Ils sont cinq entrepreneurs, cinq fervents croyants. Ces patrons riches n’ont qu’un dogme: ne pas être esclave de leur argent. La religion nourrit leur activité professionnelle, la régénère même.
Leur obsession, c’est précisément de ne pas accumuler. Car pour eux, il y a richesse et richesses. Ils sont fortunés, mais l’abondance matérielle mesurée en millions d’euros ne les attire pas. Ce qui les motive, à côté de leur entreprise, c’est leur foi religieuse: un investissement qu’ils trouvent beaucoup plus intéressant que leur argent.
Fervent catholique, père de six enfants, Jacques d’Armand de Chateauvieux (160e fortune française avec 420 millions d’euros) tente d’assister chaque jour à la messe. Le PDG du groupe Bourbon ne cache ni sa foi ni son soutien à l’Opus Dei, ce qui montre un engagement peu commun. “Faire partie de l’Opus Dei n’a pour moi rien de honteux, confiait-il à Challenges. J’ai la foi, je vais à la messe, je prie. Mais cela n’influe pas directement sur mon travail de manager. Si une décision légitime, même pénible, s’impose, je la prends. La foi donne juste une raison de plus de respecter certaines valeurs et de traiter le mieux possible les conséquences humaines. L’amour du prochain doit éclairer notre façon d’agir.”
“Efficacité inimaginable”
Pour certaines grandes fortunes, l’investissement dans la religion va bien au-delà de la demi-heure nécessaire à une messe de semaine. Fortune faite, Jean-Baptiste Descroix-Vernier, le créateur de Rentabiliweb, dédie sa vie à sa foi chrétienne et à ses engagements humanitaires en Afrique. Jérémie Berrebi a fait un choix presque aussi drastique: élevé dans une famille juive religieuse, cet homme d’affaires avisé, qui conseille les grands groupes et investisseurs sur leur stratégie digitale, décide, en 2004, d’aller plus loin. Il vend sa start-up et son appartement parisien pour s’installer avec sa femme et ses enfants à Bnei Brak, le quartier religieux de Tel-Aviv. Là, il donne la priorité à son rapport à Dieu. Levé avant 4h30, Jérémie Berrebi étudie la Torah jusqu’à 7 heures, “au milieu de 400 personnes, dans une salle magnifique”, dit-il, prie une heure, revient chez lui pour accompagner ses douze enfants à l’école (l’aîné a quatorze ans) et se replonge dans l’étude de 8h30 à 11 heures. Grâce à quoi, il assure “travailler chaque jour six heures pleines, avec une efficacité inimaginable”.
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