Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés se dit très préoccupé par l’extradition des 47 militants séparatistes camerounais. Tous interpellés au Nigeria, ils ont été transférés à Yaoundé il y a quelques jours.
Le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) de l’ONU a déclaré jeudi être “très préoccupé” par l’extradition vers Yaoundé de 47 terroristes séparatistes camerounais anglophones, qui s’étaient réfugiés au Nigeria voisin.
“Le HCR a appris avec une grande préoccupation le retour forcé de 47 Camerounais du Nigeria, qui ont été rendus aux autorités le 26 janvier”, peut-on lire dans un communiqué.
“La plupart de ces individus étaient des demandeurs d’asile”, rappelle l’agence des Nations unies pour les réfugiés. “Leur retour forcé est une violation du principe de non-refoulement, qui constitue le point principal des lois internationales de protection des réfugiés.”
Sisiku Ayuk Tabe, chef de file du mouvement terroriste séparatiste anglophone de l’Ambazonie (pays factice dont il s’est auto-proclamé président), et ses hommes sont considérés comme des “terroristes” par Yaoundé, et s’étaient réfugiés au Nigeria voisin.
Il a été interpellé début janvier à Abuja par les services de renseignements nigérians avec plusieurs autres, avant d’être finalement extradé vers Yaoundé.
Les “dirigeants du mouvement terroriste indépendantiste dans les régions anglophones du Cameroun pourraient être menacés de torture et (s’exposer à un) procès inéquitable s’ils sont extradés du Nigeria”, avait pourtant prévenu l’ONG de défense des droits de l’Homme Amnesty International, lors de leur arrestation.
Le HCR a rappelé à Abuja que “le Nigeria se trouve sous l’obligation d’appliquer les lois internationales”, dont le pays est signataire.
Lundi, des dizaines de gendarmes camerounais se sont rendus au Nigeria voisin, dans les villages où des milliers de personnes ont trouvé refuge à la frontière entre les deux pays, selon des témoignages sur place.
Le Cameroun s’est félicité lundi “du caractère excellent de la coopération multiforme qu’entretiennent le Nigeria et le Cameroun, notamment au plan sécuritaire”, selon son ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary.
Dans la même déclaration, M Tchiroma a fait état de la “détermination des gouvernements des deux pays (…) à ne jamais tolérer que leurs territoires servent de base à des activités de déstabilisation dirigées contre l’un d’entre eux”.
Débutée par un mouvement socio-économique de grève des enseignants et avocats fin 2016 contre leur marginalisation, la crise dans les zones anglophones s’est lentement muée en conflit armé de basse intensité, avec 22 soldats et policiers tués depuis novembre, selon un décompte établi par l’AFP.
Près de 33.000 personnes, essentiellement des villageois, se sont réfugiées au Nigeria, fuyant les violences perpétrées par les militaires camerounais déployés dans la région.