Un groupe armé malien pro-gouvernemental, le Gatia, a accusé mercredi l’ambassadeur américain de partialité, pour avoir pressé Bamako de rompre tout lien avec le Gatia, engagé depuis plusieurs mois dans des combats meurtriers avec l’ex-rébellion, et nié être une “milice” supplétive.
Le Gatia (Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés) “regrette profondément les propos tenus par l’ambassadeur”, Paul Folmsbee, mardi, et “dénonce son attitude partisane au profit de la CMA” (Coordination des mouvements de l’Azawad (ex-rébellion), selon un communiqué diffusé sur le compte twitter de son secrétaire général, Fahad Ag Almahmoud.
“Le Gatia n’a pas été créé par l’Etat du Mali pour suppléer l’armée malienne, dans un rôle de milice à sa solde”, mais pour défendre les populations imghad face à “des groupes armés qui les tuent et les humilient”, affirme-t-il, en référence aux rivalités tribales avec les Touareg Ifoghas, qui dominent l’ex-rébellion.
Il impute à la CMA la responsabilité des récents combats et exige “d’être présent à Kidal” (nord-est), que le Gatia a dû évacuer en juillet sous pression internationale, au même titre que les ex-rebelles, demandant à l’ambassadeur américain d’agir “de manière constructive et impartiale”.
“Le gouvernement du Mali doit assumer une plus grande responsabilité pour la mise en oeuvre du processus de paix”, a déclaré M. Folmsbee à la presse, rappelant que l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 par le camp gouvernemental et la CMA “exige que certaines mesures de base de renforcement de la confiance soient prises immédiatement”.
“Le gouvernement malien doit également mettre fin à tous liens, à la fois publics et privés, avec le Gatia, un groupe de milice armée”, a déclaré le diplomate.
Ces propos faisaient écho à ceux de l’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, lors d’une réunion sur le Mali aux Nations unies le 23 septembre, sommant le président malien Ibrahim Boubacar Keïta de se “concentrer sur des actes concrets et visibles”.
Elle a également exhorté Bamako à “cesser tout soutien à des groupes qui lui sont inféodés” impliqués dans les récents heurts, déplorant qu'”un général en exercice continue à diriger une milice du Nord”.
Elle faisait référence au général El Hadj Ag Gamou, un officier touareg loyaliste considéré comme un dirigeant du Gatia, bien que le groupe ait démenti.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du déclenchement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature de l’accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l’application accumule les retards.
Avec AFP