’orientation du Maroc vers l’Afrique ne changera rien à nos positions et ne se fera pas au détriment des priorités nationales. A l’inverse, elle apportera une plus-value à l’économie nationale et contribuera à renforcer les relations de notre pays avec sa profondeur africaine ».
Mohammed VI n’a pas manqué de rappeler, en plus des intérêts économiques, les raisons géostratégiques de ce choix qui « s’est répercuté directement et de façon positive sur la question de notre intégrité territoriale, comme en témoignent les positions des pays à ce sujet et les décisions de l’Union Africaine y afférentes ».
A la veille de son 54 e anniversaire, célébré ce lundi 21 Août,le discours « africain » du roi, imprimé d’une touche personnelle, a pris presque les allures d’une confession et pour bon nombre de marocain, cela en renforce la crédibilité et surtout la sincérité à l’endroit des citoyens du pays mais aussi et surtout des « frères africains » comme le dise les marocains depuis quelques années, preuve de l’appropriation nationale dans le pays de l’approche royale envers le continent.
Avec latribuneafrique