Un de mes jeunes amis m’a récemment confié que le pire manager qu’il ait jamais eu lui donnait toujours un feedback se résumant à « Tu fais un travail fantastique », alors que tous deux savaient qu’il n’en était rien – le désordre le plus total régnait dans l’entreprise, le turnover des employés était excessif et les clients mécontents. Mon ami faisait de son mieux, mais il avait besoin de plus de soutien et de retours sur son travail plus consistants. Il lui fallait un manager présent au moment opportun, capable de lui prodiguer de vrais conseils et non des platitudes. Ce qu’il a fini par me dire résume bien sa frustration : « J’aimerais cent fois mieux avoir un boss qui me crie dessus et dont les exigences sont complètement irréalistes que celui-ci dont les compliments sont creux. »

Cela fait des années que les chercheurs étudient les sorties de route des managers – autrement dit le côté obscur du management. Les principales caractéristiques d’un mauvais dirigeant sont bien connues et se rattachent à l’une des trois catégories suivantes : (1) des « comportements d’évitement » qui créent de la distance avec les autres par le biais de l’hyperémotivité, une communication restreinte et un scepticisme minant la confiance ; (2) des « comportements d’opposition » qui visent à se mettre en valeur en écrasant et en manipulant autrui ; (3) des « comportements d’appui » incluant une attitude servile, excessivement conformiste et un manque d’appétence pour la prise de risque ou le désir de soutenir son équipe. Les médias grand public regorgent d’exemples de piètres leaders au sein des gouvernements, du monde universitaire ou des entreprises dont les comportements se rattachent à l’une de ces trois catégories (lire aussi l’article : « Détestez-vous votre patron ? »).

Le management par l’absence, forme la plus commune d’incompétence

Cependant, le supérieur hiérarchique de mon ami ne se comportait ni ouvertement mal ni comme un sociopathe narcissique (lire aussi la chronique : « Pourquoi les individus innovants sont-ils aussi détestables ? »). Le problème était ailleurs et sans doute pire : du manager, cet homme n’en n’avait que le titre. Son rôle était de donner une direction à suivre, mais il s’en montrait incapable. Mon ami a ainsi fait l’expérience du « management par l’absence » et, malheureusement, il n’est pas le seul. Rares sont les ouvrages consacrés au business qui traitent de ce type de management, alors que les études indiquent que c’est la forme la plus commune d’incompétence dans ce domaine.

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