Depuis près de dix ans, elle joue un rôle difficile : être l’ombre de Paul Kagame… sans lui faire de l’ombre. Ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Louise Mushikiwabo (56 ans) apparaît comme la véritable numéro deux du régime.
Elle défend devant la communauté internationale la voie singulière tracée par le « Nouveau Rwanda ». Et lorsqu’elle n’accompagne pas « The Boss » dans ses déplacements, elle parle en son nom : en même temps que de sa confiance, elle semble avoir hérité de son franc-parler panafricaniste et de son activisme sur Twitter.
Nulle formation de diplomate chez cette ancienne interprète qui a longtemps vécu aux États-Unis. Rentrée au Rwanda en 2008 après deux décennies d’exil, la sœur de Landoald Ndasingwa, l’ancien leader de l’opposition assassiné, avec sa famille, à l’aube du 7 avril 1994, n’a jamais fait partie des cadres du FPR, le parti-État.
Mais elle sait « arrondir les angles de Kagame », y compris pour défendre les sujets portés par le président en exercice de l’Union africaine, comme la réforme de l’institution.
À Kigali, même si le sujet n’est pas évoqué ouvertement, son nom figure parmi les happy few qui auraient l’étoffe de succéder au chef de l’État, le jour où ce dernier décidera de prendre du recul.
J.A.