L’olivier et l’huile d’olive sont intimement liés au bassin méditerranéen et aux civilisations qui se sont développées sur son pourtour depuis la plus haute Antiquité. Au VIIIe siècle, l’expansion arabe fait de la Méditerranée, et pour plusieurs siècles, un véritable lac musulman.
Avec l’Andalousie musulmane (Espagne), la Sicile, l’Ifriqiyya (Tunisie), l’Egypte, et le Shâm (Syrie-Palestine), puis, plus tard, l’Anatolie, l’essentiel de la production d’olive devient de fait musulmane.
Pendant longtemps néanmoins, c’est la Syrie-Palestine qui constituera le principal centre de production, suivie par l’Espagne. On y cultivait notamment une variété fameuse, la rikâbî, dont l’auteur médiéval al-Tha‘âlibî (961-1038) loue l’extraordinaire pureté.
Transportée par caravanes entières, elle était vendue jusque sur les marchés de la Mecque et du Yémen, où elle était fort prisée.
D’autres auteurs comme al-Asma‘î soulignent la remarquable longévité de l’olivier qui peut «atteindre les 3000 ans». Une étude de 2012 a de fait montré que les oliviers palestiniens du jardin de la Gethsémani à Jérusalem datent de 1150 environ, et que leurs boutures proviennent d’arbres contemporains du Christ.
Transportée par caravanes entières, elle était vendue jusque sur les marchés de la Mecque et du Yémen, où elle était fort prisée.
D’autres auteurs comme al-Asma‘î soulignent la remarquable longévité de l’olivier qui peut «atteindre les 3000 ans». Une étude de 2012 a de fait montré que les oliviers palestiniens du jardin de la Gethsémani à Jérusalem datent de 1150 environ, et que leurs boutures proviennent d’arbres contemporains du Christ.
L’huile d’olive, à la base des remèdes traditionnels
Les auteurs musulmans se sont néanmoins concentrés sur deux domaines particuliers dans lesquels l’huile d’olive est employée : l’alimentation et la médecine (qu’elle soit savante ou traditionnelle).
Les traités d’agronomie médiévaux traitent tous de la culture de l’olivier (zaytûn) et de la transformation du fruit en huile, en particulier al-Filâha an-nabâtiyya d’Ibn Wahshiyya, très largement cité par les auteurs classiques.
Son pendant dans le domaine de l’art culinaire est le Kanz al-fawâ‘id qui détaille de manière assez moderne l’ensemble des usages de l’huile d’olive en cuisine, de la friture à l’assaisonnement en passant par la marinade…
En médecine, et plus précisément dans le domaine de la pharmacopée, l’huile d’olive peut d’abord servir de simple excipient (simple base neutre) pour élaborer des médicaments, comme le rappelle le chirurgien andalou Abû al-Qâsim al-Zahrâwî (Aboulcassis, 940-1013), qui dit utiliser à cette fin la variété rikâbî.
Mais elle est surtout employée comme substance active : l’huile d’olive est le composant principal de 47 des 86 onguents dont il donne le détail dans le chapitre 24 de son volumineux traité intitulé Kitâb al-Tasrîf.
Un autre illustre médecin, Ibn Sînâ (Avicenne, 980-1037) recommande dans son Canon de médecine l’emploi de l’huile d’olive pour nombre d’affections tant externes qu’internes. Al-Kindî (801-873), quant à lui, souligne son efficacité pour soigner les brûlures et les abcès.
Outre la médecine savante, la médecine traditionnelle, − encore en usage dans certaines régions −, a elle aussi recours à l’huile d’olive. Elle sert notamment à soigner les otites, ainsi que certaines affections cutanées (démangeaisons, ulcères, éruptions, etc.).
L’olivier, un arbre saint célébré par le Coran
Enfin, inflammable, l’huile d’olive sert également à s’éclairer. Cet arbre dont le fruit enrichi, nourrit, éclaire et soigne, est donc, par excellence, «l’arbre béni» qu’évoque le Coran (La Lumière/XXIV:35).
Dans le verset qui inaugure la sourate XCV, Dieu invoque conjointement dans un serment l’olivier et le figuier, c’est-à-dire, − pour leurs mérites respectifs, soulignent les exégètes −, l’olive et la figue : «Wa-t-tîn wa-z-zaytûn…».
Ailleurs, dans la sourate XXIV, il est dit que « Sa lumière est comparable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un verre : le verre est semblable à un astre brillant.
Cette lampe a été allumée grâce à un arbre béni, un olivier qui n’est ni de l’Orient ni de l’Occident et dont l’huile est près d’éclairer sans que le feu la touche, donnant ainsi lumière sur lumière».
Selon Tabari, il s’agirait de la foi que le croyant a reçue en sa poitrine (la niche), laquelle renferme son cœur (le verre), grâce à la prédication coranique (la lampe).
Quant à l’huile elle-même, qui, or translucide, semble éclairer avant même qu’on y ait mis le feu, elle renvoie à la pureté de la lumière que Dieu répand dans le cœur des hommes.