La région culturelle du peuple Yoruba est communément appelé Ìl?-Yorùbá ou Yorùbáland. Il s’étend sur une partie des des actuels Nigéria, Bénin et Togo.
La population totale du pays yoruba est environ 50 millions de personnes à travers l’Afrique occidentale, avec les plus grand nombre au Nigéria et au Bénin.
Les yoruba ont un très profond sens de l’importance de leur culture et traditions, ce qui les unifie et permet de les identifier. Selon le Professeur Machioudi Dissou[1], au tour de la question ” qui est yoruba ” gravitent trois principales affirmations qu’il faut examiner:
-Le yoruba a une origine propre
-Le yoruba est une religion
-Le yoruba est une langue
Il y a actuellement 16 royaumes établis que l’on dit avoir été des descendants de Odùduwà. Il existe d’innombrables sous-royaumes et territoires qui sont des vassales des 16 royaumes originaux.
Selon Dissou sont designés anago, ou nago les yoruba ayant émigré en Afrique même comme les Egbà, Êgbàdò, Ìjêbú, Ilàjê, etc (cf. Adéoye[2]). Les communautés désignées Nago sont bel e bien des yoruba où quíls se trouvent dans le monde, que ce soit au Bénin, au Togo ou en Amérique du Sud.
Il existe différents groupes et sous-groupes dans le Pays Yoruba qui parlent des dialectes distincts mais qui se comprennent entre eux. Le gouvernement de cette population diversifiée est assez complexe, avec des petites variations dans chaque groupe et sous-groupe. Mais en général, le gouvernement commence à la maison au sein de la famille immédiate. Au sein de la famille immédiate le père est appelé respectueusement Baba. Le niveau suivant est le clan ou la famille élargie qui a à sa tête un Baálé, dans leur plus grand partie chefs du village. Les Baálé sont soumis à leur roi, appelé Oba. Un Oba peut a son tour être vassal d’un autre Oba.
D’après la tradition mythologique yoruba le monde a eté creé à Ilé Ifè, au moment où Odùduwà, l’ancêtre légendaire des yoruba, y arrive pour fonder la nation qui s’est depuis devellopé jusqu’à devenir le Pays Yoruba. Des recherches archéologiques attestent la présence de population à Ilé Ifè dès le VIe siècle av. J.-C. Vers le XIIe siècle Ilé Ifè était devenue un centre urbain bien développé. Cette cité-état a donné naissance entre le XIIe et le XVe siècle à l’une des civilisations les plus originales l’Afrique noire et incontestablement celle avec la plus forte identité culturelle. À nos jours La culture yoruba persiste de façon très forte et vivante dans l’Afrique d’ouest et les Ameriques, où les yoruba ont fortement influencé la culture locale en diffusant les éléments de leur religion, valeurs, cuisine et langue, notamment le Brésil.
Les Yoruba considérent Ilé Ifè comme le berceau de leur civilisation, même si Oyó plus tard est devenu beaucoup plus important et plus puissant que Ilé Ifè, jusqu’à la chute de l’empire d’Oyó au XIXe siècle. Ifè signifie l’expansion. Ainsi, Ilé Ifè veut dire la terre en expansion.
Après avoir avoir devenu Oòni, soit le premier roi sacré de Ilé Ifè, Odùduwà encourage ses enfants à quitter Ilé Ifè pour établir des nouveaux royaumes. Ses enfants fondèrent plusieurs royaumes ou sous-groupes comme: Oyó, Kétu, Shabé (Savé), Ijesa, Égbà, Égbadò, Ìjèbú, Èkìtì, Òwò, Igbóminà, Àwóri, Òndó, Àkókó. C’est bien pour cela que toutes les familles royales des peuples du Pays Yoruba revendiquent descendre de Odùduwà. Et c’est aussi pour cette raison que l’actuel Oòni d’Ifè a le traitement de Sa Majesté Impériale et il est considéré comme primus inter pares quand il se retrouve réuni avec les autres monarques yoruba.
