Le bio est-il meilleur pour la santé ? Est-il une garantie d’alimentation équilibrée ? Le bio respecte-t-il le bien-être animal ? Sciences et Avenir répond à ces questions récurrentes sur l’alimentation bio.
Manger bio est-il meilleur pour la santé ?
Une méta-analyse, parue en 2014 dans le British Journal of Nutrition sur la base de 343 études originales, a établi que les produits de grandes cultures issus de l’agriculture biologique, notamment les céréales, contiennent quatre fois moins de pesticides et moins de cadmium — un métal lourd toxique — que ceux issus de l’agriculture conventionnelle. « Des travaux montrent que les urines des personnes adoptant une alimentation “bio” contiennent jusqu’à 10 fois moins de résidus de pesticides. Parallèlement, certains d’entre eux commencent à établir un lien entre l’exposition à ces résidus et le surpoids », précise Denis Lairon, directeur de recherche à l’Inserm. Au cours des trente dernières années, la recherche a déjà établi un lien entre exposition aux pesticides et maladie de Parkinson et cancer de la prostate. Ce lien existe également avec certains cancers hématologiques survenant non seulement chez les agriculteurs mais aussi chez leurs enfants et les populations rurales pourtant non exposées professionnellement.
Le bio est-il une garantie d’alimentation équilibrée ?
L’étude française BioNutriNet (2013) a examiné l’attitude et la fréquence de consommation d’aliments “bio” de 50.000 adultes. Selon ses résultats, cette alimentation spécifique fournit les mêmes apports caloriques moyens qu’une alimentation conventionnelle, mais ses adeptes sont plus proches des recommandations nutritionnelles. En effet, ils consomment plus de fruits (+31 % chez les femmes ; +20 % chez les hommes), de légumes (+27 % pour les deux sexes), de légumes secs, de fruits à coque ou encore de céréales complètes. À l’inverse, ils consomment moins de charcuterie, de sodas et d’alcool. Conséquences de cette alimentation plus saine : des apports plus importants en nutriments d’intérêt, comme les vitamines et les minéraux (+10 à +20 %), d’acides gras oméga 3 (+20 %) ou encore de fibres (+27 %). Mais tous les produits estampillés « bio » ne sont pas sains pour autant car les labels bio, qu’ils soient officiels français (AB), européens ou privés (Demeter, Bio Cohérence…), ne garantissent pas la qualité nutritionnelle des aliments. Leurs cahiers des charges stipulent qu’au moins 95 % des ingrédients des produits bio sont issus de l’agriculture biologique, et dans le cas des produits et sousproduits animaux, que les animaux sont “principalement” nourris avec des aliments bio. Ils limitent également la liste des additifs autorisés à 48 (moins pour certains labels privés) contre plus de 320 dans l’alimentation conventionnelle. En revanche, libre au fabricant de concocter la recette de son choix avec ces ingrédients, aussi grasse, salée, ou sucrée soit-elle.
Le bio respecte-t-il le bien-être animal ?
Le label garantit globalement de meilleures conditions d’élevage. Ainsi dans le cas des poules pondeuses, il impose un maximum de6 volatiles au mètre carré, contre 9 en élevage plein air et 13 en élevage en batterie. Dans le cas des porcs, l’espace de vie pour chaque animal doit être de 2,5 m2 avec un accès à l’extérieur contre 0,65 m2 sur caillebotis. En revanche, le label ne garantit pas grand-chose en matière d’abattage, sinon l’interdiction de l’utilisation de simulateurs électriques pour étourdir l’animal.
Le vin bio est-il exempt de tout soupçon ?
Sans pesticides, sans engrais, sans OGM… c’est ce qu’impose la réglementation européenne aux vins pour obtenir le label Agriculture biologique (AB). Plus de 35 % des Français déclarent aujourd’hui en consommer. Pourtant, certains de ces vins sont tout de même contaminés par des traces de pesticides comme l’a montré une enquête du magazine Que Choisir en 2013. La question de la valeur du label se pose donc, tout particulièrement en France, quatrième consommateur de pesticides au monde et premier en Europe. Alors que des études établissent un lien entre l’exposition aux pesticides et le développement de cancers et de maladies neurodégénératives, des viticulteurs choisissent de s’imposer des règles plus strictes, comme celles de la biodynamie ou de l’association des vins naturels avec des logos tels que Demeter ou AVN. Outre les engagements “bio”, ils prônent un processus de vinification sans additifs chimiques, et notamment sans sulfites. En 2011, l’Anses avait en effet révélé que 3 % des Français dépassait la dose journalière autorisé de sulfites, pointant clairement la consommation de vin. Un chiffre inquiétant car des études ont démontré que ces composés chimiques peuvent provoquer des manifestations d’intolérance, voire des réactions graves chez les individus sensibles comme les asthmatiques.
avec sciencesetavenir