Dans les domaines de la santé, de la téléphonie mobile, de l’agriculture ou du développement durable, le continent sait être à pointe de la modernité lui aussi. On fait le point sur dix innovations africaines.
Malgré des moyens limités, l’Afrique a commencé à se faire une place dans le monde très confidentiel de l’innovation technologique. Pragmatiques, les entrepreneurs africains ont opté pour la résolution de problèmes locaux. De nombreux projets ont vu le jour dans l’agriculture, la santé, les transports ou l’énergie, et représentent un vrai gage d’avenir pour l’économie du continent. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons recensé 10 des innovations qui font bouger l’Afrique avant, peut-être, de partir à la conquête d’autres marchés.
La recharge solaire, “Mobile Kiosk Platform” (Rwanda)
La “Mobile Kiosk Platform” du Rwandais Henry Nyakarundi est une unité mobile de recharge électrique pour téléphones portables. Le procédé est simple : le jour, deux panneaux solaires (40W) chargent la batterie centrale ; la nuit ou par temps nuageux, elle peut être alimentée par le système de pédalage qui permet son déplacement. Ce kiosque mobile permet de recharger jusqu’à 16 téléphones en même temps pour un coût modeste (10 centimes de dollars).
Mlouma, la bourse agricole en ligne (Sénégal)
Avec la plateforme Mlouma, créée en 2012, le Sénégalais Aboubacar Sidy Sonko a décidé de bousculer le circuit de production agricole dans son pays. Bâtie sur le principe d’une bourse en ligne disponible via SMS, internet et call center, Mlouma offre aux producteurs la possibilité de communiquer avec des clients sur leurs produits en indiquant prix, quantités, lieux de production, etc. Ils peuvent également faire la mise à jour de leur stock en temps réel, consulter des offres et commander. des produits. À travers Mlouma, plus de 3 000 producteurs sont actuellement en relation avec des grossistes.
Saphonian, le convertisseur éolien sans pales (Tunisie)
Les innovateurs Hassine Labaied et Anis Aouini de Saphon Energy, une start-up tunisienne, ont développé une éolienne sans pales. Elle ne tourne pas sur elle-même mais utilise une technologie inspirée des voiliers pour créer une énergie rentable. Le vent est capté par un élément en forme de voile, lui imprimant un mouvement de va-et-vient en trois dimensions. La puissance du vent est d’abord convertie en énergie mécanique par des pistons, puis en énergie hydraulique et enfin en électricité. La turbine Saphonian a reçu un brevet international en mars 2013 et Saphon Energy est actuellement à la recherche d’une collaboration avec un fabricant industriel.
La décortiqueuse de fonio (Sénégal)
Sanoussi Diakite a développé une machine électro-thermique qui décortique cinq kilogrammes de fonio en seulement huit minutes. La machine, dont l’efficacité est de 99%, ne requiert qu’une puissance de 1,5 kilowatts, ce qui permet d’accroître le rendement du processus de plus de 65 pour cent. Une belle économie.
MPedigree, l’application mobile contre les faux médicaments (Ghana)
Le Ghanéen Bright Simons a lancé l’application MPedigree en 2007. Une solution mobile qui permet d’authentifier des médicaments et qui fédère les principaux opérateurs africains de téléphonie mobile, les industries pharmaceutiques et les instances gouvernementales de santé. Les utilisateurs envoient gratuitement par SMS le code inscrit sur le médicament qu’ils veulent acheter, afin que les serveurs de MPedigree le vérifient auprès des industries pharmaceutiques. Lauréat du 4e Forum NetExplorateur 2011, l’application est actuellement en cours de déploiement dans d’autres pays, tels que le Niger, la Tanzanie, le Kenya, le Nigeria ou l’Ouganda.
Twende Twende, l’application anti-bouchons (Kenya)
Twende Twende est une application mobile qui permet d’envoyer des messages aux conducteurs afin d’éviter les embouteillages dans Nairobi. Conçue par le laboratoire d’IBM Nairobi en 2013 et disponible sur Airtel et Safaricom, elle informe les usagers sur les conditions de circulation, tout en leur recommandant une route à prendre pour éviter un embouteillage. Elle fonde ses recommandations sur un système central qui utilise des algorithmes de reconnaissance d’image à partir des caméras de la ville. Un algorithme séparé permet de prédire la circulation sur les rues qui ne sont pas couvertes par la vidéosurveillance.
Le “Faso Soap” (Burkina Faso)
Deux étudiants de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) au Burkina Faso ont mis au point un savon qui repousse les moustiques par son odeur. Grâce à l’un de ses ingrédients, il tue aussi les larves des anophèles, empêchant leur prolifération dans les eaux stagnantes. Composé de citronnelle, de souci officinal, de karité et d’autres ingrédients restés secrets, le Faso Soap est un savon conçu pour être accessible à tous, produit à partir de ressources 100 % locales, et permettant de protéger ses utilisateurs du paludisme.
Le kit de test anti-paludisme (Afrique du Sud)
Le test “pf/PAN” (pLDH) est un kit de diagnostic médical rapide (20 minutes) qui détecte toutes les souches de paludisme présent dans un échantillon de sang prélevé à l’aide d’une lancette. Il indique également en moins de 30 minutes si le traitement fourni est efficace. Créé par Ashley Uys, ce kit est l’un des neuf à avoir été développés dans le monde entier. Mais c’est le seul test de ce type à être entièrement détenu par une société africaine.
Musber, navigation pour déficients visuels (Égypte)
Musber est un outil de navigation destiné aux personnes ayant une déficience visuelle. Le produit est une ceinture équipée d’un casque Bluetooth. Un équipement qui permet de guider les personnes non-voyantes dans leurs déplacements. Musber a été conçu en collaboration par Khaled Shadi, 22 ans, étudiant, et un groupe d’étudiants ingénieurs de l’université de Menoufia, à 75 kilomètres du Caire, en Égypte.
Cardiopad, l’examen à distance (Cameroun)
Le Cameroun ne recense que 30 cardiologues pour 20 millions d’habitants. Le cardiopad a été créé pour compenser ce manque. Il s’agit d’une tablette à écran tactile qui permet de faire des examens de type électrocardiogramme à distance, dans des zones rurales éloignées par exemple. Les résultats sont alors transférés par une connexion sans fil à un spécialiste qui les analyse. Après avoir développé le Cardiopad, Arthur Zang a reçu une aide de 30 000 dollars de la part du gouvernement. Cela a permis au jeune ingénieur de créer Himore Medical, une petite entreprise qui emploie cinq personnes et dont la mission est de concevoir des appareils médicaux.
Source : Jeune Afrique