« Les banques centrales miseraient sur l’or pour protéger leurs arrières », c’est l’idée de cet article du site Sputnik. Nous savons tous que l’or est ringard, que l’or est une relique barbare, mais tout le monde en … veut au cas où… Au cas où les choses tourneraient mal en termes monétaires.
La prochaine crise pourrait d’ailleurs à ce titre poser quelques problèmes d’érosion monétaire non souhaités, ou mal maîtrisés.
Enfin, la géopolitique joue également son rôle ainsi que toutes ces histoires de sanctions.
Tout cela pousse les États comme les épargnants de la monnaie purement fiduciaire à aller vers l’or et à intégrer une part de plus en plus importante de métaux précieux à leurs actifs financiers.
D’après les estimations du World Gold Council, au troisième trimestre 2018 les banques centrales mondiales ont acquis 165 tonnes d’or, portant ainsi leurs réserves à un total de 32 960 tonnes. Les plus grands acheteurs de ce métal précieux sont les banques centrales de Russie et de Turquie.
Selon les dernières informations du World Gold Council (WGC), la Russie reste le plus grand acheteur d’or après en avoir acquis plus de 92 tonnes ce trimestre, écrit jeudi le quotidien Kommersant. Elle en détient aujourd’hui 2 036 tonnes, ce qui la positionne à la 5e place mondiale en termes de réserves. En deuxième position se trouve la Banque de Turquie, qui a accru ses réserves de 18,5 tonnes. Les banques centrales d’Inde, du Kazakhstan et de Pologne affichent également une hausse significative.
Depuis la crise de 2008-2009, qui a été résolue en grande partie par l’injection de sommes d’argent colossales dans l’économie mondiale, les banques centrales de plusieurs pays augmentent leurs réserves d’or.
Cela a conduit à une hausse de l’inflation, alors que l’or est habituellement considéré comme un outil anti-inflation traditionnel. C’est également un havre de paix en période de déclin économique mondial, ce qui est particulièrement d’actualité au regard de la politique commerciale et monétaire des USA. « La hausse des investissements dans l’or est un moyen de diversifier la structure des réserves dans une situation où l’incertitude concernant les perspectives du commerce mondial et des marchés financiers mondiaux augmente », indique Natalia Orlova, directrice du centre d’analyse macroéconomique d’Alfa-Bank.
Les banques centrales de Russie et de Turquie cherchent également à protéger leurs réserves contre les risques géopolitiques. En effet, les États-Unis ont décrété de nouvelles sanctions contre Moscou et Ankara en août.
« Les menaces de sanctions reflètent la tendance à la démondialisation de l’économie mondiale, et les sanctions sont souvent dirigées contre les pays qui possèdent des réserves d’or significatives, par conséquent ces pays sont contraints de modifier la structure de leurs réserves », précise Natalia Orlova. D’après Valentina Jourba, responsable de l’analyse des marchés chez Ingosstrakh-Investissements, il existe actuellement un risque de gel des actifs des banques centrales. C’est justement pour réduire ce dernier qu’elles se retirent activement des obligations américaines au profit de l’or depuis quelques mois. « La Banque de Pologne renforce également sa stabilité face aux éventuelles sanctions du Parlement européen », déclare Roman Antonov, analyste de Promsviazbank.
Dans les conditions actuelles, les acteurs du marché s’attendent à ce que les investissements des banques centrales dans l’or se poursuivent. « Il ne fait aucun doute que les banques centrales continueront d’acheter de l’or malgré la faible demande des investisseurs actuellement et l’attente d’une baisse des prix mondiaux suscitée par le «dollar fort» et la politique de la Réserve fédérale américaine.
Les risques de ralentissement de la croissance économique mondiale et le déclin en Chine deviennent un scénario de plus en plus réel, ce qui permettra à l’or de reprendre son statut d’actif de protection », indique Roman Antonov. Selon Artem Kopylov, analyste d’Alfa-Capital, les banques pourraient accroître davantage leurs investissements dans le métal précieux en cas d’interventions actives sur les marchés des changes. « Sur fond de forte croissance des prix des matières premières, les pays exportateurs devront recourir aux interventions monétaires pour retenir le renforcement de la monnaie. En l’occurrence, la demande en or augmentera quand il faudra diversifier les réserves », conclut l’expert.
Source Agence Sputnik.com