Désir de bien faire tournant à l’obsession de tout contrôler, négligence des rituels qui soudent une équipe, manque de savoir-vivre… Difficile de rétropédaler quand le pli est pris! Ce tour d’horizon vous aidera à anticiper les pièges les plus courants.
- Ne pas dire bonjour le matin
Zapper ce rituel cause bien des dégâts. DRH dans l’agroalimentaire, Sabine était sur le pont dès 7h30. Elle estimait que c’était au dernier arrivé de la saluer et attendait que chacun s’exécute en passant devant son bureau… ce que personne ne faisait. «Il lui a fallu des mois pour renouer le contact», raconte le coach de dirigeants François Enius. Faites le tour des popotes en arrivant. Et déjeunez de temps en temps avec vos collaborateurs: c’est utile pour «garder le lien».
- Se montrer trop bavard
Un manager doit savoir tenir sa langue. Il a un devoir de réserve sur les informations qu’il recueille en haut lieu. Et colporter des rumeurs ou créer des polémiques n’entre pas dans ses attributions!
- Piquer ses idées à un collaborateur
«Un manager endosse au près de ses supérieurs ce qui ne marche pas dans son équipe et attribue à ses collaborateurs ce qui fonctionne, rappelle Guillaume Bigot, directeur du groupe Ipag Business School. En trahissant son équipe, il inverse ce principe et détruit tout esprit de loyauté.» Et ce mépris risque de se retourner contre lui.
- Communiquer exclusivement par e-mail
A force, le recours systématique au courrier électronique dépersonnalise les relations. Il crée des malentendus et génère des fils de discussion interminables. «Les e-mails défouloirs laissent des traces et tuent la crédibilité du manager», prévient Elisabeth Rochefort, formatrice chez CSP Formation. Son conseil: doser le recours aux différents modes d’échange (face à face, réunions, coups de téléphone et courriers électroniques) selon la complexité des informations à délivrer.
- Laisser les nouveaux se débrouiller seuls
20% des nouvelles recrues envisagent de quitter leur entreprise dès le premier jour. La raison? «Un accueil défectueux sur les plans humain et matériel», selon une enquête de SilkRoad de 2013. Les managers n’y sont pas pour rien. «La moitié d’entre eux ne déploient même pas le processus d’intégration maison, estime le coach François Enius. Or tout se joue durant la période d’essai.» Le néophyte mettra plus de temps à être opérationnel. Et ralentira le travail de l’équipe… quand il ne la démotivera pas en la quittant. Pourquoi ne pas désigner un de ses membres pour encadrer le bleu?
- Réagir à chaud
L’impulsion est toujours mauvaise conseillère. Sous le coup de la colère, vos mots pourraient dépasser votre pensée et blesser. Un excès d’enthousiasme est tout aussi préjudiciable: une promesse irréaliste qu’il faudra revoir à la baisse ne manquera pas de décevoir. Retenez vos ardeurs et prenez toujours le temps de la réflexion avant une décision importante.
- Ne pas recadrer un tire-au-flanc
Résultats en baisse, retards à répétition, comportements limites… Si vous laissez pourrir la situation, vous risquez de perdre de l’autorité sur votre équipe par la faute d’un seul. Laver son linge sale devant ses collègues est déconseillé. Exposez les faits au fautif en tête-à-tête et tâchez de comprendre les raisons de sa dérive. Mettez-vous d’accord sur un objectif précis et faites un point sur la situation ultérieurement.
- Arriver en retard aux réunions
Le laxisme horaire du manager va non seulement agacer, mais il va aussi faire des émules. «Le subordonné a tendance à imiter son supérieur, c’est un instinct animal que chacun porte en soi», explique Guillaume Bigot. Gare à l’anarchie rampante! Minutez votre emploi du temps. Et sachez qu’il vaut parfois mieux être absent qu’en retard. Prévenez à l’avance et déléguez la conduite de la réunion à votre adjoint.
- Reprendre de fond en comble le travail d’un autre
La tentation est forte. Tout manager a eu envie un jour de remanier complètement un rapport ou une présentation selon l’idée qu’il a du travail bien fait. Céder parfois à cette impulsion va décourager le collaborateur. Y céder souvent sera perçu comme du flicage. Pour juger de la qualité d’un travail, il faut s’attacher à l’essentiel et laisser les détails de côté. Et admettre qu’il n’y a pas qu’une seule façon – la vôtre – de procéder.
