«Notre mission est d’assister le Gouvernement dans sa communication avec les citoyens»
Bonjour Madame. Pouvez-vous vous présenter à la population ?
Je suis Anne Marie Konan Payne, diplômée en gestion, management, stratégies et communication. Je suis Directeur Général du CICG (Centre d’Information et de communication Gouvernementale) depuis 2004. A cette étape de mon cursus professionnel, j’ai une expertise en matière de conception, d’organisation et d’ opérationnalisation des systèmes multimédia d’information et de communication pour les gouvernements, les institutions et organisations publiques nationaux, internationaux et privées. Je capitalise de plus de 10 ans d’expérience dans le secteur privé.
Présentez-nous alors le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG) et qu’est ce qui a motivé sa création ?
Le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale –CICG est un service rattaché au cabinet du Premier ministre. Il a été mis en place depuis 2004 pour palier à une insuffisance structurelle dans ce domaine, et a pour principale mission d’assister le Gouvernement dans sa communication avec les citoyens. Le décret N° 2012 -626 du 06 juillet 2012 confère au CICG à la fois les missions de développer les outils susceptibles de renforcer l’accès à l’information gouvernementale de tous les citoyens , d’impulser la professionnalisation de la gestion de la communication gouvernementale à tous les niveaux des structures ministérielles et publiques, d’assurer la relation et la cohérence des stratégies de communication se rapportant à l’action gouvernementale, y compris avec les institutions nationales et les partenaires techniques et financiers internationaux.
La création du CICG trouve sa principale justification dans la définition de la Communication Gouvernementale qui est une communication publique, avec pour objet de faire connaître et comprendre les actes et décisions du Gouvernement. Elle vise également à rechercher l’adhésion des populations, notamment sur les programmes de développement, les questions d’intérêt public pour lesquels les changements de comportement sont souhaités.
En résumé, la création du CICG est l’expression de la volonté du Gouvernement d’informer les populations sur ses décisions et actions.
Quels sont les programmes ou les grandes lignes d’actions de la Directrice générale du CICG pour les temps à venir ?
Les grandes lignes de notre action peuvent se décliner en trois principaux axes :
- Informer les populations par tous les moyens et canaux les plus efficaces possibles sur l’action et les décisions du Gouvernement ; Car c’est au Gouvernement de faire l’effort de rendre accessibles son action et son message. Ainsi, nous avons développé et nous animons le SimGouv, c’est-à-dire un ensemble d’outils, de supports et de services prêts à l’emploi, destinés aux structures gouvernementales en vue de booster leur communication ;
- Informer le Gouvernement sur l’opinion des citoyens, leur perception de l’action gouvernementale et leurs besoins ;
- Coordonner les actions de communication pour favoriser la cohérence des messages et une meilleure capitalisation des ressources.
Quelle est votre vision sur les compétences féminines en Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire a toujours eu la réputation d’avoir des ressources humaines de haut niveau, même si les années de crise et la dégradation du système éducatif ont laissé des impacts qui induisent une relativisation de cette donnée, car les compétences féminines n’ont pas échappé au contexte que je viens de décrire. Aujourd’hui, les choses sont en train d’être restaurées, en même temps qu’une valorisation d’une échelle des valeurs qui promeut le travail et l’excellence. Dans ce cadre, le Compendium des compétences féminines a même initié l’élaboration d’un annuaire depuis 2012.Mais ma vision, c’est qu’il n’y a pas à créer des spécificités « masculines » ou « féminines » lorsqu’on parle de compétence. On est compétent dans un domaine donné et les critères d’évaluation et/ou d’affirmation de cette compétence doivent être les mêmes pour homme et femme. Il y a des politiques de discrimination positive qui peuvent aider à faire bouger les lignes, faire reculer les barrières et autres handicaps quand à l’égalité d’accès entre hommes et femmes à la formation et à toutes les fonctions.
Quels sont les avantages d’avoir une femme à la tête d’une entreprise ou dans l’administration ?
Il n’y a pas d‘avantages ou d’inconvénients spécifiques selon moi. A la tête d’une entreprise ou d’une administration, vous avez des objectifs à réaliser. Au moment d’évaluer, je ne sais pas si on tient compte du fait qu’on est une femme ou non. Vous savez, tout projet de vie se bâtit à partir de choix qu’on est obligé de faire. Il n’y a pas dans l’absolu de bons ou mauvais choix ; Il y a juste à intégrer les inconvénients des avantages qui découlent de tout choix. On entend souvent dire que les femmes ont plus de talents pour certains métiers et donc devraient être plus compétentes dans les fonctions qui s’y rattachent, ça paraît logique. Je reste cependant convaincue que « les avantages » sont à mettre au bénéfice des qualités ou talent propre de chacun (homme ou femme) et leur aptitude à exercer des fonctions de direction.
Que signifie pour vous le Leadership féminin ?
Rien. Les deux mots associés suscitent plus d’interrogation que de réponse. Cela doit faire partie de ce que j’appelle le « marketing linguistique » dont nous sommes abreuvés de manière cyclique ; des processus qui nous entretiennent dans les mots bien souvent au détriment de l’action et pire, de la réflexion.
Nous savons tous ce qu’on entend par leadership.
Que veut dire féminin ? Ce qui caractérise la femme ?
Le leadership, de mon point de vue ne devrait pas être associé aux questions de genre. Le leadership confère beaucoup de responsabilité. Un leader, de par sa vision et son action, devient un modèle, un exemple dans une société ou un domaine donné. Le leadership vous confère un statut relativement circonscrit dans le temps et dans un périmètre précis.
Le leader, lorsqu’il s’agit d’une femme, doit montrer les mêmes exigences que n’importe quel autre acteur du leadership.
Quand on est leader, on devient un acteur à la fois d’influence et de pression. C’est comme cela que je l’entends. D’influence, parce que par ses prises de position, on doit être capable de faire changer des choses par rapport à une vision qu’on a. De pression, parce que quand on n’est pas d’accord, on doit être aussi capable d’exercer des pressions pour que les choses aillent dans un sens qu’on souhaite.
Y-a-t’il une manière particulière pour une femme d’exercer son leadership ? NON. Chaque leader a une manière « spécifique » d’être !
Est-il plus difficile que le leadership d’une femme soit reconnu, OUI. Parce qu’il y a beaucoup de « handicaps » vraies ou artificiels qui rendent plus difficile l’expression des talents et compétences féminines. Par exemple l’accès à l’école, la maternité, etc.
L’exercice d’un leadership est exigeant, contraignant, c’est une responsabilité d’abord avant d’être un positionnement personnel.
Interview réalisée par PME PMI MAGAZINE