Mme Zeinabou MAIDAH MAMOUDOU est la fille de feu Mamoudou MAIDAH et l’épouse de Issoufou BOUBACAR KADO, une Nigérienne, ingénieure en industrie agro-alimentaire, mère de quatre enfants. Après ses études primaires, secondaires et universitaires, elle rentre à l’ENSAIA – SIARC de Montpellier puis à l’ENSAIA de Nancy pour décrocher son diplôme d’ingénieure en industrie-agro-alimentaire. Revenue au bercail (Niger), elle est la promotrice et Présidente Directrice Générale de la société Niger-Lait SA.
Que pouvez-vous nous dire en quelques mots sur votre société Niger-lait ?
Niger-Lait est une unité de transformation de produits laitiers et dérivés. Elle fabrique tout ce qui est yaourt, lait entier anti-pasteurisé, lait caillé, lait diététique dans diverses formes d’emballage notamment des sachets de 200 ml, des bouteilles 33 cl. Le produit diététique est emballé dans un tétra brique paquet d’un litre.
Niger-Lait SA est une entreprise qui a débuté sur une superficie de 20m2 notamment le garage de ma maison qui a été aménagé en atelier de travail.
En termes de production, la société Niger-Lait SA, a commencé par une fabrication journalière en 1994 de l’ordre de 150 à 200 litres.
L’entreprise a évolué. Elle se trouve aujourd’hui sur une superficie de 1ha 8, soit 10800m2, avec une capacité de transformation de 55.000 litres par jour tous produits confondus.
En termes d’emplois, en 1995 la Société Niger-Lait SA employait pratiquement 15 personnes. Elle emploie actuellement 117 salariés. C’est une entreprise qui a commencé avec moins de 15 millions de chiffres d’affaires en 1995. Elle fait depuis 2006 un chiffre d’affaires de 5 milliards de CFA.
En termes de résultats, c’est une entreprise qui fait des bénéfices, ce qui encourage ses actionnaires à tripler les investissements. Cette entreprise est surtout basée sur des principes et axée sur des ambitions qui sont fondamentaux dans ce qu’elle vise aujourd’hui, notamment apporter la négation à la médiocrité, apporter une solution nutritionnelle avec des produits de haute qualité à la population nigérienne. Elle est également active dans la filière laitière notamment en utilisant le lait de collecte produit par les éleveurs nigériens. Par conséquent la société Niger-Lait SA participe à la lutte contre la pauvreté au sein des populations d’éleveurs. En effet, elle achète auprès de ces derniers une quantité très appréciable de leur production.
La société Niger-Lait SA, c’est une entreprise qui est certifiée ISO 9001 depuis 2006. Elle est aussi une entreprise qui mène des activités à caractère social et culturel. En effet, beaucoup d’actions et d’activités en direction des couches socio-professionnelles le plus défavorisées sont organisées par Niger-Lait SA en vue d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice.
En effet, il s’agit de l’organisation des activités sportives, des dons en fournitures scolaires, en matériels didactiques, en vivres, en produits alimentaires etc. En un mot le social fait partie de nos activités à Niger-Lait SA.
Comment avez-vous réussi à vous imposer sur le marché du lait au Niger depuis 20 ans ?
Ca n’a pas été difficile pour s’imposer car nous avons choisi comme base de fonctionnement et comme contrainte de travail, d’exister dans un contexte contraignant qui est celui du respect de la norme de management international, norme par laquelle nous sommes certifiés ISO 9001 depuis 2006.
Mieux, c’est que nous avons comme règle de conduite, le respect des principes HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), c’est-à-dire la maîtrise des risques au sein d’une industrie agroalimentaire. Ce que vous ne retrouvez pas dans les autres entreprises étant donné que le respect de ces principes, des consignes d’hygiène et de sécurité alimentaire a un coût très élevé qui n’est pas donné à n’importe quelle entreprise de supporter.
Quelle a été l’étape la plus marquante dans l’histoire de Niger-Lait ?
Je peux vous dire que l’étape la plus marquante de l’histoire de Niger-Lait, c’est au tout début quand, après le garage, j’ai voulu être en zone industrielle. Je me suis vue rétorquer qu’un industriel qui cherche 2000m2, n’est pas un industriel !
Il fallait que j’aie un besoin de 10.000m2 pour intéresser le domaine de l’Etat. Cette attitude des services publics a produit un choc sur moi. Cependant grâce au courage et à la bonne volonté qui nous animent, et à l’aide de certains compatriotes, nous avons réussi à surmonter tous les obstacles et à implanter cette entreprise.
Vous venez de fêter vos 20 ans d’existence, dans quel domaine voyez-vous des opportunités de croissance optimale et durable pour votre société au cours des prochaines années ?
La situation socio-économique du Niger fait apparaitre que l’agro-alimentaire reste la voie qui peut conduire au développement économique et social. C’est un secteur qui contribue à la lutte contre la carence alimentaire et qui contribue à créer beaucoup d’emplois.
Pour être efficace, créateur de croissance, de développement économique et social, le secteur agro-alimentaire doit être encouragé et protégé par les pouvoirs publics.
En ce qui me concerne, je continue à prospecter d’autres filières agro-alimentaires pour créer d’autres unités, car c’est le domaine où je peux apporter au mieux ma modeste contribution au développement économique et social de mon pays. C’est ce que je sais faire de mieux!
Vous êtes une des premières industries agro-alimentaires au Niger, quelles avancées observez-vous dans le secteur du lait au Niger ?
Dans le secteur du lait au Niger, il y a beaucoup de sociétés laitières artisanales qui naissent et qui meurent par manque d’organisation et du respect des principes de gestion. Des sociétés industrielles existent également en dehors de Niger-Lait SA, chacune avec son mode de fabrication. Le secteur est donc pourvu.
C’est la qualité des services qui diffèrent entre les sociétés. Notre credo, c’est de servir des produits de haute qualité aux clients.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Nigériens de la diaspora qui aimeraient investir au pays, que ça soit dans le domaine de l’agroalimentaire ou dans l’entrepreunariat ?
Je dois leur dire que c’est sur la jeunesse que reposent l’avenir et le développement économique et social du Niger. Personne ne viendra construire ce Niger à notre place. Certes il y a eu des avancées dans l’amélioration du climat des affaires aux Niger mais il reste beaucoup à faire. Les matières sont là. Je pense qu’il est grand temps que tous ceux qui veulent revenir au Niger puissent le faire, parce que c’est un pays riche en opportunités de réalisations.
Peut-on savoir le but de votre voyage à Bruxelles ?
Je suis à Bruxelles sur invitation de la Direction Générale du Commerce de l’Union Européenne qui a convié un panel d’experts ayant travaillé sur les grands axes liés au commerce, dans le cadre d’un développement inclusif durable (DEVDAYS.EU). Ma participation est liée à mon cursus d’une part, ingénieure agro-alimentaire et promotrice d’une entreprise qui fait la fierté du Niger, de la sous-région et même du continent. Ce panel a bien sûr fini par poser la problématique des accords de partenariat économique dans lesquels le libre-échange était au cœur des discussions.
Des entreprises qui ont plus ou moins pu assumer leur compétitivité dans un milieu hostile comme notre cas au Niger et des autres pays africains ont fait part de leur expérience.
Des échanges très riches entre les entreprises africaines et les grandes firmes agroalimentaires internationales ont permis aux uns et aux autres de mieux se connaitre et de se comprendre. Des perspectives sont prometteuses pour l’Afrique du fait des échanges très fructueux et des possibilités d’alliances stratégiques avec les grandes firmes internationales.
Source : nigerdiaspora.net