- Se laisser déborder par les râleurs
Canalisez-les au plus vite sous peine de passer pour faible et inéquitable. Le mieux est de tirer profit de ces personnalités pour le confort de tous. Ecoutez-les un peu, car elles sont en partie les porte-parole des autres. Mettez-les dans la confidence avant une annonce à fort enjeu, ce qui dégonflera leurs réactions négatives. Enfin, confiez-leur des responsabilités, des missions, ou donnez-leur une promotion: cela changera leur angle de vue.
- Avoir sa porte toujours fermée (ou ouverte)
C’est le «toujours» qui est ici une erreur: soit vous donnez l’impression de snober vos collaborateurs, soit vous transformez votre bureau en moulin. Délimitez clairement les moments où vous avez besoin de vous concentrer et ceux où vous êtes disponible.
- Refuser de déléguer
«On tend à faire davantage confiance à soi-même qu’aux autres, estime Pierre Gédalge, membre de Syntec Conseil en management. Mais ne pas déléguer, c’est à la fois se priver de l’expertise de ses collaborateurs et les empêcher de progresser.» Tout en faisant exploser votre charge de travail. Alors lâchez prise et faites confiance à vos coéquipiers.
- Vouloir gérer le moindre détail
Cessez de gaspiller votre énergie sur tous les fronts. Si vous passez votre temps à relire chaque e-mail sortant de votre service, votre équipe finira par se sentir inutile et lèvera le pied. Acceptez de ne pas tout contrôler et bannissez les listes d’instructions démotivantes. Ces bonnes résolutions vous protégeront en prime du burn-out.
- Prétendre que l’on sait tout
Vous n’êtes pas omniscient! «Le boulot du manager, c’est de prendre les bonnes décisions, pas de trouver toutes les solutions, rappelle Pierre Gédalge. Il ne faut pas hésiter à solliciter ses coéquipiers et à demander un temps de réflexion.» Cette attitude d’ouverture mettra en valeur votre capacité à prendre du recul et à jouer collectif.
- Négliger la formation de ses collaborateurs
«Si on les forme et qu’ils partent?» s’interroge un manager. Malicieux, son DRH rétorque: «Et si on ne les forme pas et qu’ils restent?» Les formations sont essentielles pour entretenir l’expertise et la cohésion de l’équipe. «Dans le secteur IT (technologies de l’information), les jeunes ridiculisent parfois les anciens avec leur maîtrise des nouveaux logiciels. Entretenir un bon niveau de qualification permet d’éviter ces situations», témoigne Jean-Michel Rolland, consultant en entreprise.
- Ne pas entretenir ses réseaux en interne
Concentré sur votre travail, vous en oubliez de lever le nez pour voir ce qui se passe dans le reste de l’entreprise. «Une de mes clientes pensait que ses résultats suffiraient à la distinguer, raconte Karine Aubry, coach chez Kolibri Coaching. Grave erreur! A la suite d’une réorganisation, son service s’est retrouvé sous la tutelle d’un ambitieux qui, lui, avait tissé des liens.» Son conseil: ne plus considérer les échanges informels comme une perte de temps, mais comme un investissement pour sa carrière.
- Se laisser dévorer par le reporting
Rassurer sa hiérarchie en envoyant des notes, c’est bien. Mais y passer trop de temps empiète sur votre travail de manager. «Il ne faut pas hésiter à aller voir son N+1 et à lui expliquer que le temps consacré au reporting nuit à votre mission», indique Karine Aubry. Mettez-vous d’accord sur les étapes d’un projet et pro posez des points réguliers… mais pas trop envahissants!
- Ne pas répartir les rôles clairement
Distribuer vos instructions au petit bonheur finit par créer un fou préjudiciable à la créativité de chacun. Pour éviter les doublons ou les dossiers non traités, distribuez soigneusement les rôles.
