En marge de la visite officielle du président de la République française Emmanuel Macron, une forte délégation de personnalités du monde des affaires mais également de la culture l’ont accompagné.
Parmi ces personnalités du monde de la culture, l’on retrouve la présidente du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) Frédérique Bredin. Créé en 1946, le CNC est un établissement public, qui dispose de recettes affectées pour apporter des soutiens aux arts de l’image animée, et c’est aussi une administration centrale, en charge de ce secteur sous l’autorité du ministre de la Culture et de la Communication indique le site du Centre.
Celui-ci est ainsi un moyen de financement pour le cinéma français, mais également un moyen de réglementation, de régulation sans compter les fonds qu’il octroie au cinéma issu de la diversité.
C’est autant pour parler de la visite officielle d’Emmanuel Macron que du 7eme art que le HuffPost Tunisie est allé à la rencontre de Frédérique Bredin. Interview.
HuffPost Tunisie: Votre visite en Tunisie s’inscrit dans le cadre de la visite officielle du président français Emmanuel Macron. Qu’attendez-vous de cette visite en Tunisie?
Frédérique Bredin: L’objectif est de rencontrer des producteurs, des réalisateurs, des artistes, des exploitants de salles… toutes celles et ceux qui font vivre le 7ème art en Tunisie.
Je tiens d’ailleurs à saluer l’exceptionnelle vitalité de la nouvelle vague du cinéma tunisien illustrée notamment par les films de jeunes réalisateurs comme Leyla Bouzid, A peine j’ouvre les yeux ; Mohamed Ben Attia Hedi, Un Vent de liberté ; Kaouther Ben Hania, La Belle et la meute ; tous soutenus par l’Aide aux cinémas du monde du CNC et sélectionnés dans les plus grands festivals: Venise, Berlin, ou encore Cannes. Et je me réjouis que ces films réalisent de très belles carrières en Tunisie, en France et à l’international.
Qu’est ce que le cinéma tunisien -et la culture au sens large- peuvent espérer de la visite d’Emmanuel Macron et de la vôtre?
La coopération entre la Tunisie et la France existe depuis longtemps. Dès 1994, un accord de coproduction cinématographique franco-tunisienne a été mis en place. La Tunisie est le 2ème pays (après l’Argentine) à avoir bénéficié du Fonds Sud Cinéma avec 28 projets soutenus!
Depuis quelques années, la vitalité et la qualité de la production tunisienne sont indéniables, de réelles relations se sont tissées et la coproduction est désormais bien relancée.
Depuis 2012, 6 films tunisiens ont été soutenus à l’Aide aux cinémas du monde, et depuis 2014, 3 films ont été soutenus à l’Avance sur recettes, autre aide très sélective du CNC!
En 2017, avec la création du fonds franco-tunisien, nous avons donné un message très fort aux créateurs tunisiens et aux producteurs des deux rives de la Méditerranée, pour les inciter à davantage collaborer et créer autour d’un imaginaire commun. La première commission, constituée d’experts tunisiens et français s’est réunie en marge des Journées Cinématographiques de Carthage en novembre dernier. 4 projets ont été soutenus, tous d’initiative tunisienne et portés par une nouvelle génération de cinéastes, très prometteurs. Ce fonds doté de 450.000€ chaque année va contribuer mécaniquement à augmenter le nombre de coproductions franco-tunisiennes.
Le cinéma tunisien souffre de nombreux problèmes, notamment financiers et techniques. Comment le CNC peut-il lui venir en aide?
Le cinéma tunisien a d’abord des talents: réalisateurs, comédiens, producteurs. Il a besoin de davantage de salles de cinéma pour exposer les films.
Le cinéma tunisien est aussi soutenu par une politique publique très intelligente avec l’action du CNCI. Nous travaillons très étroitement Mme Chiraz Latiri (Directrice Générale du Centre National du Cinéma et de l’Image) dont je salue le travail exceptionnel à la tête du CNCI.
Quel bilan faites-vous de la coopération entre la Tunisie et la France en matière de cinéma? Quels axes d’amélioration pouvez-vous suggérer?
Nous participons actuellement avec nos amis du CNCI à la création du Festival méditerranéen de cinéma “Manarat”, dont la première édition est prévue du 6 au 15 juillet à Tunis.
La direction du patrimoine du CNC a également collaboré à la création de la première cinémathèque de Tunisie qui ouvrira en mars prochain!
Je suis consciente qu’il y a encore du chemin à parcourir mais, très sincèrement, la coopération franco-tunisienne enregistre une forte accélération depuis quelques années et les échanges entre les deux pays sont permanents et constructifs. Nous sommes désormais sur une bonne dynamique!
Vous entamez votre 5ème année à la tête du CNC, quel bilan en faites-vous?
Le Centre national du cinéma et de l’image animée est défini par les créateurs comme la maison de la création. Et, depuis mon arrivée, je me suis attachée à respecter et à œuvrer dans le sens de cette définition.
Le CNC est en contact permanent avec les professionnels. Ce qui lui donne une connaissance très fine du marché, et donc une grande réactivité. Ce lien est indispensable car en l’espace de quelques années le paysage mondial de la création cinématographique et audiovisuelle a été complètement bouleversé. Il est important que le CNC, et j’en ai fait une priorité, accompagne les créateurs dans ces mutations de nos secteurs, qu’il s’agisse du cinéma, d’audiovisuel mais aussi de transition numérique.
Avec huffpostmaghreb