Marcel Hochet fait partie des rares entrepreneurs français à avoir misé depuis longtemps, 2004 précisément, sur le Nigeria. Il y a d’abord dirigé la filiale locale du géant hexagonal Schneider Electric avant d’y consacrer l’essentiel des efforts de sa propre entreprise, GreenElec, spécialisée dans le solaire. Fin connaisseur de la première économie du continent, il est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique samedi 13 janvier sur RFI, à 12h10 heure de Paris, 11h10 TU.
• Un grand potentiel
« Le Nigeria fait peur. Les soubresauts liés aux attentats font peur aux entreprises, et il est vrai que c’est un pays difficile à pénétrer. Mais le Nigeria a un grand potentiel : il abrite la première population d’Afrique et la troisième au niveau mondial d’ici à vingt ou trente ans, derrière la Chine et l’Inde. C’est le premier pays pétrolier et la première ou deuxième puissance économique du continent. Le PIB de Lagos représente celui du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal réunis. »
• Corruption
« On m’a régulièrement demandé des dessous-de-table. L’élection de Muhammadu Buhari a suscité beaucoup d’espoirs dans ce domaine, mais je ne suis pas certain que la lutte contre la corruption, qui a été son grand cheval de bataille, soit une réussite. Dans les faits, il y a toujours autant de sollicitations qu’auparavant : pour avoir certaines affaires, pour obtenir un paiement, et puis dans le domaine des impôts, des douanes… »
• Crise électrique
« Lorsque je suis arrivé au Nigeria en 2004, le pays produisait 3GW. Aujourd’hui, il a atteint 3,5 ou 4GW alors qu’il en faudrait 40, ce que produit l’Afrique du Sud pour 48 millions d’habitants seulement. Les attentats sur les pipelines alimentant les centrales en gaz expliquent en partie cela. L’autre raison tient à l’obsolescence du réseau de transport, des problèmes de maintenance des centrales et à une semi-privatisation de la production qui n’a pas apporté de solutions. Toute la filière est en grande difficulté financière, notamment parce que les subventions ne sont pas payées par l’État. Selon moi, la solution pour régler ce problème est de développer fortement la production hors-réseau, notamment solaire. C’est cela l’avenir. »
• Franc CFA
« Je suis convaincu de la pérennité du F CFA et [du fait] que la France fera ce qu’il faut pour maintenir cette monnaie en raison des relations entre Paris et les pays africains concernés. La France a intérêt à maintenir cette situation en raison de l’offensive de nombreux autres pays dans cette région. Le F CFA est donc utile, je suis moins certain de son efficacité. »
Avec jeuneafrique