Divers festivals ont lieu à Ilé Ifè tout au long de l’année, et beaucoup d’entre eux comptent sur la présence du Oòni d’Ifè. Parmi les festivals les plus célèbres se trouvent le festival Itapa en honneur de l’orishá Obatalà et le festival Olojo en honneur de l’orishá Ogun.
Ilé Ifè a ensuite été dépassé par l’Empire d’Oyo que est devenu le centre du pouvoir militaire et politique des yoruba entre 1700 et 1900 après-JC. Avec sa capitale a Ilé Oyó. L’Empire d’Oyo est devenu l’un des plus grands Etats de l’Afrique d’ouest rencontrés par les explorateurs pré-coloniaux. Il a pris de la puissance travers ses compétences organisationnelles (inhérentes aux yoruba), la richesse acquise dans le commerce et sa puissante cavalerie. L’Empire Oyo était l’état le plus politiquement important dans la région depuis le milieu du 17e jusqu’à la fin du 18e siècle. Il contrôlait la plupart des autres royaumes yoruba, et s’opposait aux Etats africains voisins, notamment le royaume Fon du Dahomey (incorporé dans l’actuelle République du Bénin). En 1826, le capitaine Clapperton y dénombrait cinquante-cinq villes dont plusieurs de plus de 20 000 habitants.
Un deuxième royaume yoruba avait lui aussi été une force puissante entre 1300 et 1850 après-JC. Il s’agissait du Royaume du Bénin, un royaume vassal de l’Empire d’Oyó. Son territoire correspondait au sud-ouest de l’actuel Nigéria, et sa capitale était Edo, actuelle Bénin City (capitale de l’État d’Edo, au sud du Nigeria). Ne pas confondre le Royaume du Bénin avec l’actuel Bénin, qui correspond à l’ancienne colonie française du Dahomey.
Au centre, Oba Adeyemi, Alaafin d’Oyo. À droite, Oba Onikoyi Abessan V, et à gauche le senator Isaq Abiola Ajimobi, gouverneur de l’État d’Oyo, pendant la céremonie du féstival de Oranmiyan au Palais royal du Alaafin d’Oyo au Nigeria.
La chute de l’Empire d’Oyó:
Suite à une jihad organisée par les peuls (des éleveurs nomades de la région sahélo-saharienne connus en anglais comme fulani) entre 1804 et 1808 et à une très rapide consolidation des royaumes Haoussa situés dans la région que correspond aujourd’hui au nord du Nigéria. Au nord, l’islam fut à l’origine dune révolution politico-religieuse majeure. Les peuls nomades, qui progressaient vers l’est depuis plusieurs siècles, firent cause commune avec les Foulbé érudits des villes contre les Haoussa sédentaires. Le soulèvement remporte ses premiers succès en 1804 dans l’État de Gobir et gagna le Nupe, sous la conduite du réformateur Ousman dan Fodio, et de là le pays yoruba setemptrional. La zone, où l’islam devint religion d’État, fut partagée en émirats dépendants de Sokoto. La prise de la ville yoruba de Illorin (1832) entraîna la désagrégation de l’Empire d’Oyo, quand les peuls ont commencé à se diriger vers le sud. Peu de temps après, ils saccagèrent Oyó-Ilé, la capitale de l’Empire d’Oyo, et ils ont presque complètement détruit la ville en 1835.
Après la destruction d’Oyó-Ilé par les peuls en 1835, la capitale yoruba a été déplacée plus au sud, à Ago d’Oyó. Oba Atiba, Alaafin (roi) d’Oyó , a essayé préserver ce qui restait d’Oyó en plaçant sur ??Ibadan (une autre ville yoruba plus au sud) le devoir de protéger la capitale.
La barrière mise en place par les peules fermait la principale source d’esclaves et les razzias intestines achevèrent de plonger le pays dans la confusion. La population, contrainte d’émigrer en masse, alla s’installer aux abords immédiats de la forêt à Nouvel-Oyo (vers 1837).
