Le décret déposé par le ministre de l’Agriculture a été publié au journal officiel. L’expérimentation, pour laquelle la Commission européenne a donné son feu vert, devrait durer deux ans.
Les Français pourront bientôt savoir d’où vient le bœuf de leur sauce bolognaise préparée. Le décret visant à rendre l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait obligatoire lorsqu’ils sont utilisées comme ingrédients dans les plats cuisinés vient en effet d’être publié au Journal officiel. Le dispositif entrera en vigueur au 1er janvier 2017 pour une période de 2 ans. La mesure était réclamée de longue date par les associations de consommateurs, et plus récemment par les éleveurs.
Une concertation est actuellement en cours avec l’ensemble de la filière et les associations de défense des consommateurs dans le but de définir les modalités d’application de ces nouvelles règles d’étiquetage. Ce décret concerne les plats contenant au moins 50% de viandes ou de lait. Pour la viande, l’étiquette devra indiquer le pays de naissance, d’élevage et d’abattage de l’animal tandis que pour le lait, il devrait être fait mention du pays de collecte, de conditionnement et de transformation.
A l’issue de l’expérimentation, un rapport d’évaluation sera transmis à la Commission européenne, «sur la base duquel pourra être envisagée la pérennisation du dispositif», précise le décret. Les distributeurs, de leur côté, ont jusqu’au 31 mars 2017 pour écouler les stocks de plats préparés ne mentionnant pas l’origine des viandes et du lait qu’ils contiennent.
Les Français pas vraiement rassurés
Ce décret viendra compléter celui déjà existant pour les produits bruts. L’étiquetage des pays d’élevage et d’abattage des viandes de porc, de mouton, de chèvre et de volaille vendues crues est en effet obligatoire depuis le 1er avril 2015au sein de l’Union européenne (UE). La France a plusieurs fois fait la demande à la Commission européenne d’étendre cette obligation d’étiquetage aux viandes entrant dans la composition des plats transformés. En vain. La mesure est pourtant vivement souhaitée par les associations de consommateurs, qui réclament plus de transparence après les scandales à répétition, comme celui de la viande de cheval en 2013. Même les agriculteurs, confrontés à une crise de l’élevage, ont demandé que l’origine des produits soit indiquée sur les étiquettes des produits transformés pour valoriser l’origine française des viandes.
Bruxelles refuse pour l’instant de légiférer mais le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaïtis, a notifié aux autorités françaises qu’il ne s’opposait pas au lancement d’une expérimentation en France.
L’enjeu est de taille puisque l’origine du produit est l’un des premiers critères d’achat avec le prix. La marge de manœuvre des industriels est aussi très grande:selon l’UFC-Que Choisir, plus d’un produit sur deux n’indique pas l’origine de la viande. L’obligation sera-t-elle pour autant efficace? Rien n’est moins sûr, comme le montre l’expérience des labels «Viandes de France» lancés en 2014. D’après Familles Rurales, seul un tiers des Français se sent mieux informés sur l’origine des viandes aujourd’hui…
avec lefigaro