Peu de créateurs le savent, mais l’ouverture d’un compte bancaire professionnel est une obligation quand on lance une société (SARL, SA, SAS, etc.). Seules les entreprises individuelles (et donc les autoentrepreneurs) sont exemptées de cette obligation. Mais ces dernières doivent, depuis janvier 2015, posséder un compte propre à leur activité, afin de séparer les transactions privées des opérations professionnelles. L’idée est d’éviter toute confusion fiscale et comptable.

CERTAINES OPÉRATIONS PEUVENT COÛTER TRÈS CHER. «Quelle que soit la forme juridique de l’entreprise, il est conseillé d’ouvrir un compte professionnel car les banques ont une gamme de services adaptée à la gestion d’une entreprise», souligne Cica Pedro, manager du réseau d’accompagnement Initiative Plaine Commune, dans la Seine-Saint-Denis.

En général, elles proposent des packages comprenant moyens de paiement (carte Bleue, chéquiers, RIB), services de gestion (consultation des comptes en ligne, relevés bancaires, assurances…) et autorisations de découvert. Pour ces offres standards, les tarifs oscillent entre 25 et 40 euros par mois.

D’un établissement à l’autre, les services varient et répondent à des besoins spécifiques : paiement en ligne sécurisé, cartes bancaires internationales, virements à l’étranger, etc. Il est donc indispensable de comparer les offres et de consulter la grille tarifaire de ce type d’opérations… qui peuvent se révéler très onéreuses.

UN CRITÈRE PRIMORDIAL ? : LE CONTACT AVEC VOTRE CONSEILLER. Au-delà des tarifs, le choix de l’agence est, lui aussi, essentiel.

Si votre projet nécessite un emprunt, il n’y a pas d’autre solution que de domicilier les comptes de la société dans l’établissement bancaire prêteur. Sinon, libre à vous de choisir l’agence de votre choix.

Privilégiez la proximité géographique (c’est un avantage pratique de poids si vous devez fréquemment déposer des chèques) et choisissez l’établissement dans lequel le contact avec le conseiller est le meilleur. «Le relationnel est capital, souligne Cica Pedro. En cas de difficultés passagères, le conseiller peut aider le créateur en lui proposant des solutions de financement.»

Une banque peut refuser l’ouverture d’un compte à un créateur et elle n’a pas à en motiver les raisons. Mais elle doit lui envoyer par écrit une attestation de refus. Dans ce cas, le créateur doit aller à la Banque de France, qui lui indiquera une agence où un compte lui sera ouvert d’office.

LES ÉTAPES À RESPECTER

1 – Choisir une banque après avoir pris soin de comparer les services proposés et les tarifs (frais de gestion, chéquiers, cartes de paiement, etc.).

2 – Verser le montant du capital social sur un compte de dépôt de capital. Il restera bloqué jusqu’à la création effective de l’entreprise. La banque vous remettra alors une attestation de dépôt de capital, indispensable pour l’étape suivante.

3 – Immatriculer la société auprès du Centre de formalités des entreprises (CFE) compétent : CCI pour un commerçant, chambre de métiers pour un artisan, Urssaf pour une profession libérale.

4 – Attendre l’extrait Kbis, qui vous sera délivré par le tribunal de commerce après votre immatriculation.

5 – débloquer le capital   en présentant à la banque un dossier complet (avec Kbis, statuts, bail commercial, etc.). L’argent est transféré sur le compte professionnel. Vous pouvez commencer à l’utiliser.

♠ Solenne Xavier, créatrice d’AlloMarcel : « Méfiez-vous des frais cachés ! »

©Jean-Paul Loyer

©Jean-Paul Loyer

“Quand j’ai ouvert le compte bancaire d’AlloMarcel, mon site de mise en relation entre particuliers et artisans du bâtiment, je n’ai pas fait attention aux frais de commission sur les opérations de virement. Aujourd’hui, je m’en mords les doigts.

En effet, ma banque facture 3,19 euros chacune de ces opérations. Or, c’est de cette façon que je paie tous les mois les artisans référencés sur ma plateforme. Il n’y a pas de transaction avec les particuliers : l’utilisateur règle directement sur le site par carte bancaire. A présent, je fais travailler des peintres, des cuisinistes, des électriciens, des plombiers, des serruriers, etc. Et ces frais supplémentaires commencent à peser lourd dans ma comptabilité depuis que mon activité a décollé.”

Avec Management