Dans trois semaines, l’équipe de France de football entame son Mondial en Russie. L’Elysée s’y prépare…
Changement de maillot pour Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat troque celui de l’OM, son club de coeur, pour celui des Bleus, plus présidentiel. A l’Elysée, la préparation du Mondial russe, dont le coup d’envoi sera donné le 14 juin prochain, est déjà dans les têtes. Comment participer au jeu sans se mettre… hors jeu ? Comme tous ses prédécesseurs, le président est confronté au même écueil : éviter d’en faire trop. « Un moment de soutien est prévu, les Français sont demandeurs », fait valoir son entourage.
La visite à Clairefontaine, initiée par Jacques Chirac en juin 1998 et reprise par François Hollande en 2014, est sur les tablettes, début juin. En petit comité : la garde rapprochée présidentielle n’est pas foot. Et Brigitte Macron encore moins, contrairement à son mari. Si Emmanuel Macron n’était pas parmi les meilleurs footballeurs de sa promo de l’Ena, le jeune arrière ou milieu de l’équipe a laissé quelques souvenirs au stade de Hautepierre, à Strasbourg : « Viril mais toujours correct sur le terrain », se marre Gaspard Gantzer, attaquant à l’époque.
Des années 1990, dernier âge d’or du foot français, Macron garde dans son bureau une photo envoyée par un supporter de l’OM et qu’il a fait agrandir. On y voit les 22 acteurs de la finale de 1993, à Munich, face au Milan AC, et le coup de tête victorieux de Basile Boli. Un amour olympien parfois contrarié. Mercredi 16 mai, le président est en Bulgarie pour un sommet sur les Balkans. La tête est à Sofia, l’oeil à Lyon, où l’OM se fait piétiner par l’Atlético Madrid en finale de la petite coupe d’Europe. « Pathétique », se désespère-t-il, après la boulette des Marseillais sur le premier but. Osant même cette blague après le doublé d’Antoine Griezmann : « Je vais demander à Deschamps qu’il ne soit pas sélectionné… »
Dans une lettre ouverte, une soixantaine d’eurodéputés appellent les gouvernements à « ne pas assister à la Coupe du monde en Russie »
En réalité, pas question de s’occuper des affaires des Bleus. « Il ne se mêle pas des choix du sélectionneur », dit un conseiller. En public, le président, lecteur assidu de « L’Equipe », n’affiche aucune préférence. Même s’il a un faible pour ces footballeurs engagés tels Kylian Mbappé ou l’Ivoirien Didier Drogba, récemment invités à l’Elysée. « Il est d’une génération qui a connu les succès de 1993 et de 1998 et qui sait l’apport du football pour “le faire nation” », estime le porte-parole de la présidence Bruno Roger-Petit. Il est aussi le témoin d’une époque, celle de l’avènement du foot-business. Les investissements qataris ou américains ne lui font pas peur. « Macron, c’est le foot des premiers de cordée », glisse un proche. A condition, toutefois, que la concurrence soit loyale.
Aussi a-t-il plaidé la cause d’une meilleure régulation auprès de Gianni Infantino, le patron de la Fifa, en décembre dernier. Sa majorité stoppant à l’Assemblée nationale toute tentative d’instaurer une taxe française sur les transferts de joueurs… La politique est priée de rester à la porte du vestiaire. Attendu à Saint- Pétersbourg ce jeudi pour une visite de travail, Macron y retournera-t-il le mois prochain ? « A ce stade, la France n’a pas arbitré en faveur d’un boycott diplomatique de la compétition », fait valoir l’entourage du chef de l’Etat. Sans pour autant se ruer aux avant-postes. Dans une lettre ouverte, une soixantaine d’eurodéputés appellent les gouvernements à « ne pas assister à la Coupe du monde en Russie ». Car, estime l’écologiste Yannick Jadot, « cette compétition ne doit pas servir à la propagande de Poutine ».
Proche de Macron, Daniel Cohn-Bendit trouve « juste » de ne pas envoyer de délégations gouvernementales, à l’instar des Anglais. Hooliganisme, racisme, corruption… « On n’anticipe pas une bonne ambiance », avance par ailleurs un collaborateur, au fait du dossier. Aucune certitude n’est donc affichée sur la présence de Macron, « sauf si la France se hisse en finale », le 15 juillet. La ministre des Sports, Laura Flessel, se tient prête pour l’entrée en lice des Bleus, le 16 juin. En espérant pouvoir entonner le dernier tube élyséen : « France is back »…
Avec parismatch