L’allongement des délais de paiement est l’un des freins majeurs à la compétitivité de l’économie marocaine. Un phénomène qui s’est accentué depuis 2015, suite au ralentissement de la croissance en 2016 et les cinq mois d’incertitude politique. Résultat des comptes, les opérateurs économiques restent loin de se conformer au délai de 60 jours prévu par la loi.
Les délais de paiement font partie des freins à la croissance économique marocaine, un frein dont l’effet a été accentué par le ralentissement économique enregistré en 2016 avec une croissance de 1,4%. Bien que les pronostics évoquent une amélioration de la croissance en 2017 avec un taux estimé à 4%, la question des retards dans les délais de paiement reste un problème majeur pour les opérateurs économiques marocains.
Une loi sans effet
L’ampleur prise par la question a par ailleurs poussé à l’adoption en août 2016 de la loi 49-15 visant à étoffer le cadre réglementaire régissant les délais de paiement en réduisant cette durée à 60 jours entre l’émission de la facture et le paiement définitif. Un dossier suivi de près par la filiale marocaine du cabinet Coface qui vient de publier les résultats de sa troisième enquête consécutive sur la question.
«Les résultats préliminaires de cette enquête montrent un allongement des délais de paiement en 2017 et ce, quels que soient le secteur d’activité, la taille et le type d’entreprise. Ce constat diffère nettement de ce qui a été présenté dans les enquêtes précédentes. En 2017, le délai moyen de paiement serait de 99 jours, contre 82 en 2016», signalent les enquêteurs de Coface.
Une situation loin de trouver une issue
Ce qui signifie que malgré la mise en application de la loi 49-15, les délais enregistrés lors de l’enquête restent loin des 60 jours réglementaires. Pour les analystes de Coface, cette tendance pourrait «être temporaire et s’expliquerait par des facteurs conjoncturels». Il n’empêche que sur un échantillon de 256 entreprises, le taux de répondants affirmant que l’encaissement des factures se situait entre 30 et 60 jours est passé de 30% en 2015, à 24% en 2016 pour s’établir finalement à 11% en 2017.
En moyenne, les délais de paiement se sont situés à 66 jours en 2015, 82 jours en 2016 et à 99 jours en 2017. D’ailleurs, le secteur de la construction reste le plus touché par le phénomène, avec une moyenne de 105 jours au cours du premier semestre 2017, suivie de la distribution avec 102 jours, les services aux entreprises 98 jours ou encore l’agroalimentaire qui enregistre une moyenne de 90 jours. Coface a par ailleurs précisé que cet allongement des délais de paiement enregistré lors des six derniers mois concerne autant les entreprises privées que publics.
Pour les analystes de Coface, cette situation s’explique par le ralentissement économique enregistré en 2016, notamment la contraction du PIB agricole de plus de 10% dont les répercussions sur l’activité des entreprises se sont fait ressentir jusqu’au premier trimestre 2017. D’ailleurs, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 15% lors de la même période, avec un pic entre décembre 2016 et janvier 2017. Les cinq mois d’incertitude politique ont également eu un impact sur les délais de paiement.
Avec latribuneafrique