L’heure des comptes a sonné en Guinée. Avant l’investiture et la formation du nouveau gouvernement, l’opinion attend la démission du premier ministre Saïd Fofana, par principe. Ceci permettrait au président Condé d’avoir des coudées franches. La constitution reste muette là-dessus, mais ce sont de bonnes pratiques en matière de démocratie et de bonne gouvernance qui nous l’imposent !
Comme l’ancien premier ministre de transition, Jean Marie Doré, qui avait déposé sa démission le 22 décembre 2010 au président fraîchement investi, Alpha Condé, ou l’actuel locataire de la primature, qui avait aussi rendu le tablier le 15 janvier 2014 en son temps, Saïd Fofana doit jeter l’éponge pour laisser les adjoints gérer les affaires courantes.
C’est en tous les cas, l’avis de maints observateurs contactés par Guinéenews. Curieusement, au lieu de démettre l’actuelle équipe, le président réélu profite de la période de flottement pour renforcer les prérogatives de certains ministres. Comme celui de la ville, Loucény Camara, à qui le chef de l’Etat a ordonné de faire arrêter immédiatement toutes les constructions en cours sur le domaine public maritime de Conakry.
Mieux, le président Condé ne s’arrête pas là. Au contraire, le locataire du palais Sékhoutouréya a demandé « qu’il soit mis en place au niveau du ministère de la ville et de l’Aménagement du Territoire une Commission d’évaluation qui va statuer sur les projets de construction en cours relevant du domaine public maritime au cas par cas ».
En prenant cette décision, le président Condé veut-il confirmer le maintien de l’ancien président de la commission électorale indépendante à la tête du ministère de la ville ?
« Ce que le ministre n’a pas pu faire depuis son choix, ce n’est pas en un mois, qu’il le ferait. Cela est d’autant vrai qu’il ne s’agit pas d’une question urgente », confie un cadre.
En attendant d’en savoir plus, une chose est certaine. A l’allure où vont les choses en Guinée, le président ivoirien, Alhassane Ouattara, observerait, depuis Abidjan, son homologue guinéen et conseiller politique, Alpha Condé, avec un regard plein de commisération.
Parce que les ivoiriens sont allés aux urnes après les Guinéens. Curieusement, les voisins, eux, sont au travail aujourd’hui, le président Ouattara étant investi et son gouvernement sortant reconduit, alors qu’en Guinée, on est dans l’attentisme déconcertant.
Conséquence, les activités économiques sont loin de reprendre. La preuve ? En effet, après la cérémonie d’investiture et la prise de fonction, prévues pour les 14 et 21 décembre respectivement, les guinéens auront de la peine à reprendre le boulot.
La formation du gouvernement coïncidera aux festivités de fin d’année, suivi des cérémonies de passation de services et des rénovations des bureaux. Que du temps perdu !
C’est possible, le président Condé est conscient des défis, qui attendent son second quinquennat. Mais la lucidité politique commande de faire tomber des têtes, et non couper des orteils comme il l’avait fait dans l’affaire de détournement des treize milliards. Ce serait la preuve par dix que le nouveau président ne serait l’otage de personne.
avec guineenews