L’Union européenne a rendu samedi, à Strasbourg, au siège du Parlement européen, un hommage inédit à l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl.
C’est la première fois dans son histoire que l’Union européenne organisait un tel hommage. Elle a rendu samedi un hommage chargé d’émotion à l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, avec une cérémonie organisée dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg avant ses funérailles en Allemagne.
Une vingtaine de chefs d’Etats et de gouvernements, un ancien souverain et plusieurs centaines de personnalités avaient pris place dans l’hémicycle pour cette cérémonie. Le président français Emmanuel Macron a salué en Helmut Kohl, samedi dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, un «ami» de la France, mais surtout une inspiration pour la relation franco-allemande à laquelle lui-même entend restituer sa «densité» au côté de la chancelière Angela Merkel. Revendiquant cet héritage lors d’un hommage solennel rendu au père de la réunification allemande autour de son cercueil, le chef de l’Etat français s’est exclamé: «c’est à cela qu’avec Angela Merkel, je souhaite redonner un sens, une réalité et une densité».
Helmut Kohl est décédé le 16 juin à l’âge de 87 ans. Il a été chancelier pendant seize années, de 1982 à 1998. «A ceux qui prétendent aujourd’hui que les institutions et les traités européens sont de vaines constructions technocratiques, je veux dire ici, devant Helmut Kohl : c’est parce que vous en avez retiré l’amitié, c’est parce que vous avez laissé mourir la flamme», a-t-il accusé.
A eux seuls, «le pragmatisme, le sens du réel, l’habileté politique sont formidablement utiles, mais ils ne construisent rien» alors que «les idéaux, éclairés par l’amitié et l’épaisseur d’une vie, donnent corps aux projets, les font durer», a relevé Emmanuel Macron. Puis il a enchaîné, citant Helmut Kohl lui-même, en allemand: «nous n’avons aucune raison de nous résigner, nous avons beaucoup plus de raisons d’être d’un réalisme optimiste».
Au moment de la chute du mur de Berlin, Macron avait 12 ans
Pour Emmanuel Macron, qui avait 12 ans au moment de la chute du mur de Berlin, Helmut Kohl représente, a-t-il dit, «une part de l’histoire européenne» marquée par «des choix historiques, des actes de courage», la «réunification allemande, la construction européenne». «Helmut Kohl fut pour la France un interlocuteur privilégié, un allié essentiel, un bâtisseur infatigable, mais il fut plus que cela, il fut un ami», a-t-il encore souligné. «Lorsque la réunification allemande survint, il mit toute son énergie afin que, loin d’affaiblir l’Europe, elle la renforce», s’est-il aussi souvenu.
A son arrivée dans l’hémicycle du Parlement européen, Emmanuel Macron a pris soin d’inviter Nicolas Sarkozy à poser sur la photo, au côté des dirigeants des trois institutions européennes qui accueillaient les personnalités à leur arrivée. Les deux hommes avaient fait le voyage ensemble jusqu’à Strasbourg à bord d’un Falcon de la République française. Egalement conviés, les autres anciens chef de l’Etat français s’étaient fait excuser. Mais plusieurs personnalités, étroitement liées à l’histoire du couple franco-allemande, faisaient partie de la délégation du président français: Elisabeth Guigou, Hubert Védrine, Michel Barnier, Jacques Attali et Alfred Grosser. Beaucoup d’autres dirigeants qui ont côtoyé Helmut Kohl, comme Jacques Delors, Valery Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et le président russe Mikhail Gorbatchev, n’ont pu se déplacer en raison de leur santé
Hommages particuliers de Clinton, Medvedev et Gonzales
Dix-sept dirigeants de l’Union européenne étaient présents, dont la Première ministre britannique Theresa May. L’Espagne était représentée par son ancien souverain Juan Carlos et l’ancien chef du gouvernement Felipe Gonzalez, l’Italie par l’ancien président de la Commission européenne et ancien chef du gouvernement Romano Prodi, le Portugal par Jose Manuel Barroso, ancien président de la Commission et ancien Premier ministre. Huit personnalités sont intervenues: le président du Parlement européen Antonio Tajani, le président du conseil européen Donald Tusk ains que Jean-Claude Juncker pour la Commission européenne. Puis, «à la demande de sa veuve», trois hommages ont été rendus par l’ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzales, par l’ancien président américain Bill Clinton et par le Premier ministre russe Dmitri Medvedev.
Emmanuel Macron puis la chancelière allemande Angela Merkel, toute de noir vêtue, ont prononcé les derniers hommages. La dépouille mortelle de l’ancien chancelier devait ensuite être transportée à Spire, en Allemagne, où il devait être inhumé. Sa veuve à refusé des funérailles nationales.
Emmanuel Macron avait entamé son hommage par une «pensée» pour Simone Veil décédée la veille et qui fut la première présidente du Parlement européen. Elle «savait le prix de notre Europe, née de l’ineffaçable expérience de la mort», a-t-il observé dans une allusion à sa déportation à Auschwitz.