Au sud, la situation n’était pas moins critique. Les Egba commençaient de secouer le joug d’Oyó. Les Ijebu développèrent, comme Lagos, un commerce intensif avec les négriers européens. Alliés aux gens d’Ifè et aux refugiés d’Oyo, ils triomphèrent de l’État d’Ówu jusqu`alors dominant (1818-1825). Les Egba refoulés vers le sud-ouest se rassemblèrent à Ibadan, appelé à devenir en peu d’années le plus gros centre urbain de l’Afrique pré-coloniale. Une partie d’entre eux continuèrent de progresser vers le sud où ils créèrent Abeokuta (1830). Les deux villes qui se disputaient le contrôle du trafic avec la côte vécurent dorénavant dans un état d’hostilité chronique, tandis que les Anglais, partisans d’Ibadan, s’assuraient le contrôle de Lagos (1861).
L’hégémonie de l’Empire d’Oyó avait reçu son coup mortel et Oyó n’a jamais retrouvé son importance dans la région. En suite, plusieures cités-États yoruba se sont libérés de la domination d’Oyó, travers une série de guerres intestines. Cette époque a été marqué par une augmentation du nombre des razzias organisées pour alimenter la traite négriere où des millions de personnes, principalement des yoruba, ont été capturées et vendues comme esclaves au Brésil, Cuba, République dominicaine, Venezuela et d’autres parties du monde.
Ces guerres ont terriblement affaibli les yoruba dans leur opposition à ce qui allait suivre: invasions militaires britanniques. La défaite militaire des forces Ijebu à Imagbon par l’armée coloniale britannique a rendu possible l’établissement d’une administration britannique à Lagos qui a été progressivement élargie par plusieurs ” traités ” selon lesquels les royaumes yoruba ont été forcés à accepter de se mettre sous le protectorat de la reine Victoria de Grande-Bretagne. Ces traités se sont avérés décisifs dans annexion du reste du pays yoruba sous l’autorité britannique. Ensuite tout le sud du Nigéria et le Cameroun ont été annexés.
Oyo est devenu un protectorat de la Grande-Bretagne en 1888 avant de se fragmenter davantage dans plusieurs petits royaumes belligérants. Le royaume d’Oyo a cessé d’exister en tant que toute sorte de pouvoir en 1896. Le roi Oba Atiba autrement appelé Atiba Atobatele est disparu en 1859, son fils le roi Oba Adeyemi I est disparu en 1905.
Certains historiens affirment que les britanniques sont arrivés et ont commencé a coloniser et asservir le Pays Yoruba dans un moment dans lequel les yoruba étaient en train de se remettre de ce que peut etre considéré comme la guerre civile yoruba.
Les peuls ont profité des guerres civiles entre les peuples yoruba pour les imposer leur domination islamique, avec notamment la mise en place des sultans a Oyó-Ile et dans l’actuel Ilorin. La conséquence la plus visible de cette domination était l’annexation de près d’un cinquième du Pays Yoruba (de Offa à Oyó-Ile) à Kabba, au nord du Nigéria (a cette époque administré par Sir Frederick Lugard) et la ultérieure soumission de cette partie du Pays Yoruba à un féodalisme sous la suzeraineté des peuls.
L’initiative britannique de fusionner les protectorats du Nigéria du Nord et du Nigéria du Sud dans une seule colonie a également contribué à l’affaiblissement de l’identité du pays yoruba. Sir Frederick Lugard, un chevalier (et plus tard baron) britannique, alors haut-commissaire du protectorat du Nigeria du Nord, a reçu du roi George V en 1912 des instructions de fusionner les protectorats du Nigéria du Nord et du Nigéria du Sud dans une colonie. Ayant réussi avec la fusion, Sir Frederick Lugard a été nommé en 1913 au nouveau poste de 1er gouverneur-général de la Colonie et Protectorat du Nigéria.
[1] – DISSOU, Machioudi alabi : Mémoire collective du pays yorúbà et de la nation yorúbà – CNPMS – Porto-Novo – 2012
[2] – ADEOYE, C.L. : Asa Ati ISE Yoruba – Oxford University Press – 1979
[3] – Coquery-Vidrovitch (C.) et Moniot (H.). L’Afrique noire de 1800 à nos jours. 1992
Source : alajase.wordpress.com