La 4ème édition de la Conférence mondiale sur le cacao, qui s’est déroulée du 22 au 25 avril 2018 à Berlin, en Allemagne, a pris les allures d’un véritable réquisitoire contre l’industrie chocolatière mondiale. «Les pays producteurs ne peuvent plus accepter les cours actuels du cacao, qui frisent l’esclavagisme.», a déclaré le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, lors de sa prise de parole devant les participants à cette grand’messe du cacao mondial, révèle-t-on au sein de la délégation camerounaise à Berlin.
Le membre du gouvernement camerounais, apprend-on, faisait ainsi chorus avec la ministre allemande de l’Agriculture, Julia Klockner, qui, à l’ouverture de la conférence, en a appelé à la transparence du marché mondial du cacao. Ce marché, a-t-elle dénoncé, «est l’un des plus opaques au monde et ne réserve que la portion congrue aux producteurs» des fèves.
Aussi, apprend-on, au cours des assises, trois jeunes Allemands sont-ils symboliquement venus menacer de ne plus consommer du chocolat, en guise de protestation contre le traitement peu décent que l’industrie chocolatière réserve aux producteurs de fèves. A titre d’exemple, a souligné l’Ivoirien Jean Marc Anga, directeur exécutif de l’ICCO, l’instance faitière du cacao mondial ; alors que le prix du kilogramme de chocolat n’a cessé d’augmenter au cours de la dernière campagne cacaoyère, atteignant 7 500 francs Cfa, le kilogramme de fèves de cacao, lui, se négociait à 1 200 francs Cfa.
De même, a révélé M. Anga au cours de la grand’messe de Berlin, les pays producteurs de cacao, au rang desquels l’on retrouve ceux de l’Afrique, continent qui assure 75% de la production mondiale des fèves de cacao, n’ont capté que l’équivalent de 6% du chiffre d’affaires réalisé par l’industrie chocolatière au cours de la campagne 2016-2017.
Par ailleurs, souligne l’ICCO, grâce aux fèves provenant majoritairement du continent noir, les producteurs de chocolat ont réalisé, en 2016-2017, des bénéfices globaux estimés à 3,5 milliards de dollars (1 815 milliards FCfa), alors que les gouvernements des pays consommateurs ont perçu 15 milliards de dollars au titre de la TVA (8 075 milliards FCfa) ; mais, regrette l’ICCO, aucune des parties n’a daigné apporter le moindre soutien aux producteurs de fèves.
Cette conférence sur le cacao a réuni plus de 1 000 participants originaires de 64 pays et représentant à la fois des organismes gouvernementaux, des chocolatiers, des sociétés de négoce, des transformateurs de fèves, des sociétés opérant dans le commerce, la logistique, la finance et l’assurance, ainsi que des fournisseurs d’intrants agricoles et des équipements de transformation.
Avec agenceecofin