Rien ne va plus entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (rébellion) et le GATIA, bras armé des milices d’autodéfense pro-Mali. Il y a quelques mois, le GATIA a fait son entrée à Kidal, avec l’assentiment de la CMA, en application de ce qu’il a été convenu d’appeler les Accords d’Anéfis. Ces accords, passés entre les deux groupes rivaux, mais tous touaregs, avaient pour but de régler les différends entre gens de même ethnie et de même terroir, sans que l’Etat malien y soit impliqué. Les retrouvailles entre le GATIA et la CMA tendaient aussi à élaborer un schéma de gestion conjointe des circonscriptions administratives du nord, de manière à y mettre l’Etat en minorité. Bien entendu, la gestion de la cité de Kidal avait elle-même fait l’objet d’un modus vivendi. Il semble que ces dernières semaines, des désaccords soient nés entre le GATIA et la CMA au sujet de la gouvernance de Kidal. De plus, le GATIA ne serait pas tout à fait satisfait du partage du pouvoir au sein des autorités intérimaires, un partage qui s’annonce déséquilibré au profit de la CMA. En outre, alors que le rapprochement avec la CMA devait permettre au GATIA de bénéficier des mêmes privilèges que sa consoeur, rien de tel ne s’est produit: la CMA se fait recevoir en haut lieu à Koulouba et négocie ses prébendes, laissant le GATIA à son sort.Le GATIA croit donc en l’existence d’un complot Etat-CMA visant à l’écarter du processus de sortie de crise.
De leur côté, les animateurs de la CMA estiment que le GATIA joue double jeu, qu’il est un cheval de Troie de l’Etat malien à Kidal et qu’en réalité, il a pour objectif, non pas de fraterniser avec la CMA, mais plutôt d’aider l’Etat à liquider celle-ci. Par ailleurs, la CMA ne digère pas que le GATIA, malgré son admission à Kidal, ne se soit pas totalement alliée à la CMA contre l’Etat. Au bout du compte, la CMA souhaite que le GATIA sorte de Kidal, ce que ce mouvement refuse tout net, faisant valoir qu’il est composé d’Imghads qui sont des Touaregs originaires de Kidal au même titre que les Touaregs Ifoghas qui font la loi à la CMA. Du coup, chaque camp se prépare au combat. Selon nos sources, des renforts militaires ne cessent de venir à Kidal, envoyés par les groupes terroristes AQMI et Ançar Dine pour soutenir leur alliée de la CMA, ce qui, en soi, édifie sur les rapports CMA-terroristes. C’est pour prévenir une nouvelle guerre que le président IBK s’est rendu, dimanche, au Niger. Il ira solliciter la médiation de ce pays pour que les deux groupes armés n’en viennent pas aux mains. « Ce désordre naissant à Kidal fait, malgré tout, l’affaire de l’Etat malien car il pourrait en profiter pour réduire les revendications de la CMA à de plus justes proportions. Après tout, le GATIA n’est pas facile à combattre et pour éviter de perdre des hommes dans une bataille qui s’annonce rude, la CMA pourrait faire quelques concessions politiques qu’elle a refusées jusqu’à présent. », commente une source.
avec abamako