Le pouvoir de Faure Gnassingbé a engagé en dépit des multiples irrégularités, une course effrénée à l’organisation des élections législatives le 20 décembre prochain. Si ce scrutin se tenait à cette date, la coalition des 14 partis politiques de l’opposition n’y prendra pas part. Pour la C14, la recomposition paritaire et l’installation de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et la reprise du recensement électoral sont les conditions sine qua non pour la transparence du scrutin.
Mais visiblement, le régime ne recule pas. Le ministre Gilbert Bawara a annoncé le week-end dernier que « mardi 4 décembre, la campagne commence et le scrutin aura lieu le 20 décembre. Je ne vois pas de raison de vous dire le contraire ».
En dehors des anomalies liées à l’organisation desdites élections qui renforce la mascarade habituelle, le pouvoir confirme sa propension à légitimer la corruption au sommet de l’Etat. Un regard sur les 182 candidats du parti Union pour la République (UNIR) dont une trentaine de femmes, on constate la présence de plusieurs directeurs de société d’Etat.
On peut citer pêlemêle Sylvain Outchantcha de SAFER, Affoh-Atcha-Dédji de Togocel ou Togocom, Kwassi Kodjo Djodjro de la Poste, Paul Mawussi Kakatsi de la CEET, Katanga Mazalo de l’ANADEB.
A la tête de la Société Autonome de Financement de l’Entretien Routier (SAFER) depuis fin 2012, Outchantcha n’a pas été un modèle reconnu au Togo au regard de la gestion des postes de péage et la dégradation des infrastructures routières au Togo.
Le protégé de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances Adji Otèth Ayassor est candidat UNIR dans le Doufelgou. Vice-Président UNIR, Affoh Atcha-Dédji est aussi candidat à Tchamba. Devenu un des bras financiers du régime en raison des largesses autorisées à la tête de la Société de téléphonie mobile TogoCellulaire, le successeur de Marc Ably-Bidamon quand bien même Togo Cellulaire contribue au budget national contrairement à Togo Telecom jusqu’à la fusion, cette société est connue pour ses incuries aux dépens des consommateurs.
En clair, de Togo Cellulaire à Togo Com, le secteur de la téléphonie ne se porte guère mieux en l’occurrence la cherté de la communication au Togo. Pourtant, Atcha-Dédji anciennement Directeur Adjoint de Ably-Bidamon, est à la tête de Togocel depuis dix ans. L’autre Directeur controversé en course, c’est bien Mawussi Kakatsi annoncé dans l’Amou.
De retour à la Compagnie Energie Electrique du Togo comme Directeur par intérim en février 2016 après le limogeage du Professeur Gnandé Djétéli, Kakatsi qui avait déjà dirigé cette structure plusieurs années auparavant, n’a pas trouvé les recettes pour redresser la CEET.
Un Directeur par intérim candidat peut cacher un autre : Kwasi Kodjo Djodjro, Directeur par intérim de la Société des Postes du Togo (SPT) en poste depuis novembre 2012, n’a rien prouvé jusqu’à présent dans son long règne intérimaire. Cette structure souvent éclaboussée par des détournements de certains agents dont la fille d’un ponte du régime tout dernièrement, s’adapte mal aux mutations technologiques en cours. N’empêche, pour Faure Gnassingbé, son oncle fait du bon boulot. Et il l’a fait candidat dans le Kloto.
La Directrice de l’Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base (ANADEB), l’une des nombreuses structures du ministère du Développement à la Base, Katanga Mazalo est aussi candidate UNIR dans le Grand Lomé.
C’est une véritable anomalie sous nos tropiques que de faire candidats des fonctionnaires d’Etat nommés à la tête des sociétés d’Etat.
En réalité, l’objectif de cet acte grave du pouvoir est d’encourager le pillage des ressources de l’Etat. Il est souvent demandé à ces sociétés des contributions pour la campagne électorale au profit du parti au pouvoir. En plus, leurs premiers responsables candidats est un blanc-seing pour disposer des ressources à leur guise. Aucun compte ne leur sera demandé. L’autre idée cachée derrière est qu’il faut avoir de l’argent pour être candidat.
Du coup, c’est la course à la grande corruption des populations. Le principal programme de société du parti au pouvoir reste l’achat des consciences. Les structures liées à l’organisation des élections étant inféodées au pouvoir, en avant la corruption.
De ce fait également, il n’y a aucune place à ceux qui n’ont pas les moyens d’ambitionner être candidat au sein de UNIR. C’est la preuve de l’absence des jeunes parmi les candidats. Ils sont réduits aux missions de garçon de course.
De SAFER à TogoCellulaire ou Togocom en passant par SPT, CEET, rien ne va et la candidature de leur Directeur est une caution à la corruption et la mal gouvernance au Togo.
Source: Le Correcteur