Si on pouvait poursuivre pour agression visuelle, la ville de Bamako aura à répondre de beaucoup de plaintes du fait du décor désolant qui la caractérise. Il n’est un secret pour personne que le cadre de vie de la capitale des « Trois caïmans » est mal sain du fait de l’occupation anarchique de ces artères. Ateliers de menuiserie, garages de réparation de motos et même de voitures, restaurants et gargotes en plein air, vendeurs détaillants de carburant, bref le commerce et les activités économiques informelles en tout genre, avec son cortège de saletés et d’obstructions qui rendent la mobilité pratiquement impossible.
C’est pour donner à Bamako une image digne de sa renommée d’antan de ville coquette et, cela, pour toujours, que le nouveau gouverneur du District de Bamako, Mme Sacko Aminata Kane, en partenariat avec la Mairie du District, a procédé au lancement de l’opération « Bamako, ville propre ».
Dès son investiture, Mme le gouverneur, qui n’est plus à présenter pour avoir fait ses preuves dans la police, principalement dans la police des mœurs, a annoncé la couleur en se donnant comme priorité, de faire respecter des normes de vie et de sécurité dans la capitale. L’assainissement et la fluidité de la circulation des engins et des personnes sont au cœur de ces normes.
Cette opération, précédée d’une vaste campagne de sensibilisation et d’entretiens avec les autorités municipales et coutumières de la ville, est le premier acte de la volonté affichée de Mme le gouverneur d’accomplir sa mission.
Cette vaste opération de déguerpissement des artères a débuté dans le centre névralgique de Bamako, en Commune II et III. Tôt le matin, Mme le gouverneur et son équipe, sous une forte escorte policière, a mis le cap sur les alentours du cimetière de Niaréla. Sur place, certains usagers, par crainte de voir leurs installations endommagées, procèdent volontairement à la démolition de leurs installations.
Devant l’Assemblée nationale et la Grande mosquée, en passant par la Promenade des Angevins, les occupants ne se sont pas encore installés mais leurs étables sont sur place. A ce niveau, l’ordre donné à la brigade de déguerpissement est de démolir et d’embarquer tous les étales qui encombrent la voie. L’opération d’hier doit s’étendre de l’avenue Modibo Kéita jusqu’au Pont des Martyrs. Pour le moment, l’opération se passe sans incident certainement que la communication et la sensibilisation autour de la date buttoir ont donné leurs fruits.
La question qui se pose est celle du suivi, puisque des opérations du genre ont eu lieu mais les occupants reviennent toujours. A ce propos, Mme le gouverneur promet un suivi quotidien et entend y mettre le temps et les moyens qu’il faut, jusqu’à ce que tout soit dégagé. Pour elle, c’est un combat de tous les jours.
Aussi la plupart des occupants avaient des autorisations d’installations délivrées par les municipalités. Comment ne pas tenir compte des propos de ces déguerpis qui disent être installés depuis plus d’une décennie. « On ne sait rien faire d’autre, on ne sait où aller, parmi nous il y a même des diplômés sans emplois, on n’a pas d’autres alternatives. On s’en remet au Tout-Puissant » se lamente Bandiougou Coulibaly, vendeur de bois derrière le cimetière de Niarela.
A ce sujet, le maire du District de Bamako, Adama Sangaré, assure que tous ceux qui avaient des autorisations d’installation, s’ils le souhaitent, seront recasés par la mairie du District et les communes de base à des endroits choisis. Pour lui, au-delà de donner une bonne image à la capitale qui doit accueillir des rendez-vous internationaux tels que le Sommet France-Afrique que notre pays organisera l’an prochain, il s’agit, ni plus ni moins, de d’offrir aux Bamakois un meilleur cadre de vie et pour toujours.