- Négliger les problèmes personnels
Les performances d’un salarié baissent? Il est peut-être en plein divorce. Informez-vous discrètement et parlez-en avec lui pour vous montrer solidaire et le remotiver. Le pire serait de lui lancer des «Comment ça va?» ou des «Courage!» entre deux portes.
- Fuir la confrontation
Raser les murs en cas de confit dans votre équipe est le meilleur moyen de passer pour un couard et de perdre toute autorité. Vous devez, au contraire, réaffirmer votre leadership et repréciser les motif d’une décision. Restez ouvert à la discussion, mais sachez tenir bon: à votre poste, le manque de courage est rédhibitoire.
- Se défausser sur autrui
Comment perdre toute crédibilité? En rejetant vos erreurs sur un coéquipier pour sauver votre peau. Cette réaction guidée par la peur vous attirera le mépris de tous. Assumez!
- Créer des rivalités au sein de votre équipe
Dans les secteurs IT, les sessions Openfire sont monnaie courante: tous les fichiers clients sont mis en commun et chacun intervient sur le dossier de son voisin. «Ces dispositifs créent une forte rivalité entre les employés, qui se change en ressentiment à l’égard du manager», prévient Karine Aubry. Mieux vaut éviter ce genre de pratiques. Ou, à tout le moins, dédramatiser l’événement en consultant votre équipe en amont.
- Fixer des objectifs irréalisables
A l’impossible, nul n’est tenu. «Ruiner le sentiment d’efficacité de vos collaborateurs en leur imposant des résultats impossibles à atteindre est le meilleur moyen de les décourager», assène Karine Aubry. La solution: négocier des objectifs raisonnables avec la direction. Et ne pas (trop) répercuter sur vos troupes la pression venue d’en haut.
- Faire passer une mauvaise nouvelle pour une bonne
«C’est génial, on déménage à 30 kilomètres!» Un manager n’est pas un VRP: arrêtez de vouloir tout vendre, y compris de la camelote. Ecoutez plutôt les craintes de vos collaborateurs et efforcez-vous d’y répondre. Expliquez les raisons d’un choix et assumez-le. Et ne prenez surtout pas à témoins vos salariés de vos désaccords éventuels avec la direction. Vous risquez d’entamer votre crédibilité aux yeux de tous.
- Ignorer les remarques de vos coéquipiers
En restant sourd aux observations, on tue l’esprit d’initiative. «Les salariés finissent par se taire à force d’être ignorés, explique Pierre Gédalge. Pour ne pas en arriver là, laissez s’exprimer les idées, en réunion ou de façon informelle, et motivez chacune de vos décisions.»
- Organiser des réunions aléatoirement
«Au sein d’un service, ne pas établir de rites ni de rythme, c’est laisser les employés en roue libre», analyse Emmanuel Dehee, fondateur du réseau Coach-manager. Fixez des points hebdomadaires: ces rendez-vous constituent la colonne vertébrale de la relation entre vous et votre équipe.
- Oublier de prévoir des soupapes de sécurité
Un manager doit faire tampon entre sa hiérarchie et son équipe, encaisser la pression d’un côté et réduire le stress de l’autre, pour permettre à chacun de travailler sereinement. Adoptez une bonne hygiène de vie et trouvez votre équilibre en dehors du travail: c’est encore le meilleur moyen de lutter contre le stress.
- S’octroyer les lauriers d’un succès collectif
Cette attitude vous mettra tout le monde à dos. Valorisez plutôt le travail de l’équipe et accordez de la visibilité à vos collaborateurs pendant les réunions ou les présentations. Vous serez sûr d’obtenir leur fidélité et leur appui pour gravir les échelons supérieurs.
- Avoir un chouchou ou une bête noire
Privilégier une personne au détriment des autres crée des rancœurs et divise. Alors que vous avez besoin de tout le monde: «L’homme, imparfait par essence, se complète à travers les autres pour accéder à la performance», rappelle Emmanuel Dehee.
- Aggraver les choses en ne faisant rien
Vous avez commis l’une des erreurs précédentes? Rassurez-vous, ça arrive à tout le monde. La seule faute irréparable serait de vous cacher la tête dans le sable et de ne pas rectifier le tir. A terme, vous risquez une reprise en main par votre N+1, qui réglera le problème… et vous passera un savon.
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(Avec capital)