Tendance Diplôme plus élevé, double compétence, maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères… Pour les recruter, les entreprises se montrent de plus en plus exigeantes avec les professionnels des achats.
Devenir un pivot stratégique de l’entreprise à un prix. En forme de rançon de la gloire, les sociétés attendent de leurs acheteurs, pour les recruter, qu’ils aient un CV plus fourni que par le passé, selon une étude réalisée par Fed Supply (1). Ainsi, près de 40 % des directeurs achats exigent que leur nouvelle recrue ait un diplôme de niveau Bac +5, qui rassemble les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs avec spécialisation Achats. « Cette formation longue sera d’autant plus valorisée qu’elle se fera en alternance, précise Romain Devrièse, directeur du cabinet de recrutement.Aujourd’hui, les entreprises demandent à leurs juniors un vrai début d’expérience avant de les embaucher. Pour les autres, il sera beaucoup plus difficile de bien se positionner sur le marché du travail ».
Un besoin de compétences de la part des entreprises qui ne concerne pas que les nouvelles recrues. Lorsque Fed Supply demande aux acheteurs en poste ce qui a le plus changé dans leur métier au cours des cinq dernières années, ils sont 46 % à affirmer qu’une double compétence, notamment technique et commerciale, « est plus souvent exigée » et 38 % que la connaissance des langues étrangères, pour échanger avec les fournisseurs internationaux, est devenue essentielle. De nouveaux pré-requis qui répondent à une évolution tangible : 37 % des acheteurs assurent que les négociations se font de plus en plus sur le service et de moins en moins sur le prix, et surtout 71 % affirment que les achats sont dorénavant partie intégrante de la stratégie de l’entreprise. « C’est une excellente nouvelle pour le métier, se réjouit le cabinet de recrutement. Il change de dimension et prend une place centrale dans les enjeux de gouvernance ».
De leur côté, les acheteurs sont davantage intéressés par les achats directs (56 %) que par les achats indirects (7 %). Pourtant, les premiers, parce qu’ils attirent naturellement plus de candidats, sont moins rémunérateurs que les seconds. « Cela prouve que la contenu de la fonction est essentielle pour les acheteurs et qu’il est très important pour eux d’avoir le sentiment de pouvoir influencer le process de fabrication de leur entreprise », souligne Romain Devrièse. Une aspiration qui entre en contradiction avec les critères que les professionnels des achats disent mettre en avant pour choisir un nouveau poste. 59 % privilégient « le salaire et les avantages » et 41 % les opportunités d’évolution verticale, l’ambiance de travail et les valeurs de l’entreprise. Fait notable : ils ne sont que 16 % à citer les politiques d’achats responsables comme un critère de choix, démontrant que « la culture de l’achat durable est encore embryonnaire chez les acheteurs », conclut le directeur de Fed Supply.
(1) – Etude « Métiers Achats 2016 » réalisée par Fed Supply auprès de 537 professionnels des achats ayant répondu à un questionnaire entre avril et mai 2016.
Avec Les Echos