Comme nous l’annoncions à la Une dans notre parution N° 226 du mardi 12 Janvier dernier avec comme titre « Un nouveau gouvernement avant la fin de la semaine… », il en a été ainsi. Depuis donc le vendredi 15 janvier dernier, le Mali a un nouveau gouvernement, dirigé par le Premier ministre Modibo Keita, qui conserve son fauteuil en dépit des élucubrations qui le donnaient pour partant à sa demande pour raison de santé. Le remaniement en tant que tel n’a pas surpris l’opinion nationale car le changement opéré était inattendu. Mais c’est le départ de certains ministres qualifiés « d’intouchables », comment celui du Développement Rural, Dr Bocay Tréta qui suscite beaucoup de commentaires.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits ont donné en partie raison à votre bihebdomadaire préféré ‘’le Tjikan’’, qui, à travers des sources bien introduites avait eu la primeur de l’information selon laquelle, le remaniement ministériel tant attendu se ferait avant la fin de la semaine dernière. Si nos sources étaient imprégnées de l’imminence du remaniement, il n’en demeure pas moins qu’elles savaient très peu de choses sur le nombre et la qualité des départs annoncés. Comme, il nous a désormais habitués à la surprise, le président IBK a, à nouveau déjoué les pronostics. Il a tapé là où on s’attendait le moins. L’on savait qu’il était très fâché contre certains compagnons, dont Dr Tréta, mais l’on ne s’imaginait pas qu’il allait franchir le rubicon. Et bien, il l’a fait. Comme pour dire qu’il n’y a pas chemin tout tracé en politique. Du coup, IBK donne le ton de son affranchissement du carcan partisan pour dire qu’il n’y a qu’un seul maître à bord du bateau Mali. Surtout qu’il a horreur d’être bousculé. Bocary Tréta et les siens du RPM doivent donc patienter encore en attendant d’avoir le contrôle de ‘’l’hôtel primatorial’’. Surtout que le parti a accueilli la nouvelle avec philosophie. Dans un communiqué déposé à notre rédaction, il s’est montré plus compréhensif de la situation avant de féliciter le ministre Tréta pour les résultats obtenus à la tête du Département du Développement Rural. Que dire donc du départ de Mamadou Igor Diarra de l’Economie et des Finances qui caressait lui aussi le rêve d’occuper la Primature en lieu et place du vieux sage de Koulikoro, tandis que les deux sexagénaires (IBK et son aîné Modibo Kéita) n’avaient pas encore dit leur dernier mot ?
Dr Bocary Tréta tombe du haut de son piédestal
C’est dire que dans le nouveau gouvernement, le départ de Dr Bocary Tréta, tout puissant secrétaire général du parti présidentiel (Rassemblement Pour le Mali) et ‘’super ministre’’ du Développement Rural, jusqu’alors deuxième personnalité du gouvernement a surpris l’opinion tant nationale qu’internationale. Au point que le correspondant de RFI au Mali, Serge Daniel s’était senti obligé de revoir ses notes de journaliste pour trouver l’explication de son départ dans l’histoire des engrais de mauvaise qualité qui a défrayé la chronique un moment. Est-ce la vraie raison ? Pas si sûr. Le temps nous édifiera davantage.
Mais ce départ surprend d’autant plus qu’au sein des tisserands, c’est lui qui était désigné d’office pour la ‘’Primature’’. Une situation que lui-même n’a jamais cachée. Des sources dignes de foi, l’indexe d’être à l’origine des agissements des tisserands et de certains responsables de partis de la majorité qui n’ont jamais ‘’gobé’’ que le Premier ministre soit issu d’un parti politique autre que le RPM.
