Dans la lancée du TGV Al boraq, révélé au monde en début de semaine, le roi du Maroc a inauguré samedi dernier la gare ferroviaire de Rabat-Agdal qui devrait booster l’essor économique de la capitale et stimuler la croissance de son tissu urbain. Construit en un temps record, le bâtiment moderne et lumineux s’inscrit dans le projet «Rabat-ville lumière».
Dans le cadre de sa stratégie de développement tous azimuts, l’Office national des chemins de fer (ONCF) a présenté la nouvelle gare de Rabat-Agdal, en présence du roi du Maroc, Mohammed VI. Lancée dans une logique de refondation ferroviaire, ce sont 3 000 entreprises qui ont été mobilisées par l’ONCF et 18 000 emplois qui ont été créés dans le cadre de ces grands travaux sur la période 2010-2017.
Créée pour relayer une gare centrale vieillissante, Rabat-Agdal accompagne la mise en service du train à grande vitesse Al boraq et absorbera des flux croissants de voyageurs, tout en impulsant une nouvelle dynamique urbaine.
La gare Rabat-Agdal, jadis essentiellement consacrée au fret, reconfigure le visage de la ville et constitue un pont entre le quartier populaire situé du côté du célèbre boulevard Hassan II (parvis Nord bénéficiant d’un nœud multimodal avec des accès aux taxis, bus et tramway) et le quartier moderne Agdal (parvis Sud s’ouvrant sur le boulevard Ahmed Charkaoui).
C’est avec une certaine fierté que Meheli Youssef, l’architecte du projet, s’est félicité de ce chantier réalisé en temps record de 28 mois : «C’était un véritable défi, car il nous a fallu réaliser les travaux reliant deux quartiers de la ville, alors que les trains étaient toujours en circulation».
Une réalisation 100% marocaine
Jusqu’à 300 employés marocains par jour au pic des travaux se sont attelés à la construction du bâtiment construit sur trois étages. Au niveau des quais, le rez-de-chaussée accueille les bureaux de l’ONCF et les locaux techniques, ainsi qu’un salon d’honneur.
Le premier étage (niveau esplanade) a été imaginé comme un pont qui abrite la billetterie, les halls d’embarquement, une salle de prière, le salon grands voyageurs et les accès aux quais, mais aussi de nombreuses enseignes commerciales. Enfin, le troisième niveau pensé comme un lieu de détente accueille un food-court et des espaces de détente.
Les trois principales entreprises sollicitées sur ce projet sont marocaines : TGCC pour les gros œuvres, Talbo pour la façade et InterTridim pour la structure métallique. «C’est un projet 100% marocain», explique Meheli Youssef.
L’espace est lumineux et «la géométrie rappelle les tapis et les moucharabiehs, car nous avons cherché à réunir l’authenticité naturelle à la modernité de notre époque», déclare l’architecte qui conclut que «l’ambition originelle était de réaliser un projet citoyen qui puisse réunir tous les Marocains».
Un bâtiment respectant les standards environnementaux
L’aspect environnemental intégré à la base de cette révolution ferroviaire devrait permettre d’éviter l’émission de près d’un million de tonnes équivalent carbone sur les dix prochaines années. Les lampes LED et panneaux photovoltaïques permettront de réaliser 25% d’économie d’énergie. «Nous avons construit un bâtiment bioclimatique et la double peau du bâtiment va permettre de réguler la température. Par ailleurs, nous avons opté pour un éclairage zénithal afin de profiter au maximum de la lumière naturelle et de bénéficier d’une climatisation naturelle constante», explique-t-il.
La modernité du bâtiment et l’ergonomie devraient favoriser le «bien-être» des passagers, selon l’architecte et aucun passager ne sera oublié. La gare a, en effet, a été conçue pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite (PMR). On y trouve donc des rampes d’accès au niveau du parking, du passage souterrain et du hall d’entrée, mais également des places réservées au niveau des bancs d’attente, un guichet spécial, des sanitaires adaptées ou encore un chariot élévateur d’accès aux trains. Par ailleurs, des places de parking réservées aux PMR ont été intégrées aux 800 espaces disponibles de part et d’autre de la gare ferroviaire.
En chiffres, «la plus grande gare du Continent», selon Youssef Melihi, d’une surface globale de 23 000 m2, compte désormais 6 quais et 10 voies. Les aménagements extérieurs s’étendent sur 70 000 m2 auxquels s’ajoutent les 34 000 m2 de parking. Le projet dans son ensemble aura coûté quelque 800 millions de dirhams.
Avec la tribune afrique