Le ministère de l’Agriculture demande un rapport détaillé des résultats des analyses effectuées par l’organisation française.
La polémique autour de “l’huile d’olive contaminée” fait des vagues en Tunisie. Tout a commencé par la publication d’un article par le magazine français 60 millions de consommateurs. Ce dernier a analysé 74 aliments bio importés en France. Du riz du Pakistan au café du Pérou en passant par le sucre de Brésil et notamment de l’huile d’olive de la Tunisie, tout a été passé au crible.
#bio : plastifiants et #phtalates dans des huiles d'olive, traces d'antimoustiques dans du chocolat, #pesticides dans du riz… Les produits bio ne sont pas toujours très propres. #toxiques Résultats complets à lire dans le n° d'avril de @60millions https://t.co/qyxsesmjMR
— 60 Millions de consommateurs (@60millions) March 22, 2018
Le magazine révèle, en effet, dans son numéro du mois d’Avril que plusieurs marques d’huile d’olive bio, qui viennent de Tunisie, contiennent des plastifiants et des phtalates, reconnus comme perturbateurs endocriniens. “Cette migration, qui touche surtout des huiles de Tunisie, peut provenir des contenants ou des joints de machines utilisés sur la chaîne de production” souligne-t-il.
Le directeur général de la production agricole met en doute la rigueur de cette étude
Intervenant lundi sur les ondes de Mosaïque Fm, le directeur général de la production agricole, Ezzeddine Chalghaf, a émis des réserves sur les résultats dévoilés par le magazine français. Il a souligné la nécessité de vérifier l’efficacité des méthodes adoptées par les laboratoires français pour mener cette enquête, avant de trancher sur la question de contamination. “Il faut avant tout s’assurer de la pertinence de ces analyses conduites par les laboratoires français avant de conclure que notre huile est contaminée” a-t-il martelé.
Le ministère de l’Agriculture réagit
De son côté, le ministère de l’Agriculture a publié un communiqué de presse dans lequel il souligne “l’absence d’une législation nationale, européenne ou internationale qui fixe le seuil maximal toléré de phtalates dans les produits bio”.
Le communiqué s’est attardé, par ailleurs, sur les normes drastiques adoptées en Tunisie en matière de contrôle.
Il a expliqué que malgré le caractère non obligatoire de ces recommandations, les exportateurs de l’huile d’olive biologique tunisienne procèdent automatiquement à des analyses dans des laboratoires accrédités pour révéler les traces de phtalates, sachant que les quantités recensées par l’enquête en question chez les marques citées dans l’article ne dépassent pas 0,7 mg/ kg, un taux toléré par la plupart des pays du monde, y compris au sein de l’Union européenne.
Le ministère indique, d’autre part, que l’absence de traces de pesticides dans l’huile d’olive biologique tunisienne confirme l’efficacité et la crédibilité des systèmes de contrôle utilisés dans l’agriculture biologique tunisienne et l’engagement de toutes les parties prenantes de ce secteur et renforce la reconnaissance dont jouit le pays auprès de l’Union européenne, en tant que pays producteur et exportateur de produits biologiques.
Il a, toutefois, annoncé son intention de demander un rapport détaillé des résultats des analyses effectuées par l’organisation française, sur la base desquelles l’article a été publié comme il va demander les noms des laboratoires ayant procédé aux analyses.
Le ministère a rappelé, d’autre part, qua choisi de garder son droit de porter plainte contre celui qui tente de porter atteinte à l’image du produit tunisien.
Ce n’est pourtant pas la première fois que l’huile tunisienne se retrouve au banc des accusés. En 2016, l’huile d’olive extra vierge tunisienne a été épinglée par l’émission italienne “Ballaro.” L’émission a été fortement critiquée notamment par les professionnels italiens qui ont dénoncé un reportage fallacieux et superficiel.
Ces dernières années, l’huile d’olive tunisienne s’est démarquée en raflant les médailles et les trophées. Avec ce produit vedette, la Tunisie essaie de faire de ce secteur l’un des tremplins de sa conquête des marchés les plus concurrentiels au monde. Elle est d’ailleurs l’un des premiers exportateurs d’huile d’olive au monde, en concurrence avec l’Espagne et l’Italie.
Selon les prévisions du Conseil Oléicole International, la Tunisie réalisera au cours de la saison 2017/2018, le taux de croissance le plus haut au monde de son stock d’huile d’olive qui atteindra les 120% par rapport à la saison précédente.
La Tunisie envisage, en effet, l’exportation de près de 200 mille tonnes d’huile d’olive dont plus de 25 mille tonnes conditionnées, au vu d’une récolte record prévue au cours de la saison 2017/2018.
L’huile d’olive tunisienne est exportée vers 54 marchés internationaux, notamment ceux de l’UE (Union Européenne) qui accaparent la part du lion avec plus de 56 mille tonnes, suivis des Etats-Unis d’Amérique avec 35 mille tonnes dont 7 mille tonnes d’huile conditionnée.
La Tunisie a accédé à de nouveaux marchés prometteurs, au cours des dernières années, à savoir les marchés Russe, Indien, Japonais et Africains.
La Tunisie dispose de 88 millions de plants d’oliviers sur une superficie de 1,8 million hectare et environ 20 mille hectares d’oliviers sont plantés chaque année, outre un plan quinquennal de plantation de un million d’oliviers/an au Nord vu les conditions climatiques adéquates.
Avec huffpost