Alors IBK et son Premier ministre ont intelligemment travaillé dans l’ombre pour sortir un gouvernement qui surprend non seulement par sa taille, mais aussi et surtout par les changements institutionnels opérés et le choix des nouveaux promus. Ce changement en profondeur donne la preuve de la profondeur d’esprit de l’homme. Qui donne la priorité à la technicité dans la gestion et non l’approche partisane. Pour qui connaît le parcours professionnel du nouveau ministre de l’Agriculture, Kassoum Dénon, ancien PDG de l’Office du Niger et de l’Opération riz de Ségou, l’on est fondé de croire qu’IBK ambitionne de donner un contenu à son projet présidentiel, celui de faire du bonheur des Maliens sa priorité. L’on ne peut pas affecter 15% du budget à un secteur comme celui de l’Agriculture et s’amuser avec les résultats attendus. La volonté d’IBK de faire du Mali une puissance agricole ne souffre plus de doute. Comme on le dit, c’est au bijoutier qu’on montre l’or pour s’assurer de sa qualité.
L’expertise de Konimba Sidibé dans le domaine économique n’est plus à démontrer. Certes, il est politique. Mais, il a une qualité que nombre de politiciens n’ont pas. Il ne se prive pas de dire ses vérités quoique cela puisse lui coûter. Il a donné la preuve de son indépendance d’esprit à plusieurs occasions à l’Assemblée nationale comme député élu de Dioïla. Il disait publiquement tout haut à l’hémicycle ce que d’autres pensaient tout bas. Surtout que l’homme connaît notre économie à tous les égards. Il est aussi à la place qui lui convient. L’opposition est dans son rôle de critique, mais elle ne peut se douter de la compétence des cadres promus. L’URD de Me Demba Traoré peut ignorer la valeur intrinsèque de Kassoum Dénon, mais pas le président des FARE ANKAWILI, Modibo Sidibé, puisse qu’il a été une pièce maîtresse dans la conception et la mise en œuvre de l’initiative riz.
Des hommes expérimentés pour donner plus de tonus au gouvernement
Pour donner plus de tonus à ce gouvernement, le Premier ministre Modibo Keita a donc fait mieux d’appeler des sommités dans leur domaine de compétence. Pour remplacer les partants. Pour plus d’efficacité dans les actions, il a procédé à l’éclatement de certains départements, comme celui du Développement rural, qui devient le Ministère de l’Agriculture et celui de l’Elevage et de la pêche. Ainsi, Dr Bocari Tréta a cédé son fauteuil à Kassoum Denon et Nango Dembélé, précédemment Commissaire à la sécurité alimentaire. Celui-ci n’est pas en terrain inconnu puisqu’il a dirigé le même Ministère il y’a quelques années en tant que ministre délégué de l’Elevage et de la Pêche.
Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a aussi été scindé en deux. Me Mountaga Tall cède une partie de ses prérogatives (la Recherche Scientifique) au Pr Assétou Founè Samaké MIGAN, pour ne s’occuper que du seul portefeuille de l’Enseignement Supérieur. La création de ce nouveau département est la suite logique des recommandations adressées au président de la République le 28 décembre 2015 lors de la 2ème édition de la rentrée solennelle des universités, grandes écoles et instituts du Mali. Un évènement au cours duquel, Assetou Founè Samaké, alors Conseillère Technique au MESRS avait égrené les difficultés dans la recherche scientifique au Mali. Elle avait indiqué qu’il est nécessaire d’établir une symbiose entre l’enseignement et la recherche, car ‘’le meilleur enseignant est par définition le meilleur chercheur capable d’enseigner non pas seulement des savoirs constitués mais aussi capable de faire participer les étudiants et ses pairs au processus de construction de la connaissance’’.
Au nombre de défis soulevés en son temps, l’on retient le manque de ressources humaines pour la recherche, le vieillissement du personnel dont la relève n’est pas toujours assurée, les sureffectifs estudiantins et le manque d’enseignants-chercheurs. Elle a également évoqué le manque ou l’insuffisance notoire des financements de la recherche, la baisse du budget alloué à la recherche universitaire, l’absence ou la fragilité de stratégies nationales de financement et l’absence du secteur privé dans le financement de la recherche et de l’innovation au Mali, la mauvaise gouvernance, le manque de mécanisme de pilotage national pour la recherche et l’innovation, etc..
La création de ce département découle donc d’une volonté du président de la République de booster le domaine de la recherche scientifique au Mali.
D. Diama
Source: Tjikan