Entreprises conscientes, sociétés d’utilité publique, entreprises à vocation missionnaire autant d’appellations qui désignent les activités des entrepreneurs sociaux. Ces défenseurs d’un nouveau genre d’entreprises réunis à Essaouira, au Maroc, pour élaborer des solutions visant à accroître le rôle et la place des acteurs économiques qui œuvrent, entreprennent en priorité pour avoir un impact positif au sein de la société.
Les entrepreneurs sociaux donnent le ton. Ils sont près d’une centaine de penseurs, d’entrepreneurs, d’officiels, de chercheurs, d’artistes, venus d’Afrique, d’Europe et d’Asie à se réunir du 30 juin au 1er juillet à Essaouira au Maroc pour la première édition des « Etats généraux des entreprises et des entrepreneurs sociaux ». La manifestation organisée par Thinkers and Doers en collaboration avec la Fondation Essaouira-Mogador offre un cadre de réflexion et d’action pour accompagner le mouvement des entreprises et entrepreneurs citoyens qui ont décidé de se développer tout en agissant différemment, en s’engageant dans un capitalisme plus responsable et consciencieux. Les deux jours de réflexions, ont abouti à la déclaration d’Essaouira, un texte explorant les moyens d’agir à présenter au sommets du G20 et de l’Union africaine.
Les travaux ont démarré en présence d’André Azoulay, conseiller du roi et président de l’association Essaouira-Mogador, de Cheikha Lubna Al Qasimi, présidente de l’Université Zayed aux Emirats Arabe unis, de Mostapha Terrab, PDG du producteur marocain des phosphates le groupe OCP, d’Amandine Lepoutre fondatrice et coprésidente de Thinkers et Doers et d’Othman Ferdaous secrétaire d’Etat chargé de l’investissement au ministère de l’industrie et du commerce du Maroc, dont les discours respectifs ont soulevé des questions abordées dans les ateliers.
Ces derniers ont porté sur la formation d’une nouvelle génération de leaders responsables, le développement des partenariats public-privés à impact social, l’investissement pour le soutien de l’entrepreneuriat citoyen, l’émergence d’un nouvel écosystème de travail, la bonne gouvernance, la transition énergétique des entreprises, l’agriculture durable et écologique. Un ensemble à la base de l’émergence, du développement de l’entrepreneuriat social.
Esquisser des perspectives nouvelles pour un développement durable et inclusif
Amandine Lepoutre, présidente et co-fondatrice de Thinkers et Doers, a tenu à rappeler l’esprit de la rencontre placée sous le signe d’un « rassemblement d’idées, de coopération d’engagements collectifs qui accélérera l’impact de la citoyenneté d’entreprise et mettra en place un réseau de citoyens corporatifs plus forts ». Il s’agit de prendre des solutions imaginées par des entreprises engagées, des entrepreneurs créatifs pour esquisser des perspectives nouvelles pour un développement durable et inclusif. De la même manière, la présidente de l’université Zayed aux Emirats arabe Unis, Cheikha Lubna, a vu dans l’entrepreneuriat social un levier, un outil efficace dans l’effort d’instituer des changements positifs dans les domaines économiques et sociaux.
Une idée partagée par Lamia Kamal-Chaoui, directrice du centre pour entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes de l’OCDE qui a rappelé la mission citoyenne dévolue à l’entreprise.
« Aujourd’hui, l’entreprise sociale, la mission citoyenne doit être l’affaire de toutes les entreprises quelques soient leurs tailles ou secteurs d’activités (…). Cela en prenant des engagements forts pour améliorer leur impact environnemental, le bien être de leurs salariés ou encore en s’engageant pour le développement d’une communauté », a-t-elle déclaré.
L’OCDE accompagne et soutient le mouvement de l’entrepreneuriat social par le biais de principes directeurs à l’intention des multinationales et d’un guide pour une conduite responsable de l’entreprise. « La création d’écosystèmes locaux qui est l’une des caractéristiques des entreprises citoyennes et en particulier les entreprises sociales représente un chantier d’avenir. Il s’agit de promouvoir un nouveau modèle économique inclusif et respectueux de l’environnement »,estime la représentante d’OCDE, qui a insisté sur le rôle, la responsabilité des PME génératrices de 30 à 67% du PIB en Afrique subsaharienne et de 67% des emplois en Afrique. Le continent a été représenté par des entrepreneurs sociaux venus du Rwanda, du Sénégal, du Nigéria, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Ghana, de la Guinée Conakry, d’Afrique du Sud, de la Tunisie. Les entreprises du Maroc, pays hôte, ont également été présentes.
« L’entreprise, ce sont des hommes et des femmes qui sont forts. Il faut simplement les leaders pour qu’ils puissent exprimer pleinement cette citoyenneté. A l’OCP, nous avons encouragé nos collaborateurs à prendre jusqu’à 4 semaines par an, s’ils le veulent, payés par l’entreprises pour s’engager dans la citoyenneté. C’est en libérant ces travailleurs d’entreprises pour qu’ils puissent exprimer pleinement leur citoyenneté que l’on aura des entreprises citoyennes», a affirmé Mostapha Terrab, PDG d’OCP.
Les artistes au rendez-vous
Outre les panels et ateliers, les Etats généraux de l’entrepreneuriat citoyen ont donné la parole aux artistiques à travers des travaux réalisés par le trio RERO, JR et Sam Baron – en collaboration avec la fondation Montresso de Marrakech – dont les expositions accueillent les visiteurs.
A l’entrée de la médina, les visiteurs découvrent les sculptures en acier de l’artiste RERO aux inscriptions évocatrices – « les mots s’envolent et les actes marquent », « Le temps emmène nos rêves au loin » – un appel à l’échange au dialogue et au rêve. Le rêve c’est celui de l’artiste JR qui, a photographié 183 expressions rêveuses d’habitants d’Essaouira, ville du vivre-ensemble et du dialogue inter-religieux, classée patrimoine mondial de l’Unesco.
Avec latribuneafrique