Les yeux rivés sur l’écran fissuré de son Smartphone, Serena Wendeu pianote nerveusement. Par moments, elle soulève la tête, jette un coup d’œil sur la file d’attente qui se prolonge et piaffe. Voilà quarante-cinq minutes que cette étudiante en communication d’entreprise « attend son tour avec impatience ». Comme elle, de nombreuses personnes sont alignées à l’entrée du port autonome de Douala, capitale économique du Cameroun. Tous veulent visiter le Logos-Hope, « la plus grande librairie flottante au monde ». « Mes amis sont venus il y a quatre jours et m’ont dit que le bateau était immense. Je vais aussi le voir aujourd’hui, explique la jeune femme de 26 ans, à la coupe afro. Ils ont même acheté des livres moins chers, ont bu du café international et pris des glaces. » L’étudiante ne veut rien rater de ce programme. Pour sa première visite au Cameroun, le Logos-Hope est ouvert au public depuis le 12 août et larguera les amarres le 28. Ce navire appartenant à GBA Ships, une organisation internationale à but non lucratif basée en Allemagne, propose à son bord 5 000 livres dans des domaines variés tels que la science, le christianisme, les sports, la technologie, les livres pour enfants… « Nous avons 400 bénévoles de 60 nationalités » « Notre but n’est pas seulement de vendre des livres à bas prix dans les ports du monde entier. Nous partageons aussi l’espoir, la connaissance et montrons la valeur du vivre ensemble aux personnes que nous rencontrons, assure Ivy Chiu, responsable de la communication du Logos-Hope. Nous avons 400 volontaires de 60 nationalités qui discutent avec les visiteurs. » À bord de cet ancien ferry construit en 1973, acheté et rénové par GBA Ships grâce à des dons en 2004 puis mis en circulation dès février 2009, comme librairie flottante humanitaire, les livres se vendent par unité : 100 unit valant 1 200 FCFA (environ 2 euros). À bord, les visiteurs déambulent d’un rayon à l’autre. La majorité des livres disponibles est en anglais. Une « grosse » déception pour Serena. « Je ne maîtrise vraiment pas cette langue, avoue-t-elle, penaude. Je pensais m’y mettre après ma licence. » Le seul rayon « français » disponible regorge d’ouvrages sur les espèces en voie de disparition. Il y a aussi « Merci Madiba – Mémoires d’Abílio Soeiro – Un Hommage à Nelson Mandela ». « Il coûte 1 000 unit, soit 12 000 FCFA. C’est trop cher », soupire-t-elle. Elle se contentera d’acheter des gadgets : cartes postales, bloc-notes, stylos… estampillés Logos-Hope. Aider les orphelinats Accompagné de ses deux garçons, Raymond ne tient pas compte de la « langue ». Son panier déborde de livres pour enfants et adultes, et il règle une facture de 24 500 FCFA. « Nous ne pouvons pas dire avec exactitude le nombre de personnes qui sont déjà venues, ni le nombre de livres déjà vendus », précise Ivy Chiu. La responsable de la communication explique que l’argent récolté servira à des œuvres caritatives, au Cameroun et ailleurs. « Avant d’arriver ici, nous avons envoyé une équipe pour visiter les orphelinats et autres associations avec lesquels travailler. Actuellement, cinq de nos bénévoles sont en train de travailler dans une communauté. Nous avons encore quelques jours pour vendre », espère-t-elle. Depuis 1970, plus de 45 millions de visiteurs auraient gravi les passerelles des quatre bateaux de l’organisation dans plus de 150 pays à travers le monde, dont le Gabon et la Namibie.
avec Camer.be